17e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 18, 20-32 ; Ps 137 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13
25 juillet 2010
Cathédrale St-Germain, Rimouski

Retrouver le cap !

Au terme de cette année
où nous avons eu tellement de tempêtes médiatiques.
comme de bons marins, il nous faut sans tarder retrouver le cap.
Et c’est la Parole de Dieu qui nous redonne le cap !

Saint Paul, aujourd’hui,
nous offre des paroles d’une vigueur extraordinaire.

Il nous fait comprendre que, parce que nous sommes baptisés,
la mort, comme fin ténébreuse,
où l’on échoue dans le néant,
où l’on meurt dans le péché,
est derrière nous !

Oui, quand Jésus est mort, il est mort pour nous ;
il a pris notre place, ma place, dans la mort sans Dieu.
Paul le dit très concrètement :
avec le Christ, vous avez été mis au tombeau
et avec lui, vous avez été ressuscités. (cf. Col 2,12)

Bien sûr nous sommes en proie à toutes sortes de luttes :
luttes de santé, luttes morales, spirituelles
et nous connaîtrons le passage de la mort;
mais désormais, c’est une mort vers Dieu !
Et la Résurrection nous appartient déjà !

Je vous le proclame avec d’autant plus de joie
que c’est cela qui m’a fait plonger dans la vie monastique
il y a 20 ans.

La foi en la Résurrection,
l’essayer, c’est l’adopter !
Offrez-vous à Dieu
comme des vivants revenus de la mort (Rm 6,13).
proclame Paul !
En France, comme il y a le Salon de l’auto,
le Salon de l’agriculture, le Salon du meuble,
on prépare maintenant un « Salon de la mort » !!
Eh bien, l’Église, c’est le Salon de la Résurrection !
Notre vie en Église,
c’est une plongée toujours renouvelée dans la Résurrection.
Chaque Messe est une injection de Résurrection.

En sortant de la messe chaque dimanche,
pleins de la vie de la Résurrection,
nous ferons mentir Nietzsche
qui disait que les chrétiens n’ont pas des visages de ressuscités.

Voilà la grâce de notre baptême !

*

Paul nous dit qu’il y a une condition qui rend tout cela réel :
la foi en la force de Dieu
qui a ressuscité le Christ d’entre les morts. (cf. Col 2,12)

La foi nous ouvre à la Résurrection.
La foi qui est certitude et confiance !

La foi n’est pas une opinion
mais une certitude qui se fonde sur notre conscience,
sur la Révélation
et sur l’enseignement de l’Église.
C’est du solide : « Amen » disons-nous !

Et c’est une confiance folle en Dieu.

Eh bien, la foi
c’est laisser venir en nous et entrer en nous
le don de Dieu, la Résurrection,
le don gratuit, le don de miséricorde.
Je n’ai pas mérité cette vie du Ressuscité.
Je n’y ai aucun droit par moi-même.
Mais il nous a pardonné toutes vos fautes.
Incroyable initiative de Dieu !

Paul parle de la dette de notre péché,
de notre condamnation (cf. Col 2,14)
parce que nous sommes injustes,
profondément injustes en face de l’Amour de Dieu.
Or, cette condamnation, elle n’existe plus.
Cette dette, Dieu l’a clouée au bois de la Croix. (id.)

Certes, nous avons tendance à la réécrire,
c’est-à-dire à nous juger, à nous condamner
mais Dieu, lui, l’a clouée au bois de la croix.
Jésus a pris sur lui tous nos péchés.

Nous sommes de grands pécheurs,
mais l’Amour de Dieu continue
et continuera toujours à nous précéder.
L’Amour de Dieu n’a pas seulement « le dernier mot » :
il a le premier mot.

Au début de notre Livre de Vie, nous lisons :
« Accueille de tout on être
l’amour que Dieu te porte le premier » (p. 13) .
Avant le célibat consacré,
avant la pauvreté, l’obéissance et toutes formes de discipline,
quel est notre premier devoir de consacré ?
C’est bien cela : accueillir l’amour
que Dieu nous porte le premier !

*

Nous en venons alors à l’Évangile.
Cet Amour du Père, Jésus nous dit aujourd’hui qu’il faut y puiser.

Le thème de la campagne de financement du Diocèse de Montréal
il y a quelques années était :
« Appels entrants illimités ».
Oui, il n’y a pas de limite à l’Amour de Dieu.
Il accueille gratuitement tous nos appels et Il répond !
Jésus qui connaît le Père nous le dit aujourd’hui :
Demandez et vous recevrez (Lc 11, 9).

Pourquoi Jésus prend la peine de nous donner cette parabole :
celle de l’homme qui frappe en pleine nuit chez son ami,
de cet homme sans gène qui n’avait nulle raison
pour oser frapper à cette porte mais qui l’a fait.
Pourquoi ?

Parce que nous avons toujours mille raisons
de ne pas frapper à la porte du bon Dieu.
« Je ne vais pas lui demander
parce que si je ne suis pas exaucé,
ça va mettre ma foi en crise
et je ne veux pas de cela !
Alors je préfère ne pas demander. »

Non !
Jésus qui connaît le Père nous le dit :
Demandez !
Ayez du sans gène !
Même de nuit, demandez, frappez, cherchez.

*

Qu’est-ce que nous allons demander au Père ?
Je demande – avec vous si vous le voulez –
des prêtres pour le diocèse de Rimouski !

Mais si nous demandons cela,
il faut aussi demander pour tous les baptisés,
un désir vrai et sincère d’avoir des prêtres.

Car beaucoup désirent une Église sans autorité,
sans obéissance, sans pasteurs ;
une Église molle, une Église qui plaise,
qui devient une Église qui n’a rien à dire,
une Église qu’on finit par déserter.

Non ! Seigneur fais que l’Église soit ce qu’elle est :
non pas un pantin tout mou,
mais le Corps du Christ obéissant au Père.
Alors elle sera attirante et même séduisante.

En d’autres termes, une Église conduite par l’Esprit-Saint
qui toujours la remet debout et la rend belle !

*

Là, il y a dans l’Évangile une Bonne Nouvelle :
le Père donnera l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent.

Voilà le grand don à demander.
Tout l’enseignement de Jésus
sur la prière dans l’Évangile de Luc converge là !

C’est pas tout d’avoir retrouvé le cap,
il faut se mettre dans le vent,
orienter notre vie pour que le vent puisse nous faire avancer.
Si vous êtes là ce matin,
c’est parce que il y a en vous une ouverture à l’Esprit :
c’est magnifique !
Mais demandons ensemble au Père de nous faire un ‘spécial’,
de nous montrer ce qui dans notre vie nous détourne de l’Esprit,
pour que nous nous en débarrassions,
et surtout de renouveler en nous le don de l’Esprit-Saint.

Vous connaissez la grande invocation du prophète Ézéchiel :
« Viens Esprit des quatre vents » (Éz 37,9).
Nous, aujourd’hui, nous disons :

Viens Esprit, du Cœur du Christ !
Viens par cette Eucharistie
sur tous les baptisés de Rimouski.
Nous te demandons une nouvelle Pentecôte
avec de saints prêtres qui reflètent comme Jésus
la paternité de Dieu
et de saints baptisés qui, comme Jésus et en Lui,
offrent leur vie et le monde entier au Père.
Amen.

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