FMJ MtlVendredi, 3e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
2 S 11, 1-10.13-17 ; Ps 50 ; Mc 4, 26-34
29 janvier 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Sous la neige il y a du pain

À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ?

Le règne de Dieu est-il semblable à une grande œuvre
à laquelle des hommes puissants et nombreux collaborent
afin de construire une tour qui rejoigne le ciel ?
Non !

Le règne de Dieu ne ressemble pas à cela.

Il ressemble à un paysan
qui prend la semence qui est sa richesse précieuse,
et va la jeter, l’enfouir dans la terre.

Qu’il dorme ou qu’il soit éveillé,
la semence germe, se développe
parce qu’elle a été donnée,
parce qu’elle a été enfouie.

Comment elle germe,
comment elle se développe,
le paysan ne le sait pas,
mais il a confiance,
il est sûr que viendra une petite herbe,
puis un épi plein de semences.

Ainsi en est-il du règne de Dieu dans notre monde,
du règne de l’Amour.

Le Royaume advient
quand nous donnons,
quand poussés par l’Esprit, nous enfouissons dans l’histoire,
quand nous perdons un peu, ou beaucoup,
de notre vie, de notre temps, de nos talents, de notre argent.

Il faut passer par la perte.
Il faut passer par ce moment où la terre semble stérile.
Mais avec la certitude du paysan :
« solto la neve c’ē pane » dit un proverbe italien.
Sous la neige, il y a du pain.
Sous le sol se prépare une moisson
parce que nous avons donné ce qui nous était précieux.

Nous ne savons pas comment,
mais ce que nous avons donné dans l’amour
portera en son temps un grand fruit.
Pensez à la fécondité du témoignage de Maximilien Kolbe,
ou de la vie de Charles de Foucauld au-delà de sa mort.

Chaque acte d’amour, de générosité, d’amitié, de solidarité
dans la mesure où il est privé de recherche de soi, de vaine gloire,
est une manifestation du Royaume
qui va porter dans l’histoire et au-delà un grand fruit.

Ce que nous semons est petit comme une graine de moutarde,
mais en naîtra un grand arbre
où les oiseaux du ciel feront leur nid.
Pensons à la disproportion entre le oui de Mère Térésa
donné en son cœur à Jésus qui l’a appelée
alors qu’elle était dans le train
et la fécondité des milliers de missionnaires de la charité
dans le monde d’aujourd’hui.

Nous donnons et le Seigneur multiplie !
Nous lui remettons cinq pains et deux poissons
et il nourrit une foule.
Si vraiment nous perdons pour lui notre vie,
il en fera une moisson de grâces.

Mais tout commence toujours,
tout commence et recommence
par la petite semence de notre amour
jetée dans la terre du quotidien.
Chaque acte d’amour a une valeur infinie.
Parce que chaque acte d’amour
est une participation à la croix de Jésus.

*

Frères et sœurs combien de semences d’amour
notre ami Germain a semé dans notre Québec et au-delà.
Je pense par exemple aux fleurs
qu’il portait dans les couvents et les prisons.
Il y avait en lui un élan infatigable
vers l’amitié, le service, la générosité.

Germain a inventé beaucoup de choses
mais d’abord c’est Dieu qui a inventé Germain,
qui a mis dans son cœur sa fougue étonnante.

Dans le dernier éditorial de Jésus, Marie et notre temps
qui est à paraître, il écrit ceci :
« s’il nous faut, durant toute notre vie
exploiter au maximum le potentiel physique,
psychologique intellectuel et spirituel
mis à notre disposition pour servir Dieu,
nous ne pouvons rien nous attribuer
au-delà de ce qu’il nous a donné. »

Quel bel appel frères et sœurs !
Exploiter au maximum tout ce que Dieu nous a donné
pour servir Dieu
mais sans rien nous attribuer
au-delà de ce que Dieu nous donne.

Germain avec son sourire,
avec son cœur d’enfant,
avec sa foi bien enracinée,
avec sa dévotion au Sacré-Cœur,
avec son amour pour sa famille et pour la famille,
continue aujourd’hui à nous enseigner à servir Dieu,
à semer l’amour dans le quotidien.

Son dernier éditorial finit par ce verset
de la Première lettre de St-Jean :
Le monde, avec ses désirs est en train de passer
mais Celui qui fait la volonté de Dieu
demeure pour toujours (1 Jn 2,17).

Demeurer pour toujours,
demeurer en Dieu pour toujours.
demeurer pour toujours dans l’Amour :
voilà ce à quoi conduit une vie
où l’amour a été inventif et persévérant.

« Je vous souhaite un excellent Carême, nous écrit Germain,
suivie d’une résurrection anticipée au jour de Pâques ! »
Et nous, cher Germain, nous prions ce soir
pour que ton âme goûte déjà par anticipation la joie de la résurrection ;
pour que tu laisses la Miséricorde divine te laver de tout péché ;
pour que ton cœur d’enfant
entre maintenant dans l’éternelle enfance de Dieu.

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