Bienheureux Frère André – C
Fondateur de l’Oratoire St-Joseph du Mont-Royal
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 4, 11-18 ; Ps 71 ; Mc 6, 45-52
6 janvier 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Il doit être vraiment beau !

« Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre
parce que tu caches ces choses à des grands,
à des savants, à des penseurs,…
et que tu les révèles à des Alfred Bessette ! » (cf. Mt 11,25)

C’est le bon vouloir du Père.
C’est son choix.

Qu’est-ce que le Père révèle ainsi à des petits ?

Il leur révèle le Royaume caché
en la Personne de Jésus.

La proximité du Royaume proclamée par Jésus,
la proximité du Royaume en Jésus,
ce sont des petits qui la comprennent et qui en vivent.

Le Royaume, le Règne de l’amour de Dieu est là
à portée de main,
à portée de cœur,
à portée de prière,
mais ce sont des petits qui le découvrent
parce que le Père le leur révèle.

Ils découvrent le Royaume en Jésus
tellement homme,
tellement semblable à nous,
en Jésus éprouvé, souffrant et crucifié,
et là, ils y puisent une vie toute nouvelle.

C’est vraiment cela qu’a vécu Alfred Bessette.
En connaissant sa propre fragilité
et en côtoyant jour après jour la maladie et les épreuves
de tous ceux qui venaient à lui,
son cœur s’est ouvert à cette révélation du Père,
au Royaume de l’amour qui jaillit exactement là
dans le mystère de la Croix.

Frère André a été d’abord
un grand familier du mystère de la Croix.
Il ne l’a pas découvert dans les livres de théologie
mais dans le livre saint de la souffrance des hommes.

À la mesure de cette plongée dans la croix de Jésus
s’est approfondi et intensifié sa prière d’intercession
pour tous les souffrants.
Prière si souvent cachée au pied du crucifix
ou devant le Saint Sacrement.

Frère André n’est pas un homme de miracles,
mais un homme de prière.
Et la prière permet au Royaume de se diffuser
dans les âmes et les corps
en une multitude de miracles
comme celui dont le Pape
vient de reconnaître l’authenticité.

Frère André priait
mais il ne priait pas seul.
Il priait tout particulièrement avec Saint Joseph.
Un homme, comme lui ;
un travailleur, comme lui ;
un serviteur de l’Incarnation,
comme lui le devenait ;
un père, comme il le devenait ;
un homme éminemment discret, comme lui ;
un croyant éprouvé, comme lui.

Quelle belle amitié s’est ainsi tissée
entre Joseph de Nazareth et André du Mont-Royal.
Une amitié qui ne pouvait que déborder,
rayonner, porter fruit,
car c’est le propre de l’amitié
que de servir la joie des autres.

Joseph soutenait André,
André faisait découvrir et aimer Joseph,
et ensemble ils ont mené des foules
à Celui dont ils vivaient et dont ils vivent : Jésus !
Frères et sœurs, quelle belle figure
que celle du bienheureux frère André !
Sa sainteté ce n’est pas d’avoir eu beaucoup de dons,
mais d’exercer les dons qu’il avait reçus,
comme tous nous en avons reçus !

Sa simplicité, sa foi, lui ont permis
de laisser le Royaume déborder
de son cœur et de sa vie !

Chacun selon la grâce reçue,
mettez-vous au service les uns des autres
comme de bons intendants
d’une multiple grâce de Dieu (1 Pi 4,10).
Voilà ce qu’a vécu Alfred Bessette
et que nous sommes tous appelés à vivre :
ne négliger aucun des dons que nous avons reçus,
mais au contraire les déployer généreusement.

Dans quel sens ?
Dans le sens de ce que Jésus nous commande,
de son commandement, de son joug bienfaisant
qui est l’Amour.
Jésus nous le dit aujourd’hui :
Venez à moi, vous qui ployez
sous des milliers de commandements
que vous vous êtes forgés chacun.
Je ne vous donne qu’un commandement :
Aimez !

Frères et sœurs, c’est cela qui brille dans la vie des saints :
une lumineuse simplicité
parce qu’ils ont compris
qu’il n’y a qu’une chose à faire, à vivre : aimer !
Et frère André ne cherchait pas ailleurs.
Aimer, aimer, aimer…

C’est pour cela que Dieu nous a créés.
C’est cela notre beauté !
À un confrère sur son lit de mort,
frère André dit un jour :
« Dieu est bon !
Comme il est beau et puissant !
Il doit être vraiment beau puisque l’âme
qui n’est qu’un reflet de sa beauté
est tellement belle ! »
Frères et sœurs,
frère André nous le chuchote ce soir :
ton âme est belle !

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