FMJ MtlSt Thomas d’Aquin, prêtre dominicain, docteur de l’Église – C
Frère Benedict
2 S 7, 18-19.24-29 ; Ps 131 ; Mc 4, 21-25
28 janvier 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Sois lumière pour les autres

Aussi bien la lecture du 2e livre de Samuel
que la parabole de l’Évangile
mettent en valeur ce mystère extraordinaire
de la générosité de Dieu qui nous surprend toujours
en allumant la lampe de sa Vie divine
dans nos maisons et nos cœurs.
« Qui suis-je donc, Seigneur,
et qu’est-ce que ma maison,
pour que tu m’aies conduit jusqu’ici ?
Mais cela ne te paraît pas suffisant, Seigneur,
et tu étends aussi tes promesses
à la maison de ton serviteur
jusque dans un avenir lointain » (2 S 7, 18-19).

Ce qu’Abraham et David n’ont pu voir que dans l’espérance,
cette lumière de la Résurrection
qui est plus que nous ne pouvons jamais imaginer
dans nos propres vies et l’existence en générale,
cette Lumière nous a été donnée avec le Christ Jésus
venu habiter parmi nous.

Quand on allume une lampe,
on la met sur le lampadaire, au centre,
sur un haut point de la pièce
pour qu’elle serve à ceux qui habitent la maison
et à ceux qui y entrent.
Elle éclaire, met sa lumière sur toutes choses,
leur donne consistance, les situe, les libère de l’ombre,
de la confusion, de l’imprécision dans lesquels ils se trouvaient.

Cette générosité de Dieu vient en premier ;
en l’écoutant l’homme devient généreux.
En s’imprégnant de cette lumière du dedans,
il s’ouvre et brille.
Et c’est bien cette capacité
de l’ouverture à la Parole de Dieu qui est essentielle.
C’est une ouverture qui laisse venir la lumière
et la laisse transparaître – à la fois secrète et à la fois publique.
Quand on place dans une maison
une lampe sur le lampadaire,
la fenêtre de la maison devient un lampadaire
pour ceux qui n’ont peut-être aucun repère
sur leur chemin de retour à la maison.
Deux sortes de lumière étaient possibles
dans le temps avant l’éclairage public :
celle des maisons allumée du dedans
et celle des sentinelles postée dehors
sur les murailles et dans les portes des villes.
Alors quelle joie d’apercevoir dans la nuit
les sentinelles de la ville.
Ils prennent des flambeaux, pour eux-mêmes et pour vous
et vous amènent à la maison.

Il nous faut, à cause des autres,
ces deux lumières intérieures :
celle accueillie et celle donnée, dans le cœur,
afin que les choses de la maison de notre cœur
prennent forme, soient guéries, soient éclairées et extérieures ;
la lumière des veilleurs qui brille pour les autres.
En accueillant Dieu, en Le faisant notre Hôte,
on a une lampe en nous.
En dégageant la fenêtre, on donne le jour aux autres.

La mesure dont vous vous servez,
servira aussi pour vous,
et vous aurez encore plus (Mc 4, 24).
Il faut dire encore qu’il ne s’agit pas tellement
de briller par nos actes extraordinaires.
Même le plus simple des saints est saint à cause de l’écoute :
le Seigneur disait à Sainte Angèle de Foligno :
« Fais-toi la capacité, je me ferai le torrent ».
Prend toutes les circonstances de ta vie,
tout le bien et tout le mal et accueille-y la Lumière de Dieu.
En torrents.
Ne ferme plus tes entrailles, sois un vide,
dis à Dieu de t’enlever tout sauf une chose :
sa grâce et son amour.

La semence d’elle-même fait sa vie.
On ne sait même pas comment.
C’est Dieu qui donne la croissance.

Combien de fois nos efforts d’être visible ont fini par un échec,
sinon par des conflits violents.
Et combien de fois la gratuité pure avait apporté l’espérance.
Le désir et le plaisir de Dieu,
c’est de se faire connaître par sa propre splendeur.
Par la lumière du don qui restera toujours un don désintéressé.

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