FMJ MtlDédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul à Rome – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 28, 11-16.30-31 ; Ps 97 ; Mt 14, 22-33
18 novembre 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ne regarde pas le vent !

Pourquoi célébrer la dédicace de deux basiliques
qui sont à 6000 km d’ici ?
Parce que ce sont les basiliques construites
sur le martyre de Pierre et de Paul
et que leur témoignage suprême nous appartient.

C’est un trésor qui nous appartient
dans le mystère de la communion des saints.
Aujourd’hui, l’Église nous invite à puiser dans ce trésor
pour avoir comme Pierre et Paul le courage de préférer
la vérité du Christ à tous les compromis
qui ne cessent de nous séduire.

Pierre, crucifié la tête en bas sur la colline du Vatican,
Paul décapité aux portes de Rome nous interpellent très fort.
Et toi ?
Est-ce que tu préfères les intrigues de Néron
ou la vérité du Christ ?
Est-ce que tu vas t’aplatir devant la culture dominante
ou est-ce que tu verseras ton sang pour le Christ ?

Avons-nous compris que la vraie liberté
ce n’est pas de n’avoir rien d’extérieur à nous qui nous limite
mais elle est la capacité de pouvoir choisir et vivre
le plus grand amour,
comme Pierre et Paul unissant leur passion à celle de Jésus ?

*

En ce jour de fête, l’Évangile nous met de fait en face de Jésus ;
il nous met avec Pierre en face de Jésus.
Il s’agit d’un des trois textes avec des détails évoquant Pierre
qui sont propres à Saint Matthieu :
Pierre qui marche sur les eaux de la mort avec Jésus et vers Jésus.
Pierre qui confesse sa foi en Jésus à Césarée de Philippe.
Pierre qui part pêcher un poisson dans lequel se trouve une pièce qui servira à payer l’impôt du Temple pour Jésus et pour lui.

Trois textes qui manifestent
une proximité étonnante entre Jésus et Pierre.
Ce qui qualifie Pierre, ce n’est pas d’abord un ministère,
mais c’est sa relation avec Jésus.
C’est aussi ce que Saint Jean et ses proches relèvent
en racontant le dialogue entre Pierre et Jésus ressuscité
au bord du lac.
Ce qui fait l’apôtre, ce qui fait le pasteur, ce qui fait le chrétien, c’est ce lien intime avec Jésus.
C’est de se lier et de se laisser lier
au plus profond de soi avec Jésus.

*

Cela s’exprime très fortement
dans le récit de la marche sur les eaux.
Quel sera pour Pierre le critère qui lui assurera
que cet homme qui marche sur les eaux n’est pas un fantôme,
une apparition d’un esprit, mais Jésus ?

C’est effectivement Jésus
si il me fait marcher sur les eaux moi aussi.
C’est Jésus s’il me fait partager sa grâce,
sa vie, sa victoire sur les eaux de la mort.

Qui est Jésus ?
Celui qui vient vers nous
pour nous faire partager ce qu’il vit, ce qu’il est.
Jésus est celui qui m’aime, qui me sauve.
Et de fait c’est bien Jésus qui était là,
puisque Pierre marche avec lui et vers lui sur les eaux de la mort.

Elle est belle la foi de Pierre.
Il est beau le regard de Pierre sur Jésus.
Mais cette foi est fragile.
Elle est belle et fragile…
C’est cela la foi.
Elle est belle parce qu’elle est de Dieu.
Elle est fragile parce qu’elle est dans l’homme.
De fait, Pierre commence à regarder non plus Jésus
mais le vent et il s’enfonce, il coule.
De même qu’il s’enfoncera dans le refus de la croix
à Césarée de Philippe
et qu’il coulera dans la cour du grand Prêtre.

*

Frères et sœurs, quelle leçon pour nous !
Quand la tempête survient,
nous avons tendance comme Pierre
à nous laisser envouter par la tempête.
Le mal nous captive dans ses flots.
Comme Pierre, nous regardons le vent
au lieu de regarder Jésus.
Regardons Jésus.
Gardons nos yeux fixés sur lui.
Nous serons secoués, ébranlés, brassés,
mais la relation avec Jésus nous tiendra sur les eaux.

Et si la tempête nous a saisis ?
Si notre monde intérieur est sans dessus dessous ?
Pierre nous enseigne à crier vite vers Jésus.
Si nous comptons vraiment sur Jésus,
si notre cri est vrai
alors aussitôt Jésus tend la main et (nous saisit).
Puis il construit notre foi par une question :
« Toi qui crois si peu, pourquoi as-tu hésité ? » (cf. Mt 14,31)
Pourquoi as-tu hésité ?
Pourquoi hésites-tu encore ?
Pourquoi hésites-tu à me donner la première place dans ta vie ?
À m’aimer d’avantage que tu aimes les autres ?

Alors ils montent dans la barque et le vent tombe (Mt 14,32).

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