FMJ MtlVendredi, 22e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Col 1, 15-20 ; Ps 99 ; Lc 5, 33-39
2 septembre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Compagnons d’épousailles

Il y a un monde fou aujourd’hui dans la maison
du collecteur d’impôts Lévi, à Capharnaüm.
Une foule nombreuse venue s’étendre à table 
pour un grand festin (Lc 5,29).
On imagine les plats abondants, à l’oriental,
le vin, la musique.

Tout cela sous l’œil agacé, et même scandalisé
des religieux de l’époque, pharisiens et scribes.

Pour leur faire comprendre le sens de ce banquet
de pêcheurs et de taxateurs,
Jésus emploie d’abord l’image du médecin
qui vient prendre soin de ceux qui vont mal. (v. 31)
Il est Lui, le médecin, venu soigner les mal portants,
c’est-à-dire, venus les appeler à la conversion.

Mais Jésus va plus loin, avec une deuxième image.
Ce repas, ce festin de gens aux mœurs douteuses,
c’est en réalité un festin de noces.
Jésus tente d’ouvrir les yeux des pharisiens
à ce qu’ils ne voyaient absolument pas : c’est une noce.

Les pharisiens regardent le festin de l’extérieur,
en jaugeant, en jugeant les mœurs des uns et des autres.
Jésus regarde cette scène à partir de son propre cœur,
à partir de la mission que le Père Lui confie.
Dans ce regard, ce festin est un festin de noces.
Jésus n’est pas seulement le médecin qui passe chez un malade,
il est l’Époux qui épouse cette humanité magannée et malheureuse.
Il se lie pour toujours.
Il se donne.
Il se livre et la nuit de noces est proche,
la nuit de la croix où sera consommée
cette union déconcertante entre le Saint de Dieu
et l’humanité dégoulinante de péché et d’impiété.
Les pharisiens voyaient des lois enfreintes,
des préceptes bafoués…
La réalité, c’est l’amour fou de Dieu
qui vient se déverser chez les pécheurs de Capharnaüm
qui ne mesurent certainement pas
la splendeur de ce festin.
Dieu cache le feu de son Amour
dans des gestes bien humains…
Il faut être attentif au langage de son Amour
qui s’exprime dans le plus quotidien !

Le festin est donc festin de noces.
Et qui sont les apôtres,
qui sont les disciples de Jésus,
qui sommes-nous ?
Littéralement les « fils de la noce »,
c’est-à-dire ceux qui appartiennent très spécialement aux noces,
un peu comme les garçons d’honneur
et les témoins d’un mariage de nos jours.
Ils sont, nous sommes, les « compagnons d’épousailles »,
c’est-à-dire ceux et celles qui sont au service de la joie des noces.
Leur joie ne vient pas d’eux-mêmes :
elle vient de l’Époux,
elle vient des noces.
Et de cette joie, ils sont les serviteurs.

Voilà bien notre mission :
être les serviteurs de la rencontre amoureuse
que beaucoup d’hommes et de femmes
vont faire cette année avec Jésus.
Les serviteurs de la fête qui est le Pardon.
Les serviteurs de la vie nouvelle qui vient des noces.
La salle des noces, c’est Montréal, c’est notre ville.
Jésus est là qui Se donne, qui Se lève,
et nous allons tout faire pour que Montréal entre dans les noces,
pour que la vie déborde.

Quelle belle mission nous portons
en communion avec toute l’Église, avec tous les chrétiens :
nous laisser épouser dans notre misère,
et servir les épousailles de beaucoup d’autres citoyens.

Et Jésus nous recommande là une attitude de fond :
celle d’un oui qui soit oui.
De fait, il y a deux réalités qui sont importantes
pour qu’un mariage soit réussi :
le vêtement de noces et le vin de noces.
Notre tendance est de dire oui au vêtement nouveau
qui est l’évangile de la grâce
et oui au vin nouveau qui est l’Esprit.
… oui … oui …, mais…
Oui, mais je garde quand même le vieux vêtement de mes mérites
et les vieilles outres de mon ambition de me sauver moi-même.
Et c’est ainsi que le vêtement se déchire
et le vin nouveau se perd.

Frères et sœurs, que notre oui soit oui !
Oui Seigneur je veux Te laisser épouser ma vie,
je veux Te laisser la transformer.
Garde-moi de mes calculs et de mes demi-mesures.
Viens dire oui en moi,
Toi qui n’est que oui !

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