FMJ MtlSainte Monique, mère de saint Augustin – B
Frère Antoine-Emmanuel
1 Th 3, 7-13 ; Ps 89 ; Mt 24, 42-51
27 août 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Soyons de bons veilleurs

« Veillez donc, vous ne savez pas
quel jour votre Seigneur vient !
» (Mt 24,42)

Cet appel de Jésus est d’abord orienté
vers un événement précis :
sa venue en gloire au terme de l’histoire
quand la Terre passera,
quand le ciel passera.

Jésus nous demande
de ne jamais perdre de vue cette perspective.
Tout ce que nous voyons est provisoire.
Viendra le jour où tout sera achevé,
où tout sera consommé ;
Jour du Jugement dernier
où notre vie sera placée
dans la Lumière de l’Amour
avec tout ce qui l’a tissée
et tout ce qu’elle a produit
– en bien comme en mal.

Et comment ne pas avoir
cette perspective au cœur
quand on voit tous les conflits
et les troubles de notre temps.

Mais cet Évangile nous appelle aussi
à une autre veille.
C’est un appel à veiller
pour reconnaître les continuelles venues de Jésus.
Non pas encore la venue dans la gloire
à la fin des temps,
mais les venues discrètes,
humbles et si belles du Ressuscité
qui ne cesse de venir vers nous.

Jésus qui vient dans sa Parole.
Ce sont les visites du Verbe
qui par le chemin de l’Écriture
vient nous rencontrer au profond de l’âme…

Jésus qui vient dans l’oraison, dans l’adoration,
nous donnant de goûter déjà quelque chose
des noces qui éternellement nous uniront à Lui.

C’est la visite eucharistique de Jésus,
Verbe fait Pain pour nous rejoindre
et nous sanctifier dans notre frêle humanité,
pour nous unir dans une même communion.

Mais il y a aussi les visites impromptues de Jésus.
Pensez à ce qui s’est passé
dans un wagon de chemin de fer pour Mère Térésa…

Il n’y a pas de lieu, pas de circonstance
où Jésus nous délaisse.

Il y a aussi ces visites de Jésus
que nous pouvons reconnaître
au cœur même de nos épreuves quand nous réalisons
que notre souffrance est déjà habitée
et assumée par Jésus dans sa Passion et sa Croix.

La première Lecture de ce jour
nous invite cependant à nous préparer le cœur
à une autre forme de visite de Jésus,
Jésus qui vient vers nous à travers les autres,
à travers un frère, une sœur.

Jésus qui aime Se rendre présent
à travers le visage d’un autre.
Tout particulièrement à travers
une personne plus pauvre, plus fragile, plus démunie.

Et Il attend, là, d’être aimé.
Il attend d’être dévisagé.
Que grâce, quand dans le visage de l’autre,
nous percevons Jésus en sa Passion :
c’est tout le poids de souffrance que porte l’autre.
Et Jésus en sa résurrection, c’est tout l’amour
qui surgit comme une source du cœur de l’autre.

Veillons, frères et sœurs.
Gardons le cœur en éveil
pour ne pas passer à côté de Jésus sans le regarder,
sans l’aimer…

Jésus aime nous visiter.
Il aime nous visiter parce qu’Il nous aime.
Et Il vient volontiers en nous
là où nous ne L’attendions pas.
Au lieu de notre fragilité, sinon de notre honte.

Il vient… et Jésus a l’audace
de comparer sa venue à celle d’un voleur.
Bien sûr il ne faut pas forcer la comparaison.
Jésus veut nous dire que sa venue est imprévisible
comme celle du voleur qui est venu de nuit
nous dépouiller de nos biens.

Mais dans le fond, quand Jésus vient,
c’est aussi, dans un sens, pour nous dépouiller.
Jésus veut tellement notre cœur,
notre être profond, notre amour,
qu’Il S’y entend bien pour nous dépouiller
de tant de faux trésors.
Son Amour nous dépouille
comme Lui, par amour, S’est dépouillé.

Et c’est Lui qui vient maintenant,
dépouillé et débordant d’amour.

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