FMJ MtlMercredi, 1ère Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 S 3, 1-10.19-20 ; Ps 39 ; Mc 1, 29-39
13 janvier 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Voici, je viens !

La rencontre avec Jésus est quelque chose d’unique,
de bouleversant, d’extraordinaire.
Et c’est ce que Pierre et ses compagnons viennent de vivre
depuis que Jésus les a appelés au bord du lac.

La journée d’hier a été bouleversante
avec cette foule massée à la porte de la maison
et les guérisons, les délivrances sans nombre.

Mais au petit matin, Jésus n’est plus là.
Avant le lever du jour il a quitté Capharnaüm,
et tous le cherchent.
Tous veulent goûter encore sa présence
et vivre les miracles qu’il accomplit.

Tous veulent qu’il revienne sans tarder à Capharnaüm
pour vivre encore la même expérience qu’hier.
Pierre se fait ainsi le porte-parole de tous
quand il finit ainsi par trouver Jésus
qui prie silencieusement dans un endroit désert :
« Tout le monde te cherche ! » (Mc 1,27)

Frères et sœurs, la réponse de Jésus est déconcertante.
Tout le monde me cherche ?
Alors allons ailleurs, dans les villages voisins ! (Mc 1, 38)

Pourquoi ?
Parce que si Jésus est sorti d’auprès du Père (Jn 16,28)
c’est pour proclamer l’Évangile à tous !
Il n’y a aucune exclusive dans le cœur de Jésus.

*

Les apôtres ce matin ont donc à vivre un nouveau départ.
Jusque là ils suivaient Jésus,
c’est-à-dire qu’ils étaient devenus ses disciples
mais en restant dans leur village, dans leur terre.
Aujourd’hui, ils découvrent que suivre Jésus
cela veut dire prendre la route,
aller de ville en ville,
renoncer à la sécurité et au confort d’un village…

Pierre et ses compagnons ont-ils d’emblée
consenti à prendre la route ?
Marc laisse ici comme un inconnu.
Il nous est dit que Jésus s’en alla
à travers toute la Galilée… (Mc 1,39).
L’ont-ils suivi dès ce moment ?

*

Et nous frères et sœurs,
nous qui venons de faire en ce temps de Noël
une nouvelle rencontre de Jésus,
sommes-nous prêts à prendre la route ?

Toute rencontre de Jésus mène à un nouveau départ.
On ne peut le rencontrer sans être appelés à nous quitter,
sans être appelés à aller plus loin
dans l’amour du Père et dans l’amour de tous.

Aujourd’hui Jésus nous appelle
à nous laisser mener par Lui
là où il veut porter l’Évangile avec nous !

Une mystique italienne comprit des paroles de Jésus
qu’un chrétien encore adolescent est celui
qui met lui-même sa ceinture et va là où il veut,
tandis qu’un chrétien adulte est celui qui étend les mains,
et se laisse ceindre et mener là
où il ne voudrait pas aller ! (cf. Jn 21,18)

Suivre Jésus, cela nous demande
une grande souplesse,
une grande disponibilité.
Les renards ont des tanières,
les oiseaux du ciel ont des nids,
mais le Fils de l’Homme
n’a pas de pierre où reposer la tête,
et il nous appelle à devenir libres
de nos tanières et de nos nids.
Jésus est né pour nous faire prendre la route !
Jésus est né pour nous appeler sur une route nouvelle.
Mais cela n’entre dans nos cœurs
que si nous commençons à croire qu’effectivement
nous sommes appelés par lui personnellement.
Regardez Samuel et Élie dans la première Lecture de ce jour.
Ni l’un ni l’autre n’avait compris
que Dieu appelait Samuel personnellement.
Et nous, avons-nous compris que Dieu nous appelle
de manière très personnelle ?

On peut passer sa vie à penser que l’appel de Dieu
est quelque chose d’un peu irréel,
à la limite entre l’imaginaire et la réalité.
Or, il n’y a rien de plus réel que l’appel de Dieu.
Aujourd’hui il m’appelle, il nous appelle !
Et nous pouvons lui répondre :
Seigneur, tu ne veux ni offrande ni sacrifice
tu ne veux pas quelque chose d’extérieur à moi-même.
Alors j’ai dit : voici, je viens
avec ma vie, avec mon corps,
avec tout ce que je suis
pour faire ô Dieu ta volonté (cf. Ps 39(40) 7-9).
Avec Jésus je laisse le Capharnaüm que je connais bien
pour prendre la route,
la route de la charité qui passe par Haïti ,
la route de l’annonce de l’Évangile,
parce que c’est pour cela que tu m’as choisi.

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[1] Haïti a été frappé d’un tremblement de terre d’une force de 7.0 mardi le 12 janvier 2010. On compte des milliers de morts (170,000) et de blessés par milliers, sans parler des milliers d’orphelins. Sa capitale, Port-au-Prince est presque totalement détruite.