ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ap 11, 19a; 12, 1-6a.10ab ; Ps 44 ; 1 Co 15, 20-27 ; Lc 1, 39-56
15 août 2010
Notre-Dame de Bellevue, Québec

Une Femme !

Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme !
le soleil l’enveloppe,
la lune est sous ses pieds
et douze étoiles couronnent sa tête (Ap 12,1).

Voilà ce qu’il a été donné à Jean de voir, de contempler,
un dimanche, en pleine période de persécutions.

Une femme véritablement glorieuse, une reine même.
Elle n’a rien de moins que le soleil pour vêtement,
la lune pour marchepied,
les étoiles pour couronne royale !

Une Reine dans la gloire,
qui partage la gloire du Roi, du Christ
aux pieds duquel tout a été placé.

*

En même temps, elle est cette Femme enceinte
qui enfante dans le monde,
cette femme grâce à laquelle le Roi entre dans le monde.
Et cela se fait dans la douleur.
Cette Femme est menacée,
puis pourchassée,
puis persécutée
et elle doit se cacher au désert.
Mais elle n’est pas anéantie :
elle bénéficie d’une grâce qui la protège.

*

Frères et sœurs, comment peut-on être à la fois Reine glorieuse
qui siège avec le Christ à la droite de Dieu
et Mère douloureuse et persécutée
qui enfante le Christ dans le monde ?
Ce n’est pas « ou » mais « et ».

Jean a vu cela.
Il ne l’a pas élaboré dans sa tête.
Et nous, avec lui, nous regardons cela.
Qu’est-ce que cela nous enseigne ?

La Femme que tu vois moquée, insultée, calomniée ici-bas,
est en train d’enfanter le Christ
dans le monde d’aujourd’hui,
dans le XXIe siècle
séduit par la technologie et par l’humanisme athées
et sombrant dans la dépression.

Et elle est glorieuse.
Tu ne le vois pas avec les yeux de la chair
mais la foi le voit !
Elle partage déjà la gloire du Christ.
Elle est sa fierté, elle est sa gloire !

Quelle extraordinaire invitation à regarder l’histoire avec la foi
et de reconnaître cette Femme qui est l’Église.

Tu la vois conspuée dans les médias.
Toi-même tu lui es infidèle et tu la blesses par tes lâchetés.
Mais elle est aussi cette Femme glorieuse
qui règne dans l’Amour.

C’est important de bien contempler ce texte
parce que nous voyons
qu’aussi nombreux et violents
que soient les assauts qui l’attaquent,
l’Église ici-bas ne peut être anéantie.
Ses enfants peuvent être mis à mort,
mais l’Église elle-même ne peut pas…
elle est la plénitude du Ressuscité !

*

Et Marie ?
Tout ce que je viens de dire de l’Église,
je le dis de Marie !
Tout le mystère de l’Église
se retrouve personnellement en Marie !
Parce que Marie n’accueille pas
un petit morceau de la plénitude du Christ :
elle l’accueille pleinement.
Elle avait d’emblée le désir de l’accueillir pleinement.
Elle l’a fait peu à peu
comme son humanité en cheminant le lui permettait,
et aujourd’hui, elle l’accueille pleinement.
Elle est devenue ce que l’ange lui avait dit qu’elle était :
la pleine de grâce.
Elle est la première Église !
La première à réaliser en soi le Mystère de l’Église.

Alors elle est reine !
Elle accueille et partage toute la royauté du Christ.
Elle est reine du Ciel, de la Terre, des anges,
Regina monachorum.
Reine…
cela veut dire servante,
cela veut dire proche,
cela veut dire : qui se perd dans l’Amour.

Et elle est la Femme douloureuse
qui enfante le Christ sur la Terre.
Elle est la Femme pourchassée, méprisée.

Dans chaque combat de l’Église,
Marie est présente et compatissante.

Mieux que nous Marie sait que les « combats de l’Église »
sont des combats d’enfantement
combat pour la vie, pour la dignité de toute personne humaine
combat pour que la finance n’étouffe pas l’humanité
mais surtout le combat de l’annonce de la Bonne Nouvelle :
ce grand combat spirituel qui traverse l’histoire
et qui passe par les combats spirituels de notre quotidien.

Nos bons combats sont le combat de l’Église.
Nos bons combats sont des combats d’enfantement.
Et Marie y est présente, compatissante et combattante.

Parce que tu es l’Église, tu combats,
mais tu es déjà assis avec le Christ à la droite de Dieu !

Tu es déjà revêtu du soleil.
Tu as déjà la lune sous tes pieds
et tu es déjà couronné.

Crois-tu cela ?
Je te dis que si tu crois,
tu verras la gloire de Dieu.
Ce que tu vois dans la foi aujourd’hui,
tu le verras éternellement dans la lumière
quand viendra ton Jour.

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