FMJ Mtl23e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Antoine-Emmanuel
Éz 33, 7-9 ; Ps 94 ; Rm 13, 8-10 ; Mt 18, 15-20
4 septembre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

En route vers la source

« Là où deux ou trois se rassemblent en mon nom,
Je suis là au milieu d’eux. » (Mt 18,20)

Ce matin, nous nous sommes rassemblés au nom de Jésus,
à cause de Jésus,
et pour cette raison, Jésus est là au milieu de nous,
au milieu de nous dans la communauté que nous formons.

Il est là.
Tu es là, Jésus.
Et nous pouvons goûter Sa présence,
goûter la joie de nous voir ainsi accompagnés, aimés, honorés.
Sa présence nous met en confiance.
Le Seigneur est ma lumière et mon salut, et Il est là.
De qui aurai-je crainte ? (Ps 26,1)

Le Père Lui-même, le premier,
aime cette présence de Jésus au milieu de nous.
Il voit et aime Jésus en nous et au milieu de nous.
Il L’aime et Il L’exauce :
« Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre
pour demander quoi que ce soit [au Père],
cela leur sera donné » (Mt 18,19).

Alors qu’allons-nous demander au Père ?
Nous pouvons, si vous le voulez, Lui demander
de nous conduire en Lui, en Dieu,
de nous conduire à la Source,
de nous conduire dans l’Amour.
Que cette année, chacun de nous
trouve la Source et y boive,
et entre ainsi dans l’Amour véritable.

« La Source a soif d’être bue… » (St Augustin)
Que le Père éveille en chacun de nous
une nouvelle soif de Dieu, une nouvelle soif d’aimer.
Nous allons cheminer ensemble vers la Source,
et cet été un événement très significatif a eu lieu
qui peut être un formidable point de départ pour nous.
Au cours de la veillée des Journées Mondiales de la Jeunesse,
entre deux bourrasques,
le Pape a posé un geste très audacieux :
il a consacré les centaines de milliers de jeunes présents
au Cœur du Christ.
Voici ce qu’il a demandé à Jésus :

Seigneur Jésus-Christ,
Frère, Ami et Rédempteur de l’homme,
regarde avec amour les jeunes ici réunis
et ouvre pour eux la source éternelle de Ta miséricorde
qui jaillit de Ton Cœur ouvert sur la Croix.
Dociles à Ton appel,
ils sont venus pour être avec Toi et T’adorer.
Avec une ardente prière,
je les consacre à Ton Cœur pour que,
enracinés et fondés en Toi,
ils soient toujours Tiens, dans la vie et dans la mort.
Que jamais ils ne s’écartent de Toi !
Donne leur un cœur semblable au Tien, doux et humble,
pour qu’ils écoutent toujours Ta voix et Tes commandements,
qu’ils accomplissent Ta volonté
et qu’ils soient au milieu du monde louange de Ta gloire,
afin que les hommes, considérant leurs œuvres,
rendent gloire au Père avec lequel Tu vis,
heureux pour toujours,
dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

Frères et sœurs, je vous invite avec vos mots,
à vous consacrer au Cœur du Christ,
à son Cœur eucharistique.

Jésus, je me consacre à ton Cœur eucharistique.
À ton Cœur, je consacre mes forces et mes faiblesses.
À ton Cœur je consacre mes journées et mes nuits,
ma santé et ma maladie,
mes amitiés et ma solitude,
mes joies et mes fardeaux.
Je renonce à ma quête de confort et d’honneurs.
Je désire verser tout mon être dans le trésor de ton Cœur
comme je désire recevoir de Toi, de ton Cœur,
les flots d’Amour sans lesquels
je ne suis que sécheresse et aridité.
Le Cœur de Jésus
est la seule source intarissable d’Amour sur la Terre !
C’est en Lui que nous pouvons aimer,
et c’est bien à aimer en vérité que la Parole de Dieu
nous invite ce dimanche.

Commençons avec l’apôtre Paul.
Dans le chapitre 13 de l’Épître aux romains,
il invite les chrétiens à être justes, à être soumis aux autorités,
à ne pas tricher :
« Rendez à tous ce qui leur est dû :
à qui l’impôt est dû, payez l’impôt ;
à qui la taxe est due, payez la taxe ;
à qui la crainte est due, la crainte,
à qui le respect, le respect » (Rm 13,7).

Ce que tu dois, règle-le !
Leçon bien concrète :
si tu dois de l’argent à quelqu’un, rembourse-le ;
si tu as accaparé une part d’héritage qui ne te revient pas,
restitue-la ;
si tu dois rendre un objet, fais-le…

Et Paul continue avec une expression énigmatique :
« N’ayez aucune dette envers qui que ce soit,
sinon celle de l’amour mutuel » (Rm 1,38).

Il y a une seule dette que tu peux et dois garder :
celle de l’amour mutuel.
De quoi s’agit-il ?
Qu’est-ce que je vous dois ?
Qu’est-ce qui vous appartient
et que j’aurai toujours à vous donner ?
Moi-même !

Pour rester dans le langage financier,
l’amour fraternel n’est pas une contribution volontaire :
il est une dette !
Une dette qui ne sera jamais réglée,
qui reste toujours à payer !

Cela est difficile à comprendre pour nous.
En dehors de la lumière de la Croix,
du Cœur transpercé de Jésus,
c’est même incompréhensible.
Mais si nous réalisons que nous avons été,
et que nous sommes,
l’objet d’un amour infini
qui nous a enlevés à la mort et nous a sauvés,
alors c’est clair, c’est évident,
que notre vie ne peut qu’être donnée aux autres, constamment.

Nous ne nous appartenons plus.
Le Seigneur en mourant pour nous
nous a donnés les uns aux autres,
et nous donne, par son Cœur,
la capacité de vivre ce don,
de payer cette dette continuelle.

En puisant dans le Cœur de Jésus,
nous pouvons aimer,
et nous pouvons en particulier être attentifs
au plus petit, au plus pauvre, au plus perdu de nos frères et sœurs.
Relisez le chapitre 18 de l’Évangile de Matthieu
vous verrez combien Jésus nous demande
une attention toute particulière
pour ne pas scandaliser les plus fragiles,
pour aller à la recherche des plus égarés,
pour prendre soin des plus désorientés
et pour pardonner aux plus blessants de nos frères et sœurs.

Voilà bien le concret de la dette de l’amour fraternel.
La première personne vis-à-vis de qui je suis endetté,
à qui je dois donner ma vie,
c’est la plus fragile, la plus égarée,
la plus désorientée et la plus blessante.

Mais ce n’est pas un défi impossible
car c’est exactement pour ces personnes-là
que Jésus va mettre en moi
un amour particulier.
Si nous sommes effectivement greffés sur son Cœur,
nous serons capables de cet amour de compassion
qui s’exprime notamment dans la correction fraternelle.

Frères et sœurs, en route !
En route vers ce plus d’amour.
En route vers la Source.
Le Seigneur va nous surprendre.
Qu’il en soit béni !

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