FMJ MtlMercredi, 23e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Col 3, 1-11 ; Ps 144 ; Lc 6, 20-26
7 septembre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Les Béatitudes : une hymne à la tendresse du Père

Dans la précarité de notre condition humaine,
beaucoup de choses sont instables,
mais une chose est bien certaine,
celle que Jésus nous révèle aujourd’hui :
aux pauvres est donné le Règne de Dieu.
Les affamés seront rassasiés ;
ceux qui pleurent riront ;
les persécutés à cause de Jésus
recevront une grande récompense dans le Ciel.

Aujourd’hui le Règne.
Demain la Récompense.

Mais, frères et sœurs, tout cela ne peut pas être
une sorte de destin froid et anonyme :
l’Évangile ne va jamais dans ce sens.

Qui donc donne aujourd’hui aux pauvres
la joie du Règne de Dieu ?
Qui donc donnera demain aux affamés,
et aux persécutés,
la joie de la Récompense ?

Qui donc est si attentif aux petits,
si compatissant et si aimant ?

Les Béatitudes ne sont-elles pas une Hymne
à la tendresse du Père ?

Le Père Lui-même donne aux pauvres le Royaume :
Il les mène dans le Royaume de son Fils bien-aimé
en qui [ils ont] la rédemption,
la rémission des péchés. (cf. Col 1, 13-14)

Le Père Lui-même nourrira les affamés.
Le Père sait ce dont ils ont besoin.
« Cherchez d’abord son Royaume et sa justice
et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6,33).

Le Père Lui-même consolera les affligés.
Il est le Père des miséricordes
et le Dieu de toute consolation
qui nous console dans toutes nos tribulations (2 Co 1,3-4).

Le Père Lui-même donnera la Récompense
à tous ceux qui auront souffert
pour leur fidélité à l’Évangile de Jésus.
« Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Lc 6,27).
dira bientôt Jésus, et il conclura :
« Votre récompense alors sera grande
et vous serez les fils du Très-Haut » (v. 35).

Toutes les Béatitudes nous parlent de la fidélité
et de la tendresse du Père.

Et les annonces de malheurs pour les riches,
les repus, les satisfaits et les bien-vus ?
Malheureux sont-ils,
malheureux sommes-nous,
quand nous sommes gonflés
et repus des choses de ce monde
parce que nous fermons notre cœur à la tendresse du Père

*

Il nous faut ici contempler le cœur et le regard de Jésus
qui voit la souffrance, l’indigence des plus petits
et qui leur partage sa propre expérience du Père
et sa propre espérance inébranlable dans le Père.

Il est le plus pauvre de cœur,
le plus affamé de justice,
le plus doux et le plus pur de cœur.
Il est et sera dans sa Passion le plus affligé.
Mais dans cette pauvreté qui deviendra un abîme d’indigence,
Il goûte et Il espère éternellement la tendresse du Père
qui ne cesse de Le combler.
En son humanité, en sa pauvreté,
Jésus a plus que tous espéré contre toute espérance. (cf. Rm 4,18)

Il y a un moment, un geste de la vie de Jésus
qui dit cela très explicitement :
alors même que tout, absolument tout,
annonçait l’échec, la trahison, le complot, la souffrance,
la mort et la malédiction,
Jésus prit du pain et rendit grâce…

Il rendit grâce au Père pour la Résurrection à venir.
Il rendit grâce comme s’il voyait l’Invisible (Hé 11,27)
sûr que le Père donne le Royaume aux pauvres
et la Récompense aux affligés.

Il y a entre l’Eucharistie et les Béatitudes
un lien indéfectible.
En chaque Eucharistie, comme ce soir,
nous redisons notre oui aux béatitudes :
nous sommes heureux,
heureux avec Jésus,
à cause du Père.
Nous communions à la joie de Jésus
parce qu’à notre pauvreté est donné le Royaume ;
le Royaume qui est tout entier dans la personne de Jésus.

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