Samedi, 31e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 16, 3-9.16.22-27 ; Ps 144 ; Lc 16, 9-15
5 novembre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Amoureux de l’argent ?

Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (Lc 16,13).
Frères et sœurs, comment Jésus peut-il
mettre au même niveau Dieu et l’Argent.
L’Argent peut-il avoir dans le cœur de l’homme la place de Dieu ?

Que l’on soit attaché à l’argent, c’est un fait.
Que l’on puisse se passionner pour l’argent, c’est bien réel.
Mais arrive-t-il que l’on serve l’Argent
comme l’on sert Dieu ?

Servir Dieu, c’est à la fois se remettre entre ses mains
et attendre de Lui la Vie.
Est-ce que l’on peut en arriver là avec l’argent,
littéralement avec « Mammon » ?

Mammon est un mot araméen
qui dans l’usage courant personnifie la puissance de l’Argent.
Il semble que son origine soit liée au verbe Aman
qui a donné notre Amen.
C’est ce sur quoi l’on compte, la solidité de notre vie.
Est-ce que notre appui, notre sécurité, c’est notre argent ?

*

Nous aurions envie de dire :
oui, c’est vrai que dans mon cœur,
il y a de l’attachement à l’argent,
l’argent, oui, a un pouvoir sur moi.
Mon cœur est partagé : je sers Dieu et je sers l’argent.
Mais Jésus nous répond :
Non, ne sois pas dans l’illusion ;
on ne peut pas servir Dieu et l’argent.
Ou l’on attend la Vie de Dieu,
ou on l’attend de l’Argent.

*

Le questionnement qui nous vient de cet Évangile
ne s’arrête pas là :
Jésus fait un parallèle entre l’usage que nous faisons de l’argent
et l’usage que nous faisons du bien véritable (16,11),
du bien qui est vraiment nôtre (16,12),
qui ne nous reste pas extérieur,
c’est-à-dire du don de Dieu, de la grâce.

Regarde ce que tu fais de l’argent :
cela te révèle ce que tu fais de la grâce.

Si tu es fidèle et juste quand tu disposes de ton argent (cf. 16,10),
tu le seras avec la grâce, avec les dons de Dieu.

Qu’est-ce que cela veut dire être fidèle et juste avec l’argent ?
Jésus nous l’a dit hier (cf. Lc 16, 1-8).
C’est utiliser l’argent pour réjouir les autres,
et particulièrement pour ceux qui ne peuvent pas nous rendre
en retour ici-bas, pour les plus démunis.

C’est bien cela que le Seigneur
nous demande de faire avec ses dons :
nous ouvrir à l’abondance de ses dons
pour faire du bien, dire du bien ;
pour servir les autres ;
pour nous faire des amis
qui nous accueilleront dans les Tentes éternelles.

*

Frères et sœurs, le Seigneur
veut nous confier le bien véritable. (Lc 16,11)
Il veut nous confier le bien qui est vraiment nôtre ;
en d’autres termes, Il veut déverser son Amour en nous à flots !
Son désir c’est de nous attirer chacun, chacune,
vers la plus grande sainteté,
de faire de nous des buissons ardents
qui ne cessent de brûler, c’est-à-dire de se donner,
et sans se consumer parce que nous ne cessons
de recevoir la vie de Dieu.

Paul nous l’a dit tout à l’heure :
le Père a le pouvoir de nous affermir
dans la vie de l’Évangile (cf. Rm 16,25).
Il a le pouvoir de nous faire vivre à plein l’Évangile
et Il veut exercer ce pouvoir en chacune de nos vies.
À nous de nous exercer à recevoir le bien véritable
en ayant vis-à-vis de l’argent,
ce bien très passager, très extérieur, l’attitude juste.

Si notre vie repose sur notre sécurité économique,
nous sommes les plus malheureux des humains.
Mais si notre vie repose sur la tendresse de Dieu,
nous devenons libres par rapport à l’argent.

En entendant Jésus, les pharisiens
qui sont amoureux de l’argent (cf. v. 14)
se moquent de Jésus, ils ricanent,
ils ne comprennent pas ou, plutôt, ils comprennent très bien
que Jésus est en train de leur retirer leur point d’appui.
D’apparence ils sont justes, fervents, pieux ;
ils ont la conviction que leurs observances
leur méritent la bienveillance de Dieu.
Mais leur âme ne peut pas ne pas être dans un terrible combat
parce que le prestige humain, le prestige religieux en particulier
est ignominie en face de Dieu. (cf. v. 15)

Ils ne peuvent pas s’appuyer sur Dieu
parce que Dieu se dérobe à leurs jeux de pouvoir,
à leur parade religieuse.
Et si, au fond de leur âme, ils ne peuvent s’appuyer sur Dieu,
sur qui, sur quoi s’appuient-ils ?

Ils sont amoureux de l’argent…

Entendront-ils,
entendrons-nous la voix du Seigneur
qui vient les libérer de cette emprise intérieure
d’une puissance étrangère ?

« L’Esprit de Dieu est sur moi » , dit Jésus,
Le Seigneur a fait de moi un Messie,
Il m’a envoyé (…) proclamer aux captifs l’évasion,
aux prisonniers l’éblouissement, (Is 61, 1)
l’éblouissement de la Lumière véritable, de la liberté !

« Seigneur Jésus, à qui irions-nous ?
Tu as les Paroles de la Vie éternelle. (Jn 6,69)
Sois béni, Toi qui nous prépares le cœur
pour que nous nous accueillions les uns les autres
demain dans les tentes éternelles.

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