FMJ Mtl28e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Sg 7, 7-11 ; Ps 89 ; Hé 4, 12,13 ; Mc 10, 17-30
11 octobre 2015
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

J’ai imploré et l’Esprit de sagesse est venu sur moi

Nous connaissons bien les « Confessions » de Saint Augustin.
Aujourd’hui, ce sont les « confessions » de Salomon
que nous avons entendues dans le libre de la Sagesse.

Salomon s’y présente comme un homme mortel,
égal à tous, un descendant d’Adam (Sg 7,1),
le premier modelé de terre.
« Moi aussi dès ma naissance,
j’ai aspiré l’air qui nous est commun
et je suis tombé sur la terre
où l’on souffre pareillement » (v. 3).
Et il conclut : « Pour tous, il n’y a qu’une façon
d’entrer dans la vie comme d’en sortir » (v.6 ).
Salomon, un homme comme nous tous…
Mais toute l’existence de Salomon a été transformée…
Écoutez :
« Aussi ai-je prié et le discernement m’a été donné,
j’ai imploré et l’Esprit de sagesse est venu sur moi » (v. 7).
Voilà ce qui transforme une vie :
Prier… demander la Sagesse de Dieu,
demander le discernement,
demander l’art de vivre selon Dieu.
Et tout cela, dit Salomon,
je l’ai préféré aux sceptres et aux trônes.
Tout l’or du monde en face de tout cela,
ne serait qu’un feu de sable (v. 9).
Et même : je l’ai aimé plus que la santé et la beauté… (v. 10)

Frères et sœurs, voulons-nous
que notre vie bascule dans l’amour vrai ?
Voulons-nous devenir des artisans de paix, des amis de Dieu ?
Jai prié, j’ai imploré et l’Esprit de sagesse m’a été donné.

Demandons l’Esprit et habités par ce désir, ouvrons la Parole.
Puisons dans la Parole…
Et que nous dit encore la Parole aujourd’hui ?
J’en viens à la deuxième lecture tirée de la lettre aux Hébreux.
Voilà encore un texte qui vient bouleverser
bien des choses en nous.
L’auteur nous parle de notre rapport à la Parole de Dieu.

Nous sommes très habitués à lire la Parole de Dieu
comme une lecture que nous faisons,
que nous interprétons, que nous utilisons.
Nous avons les commandes et la Parole est entre nos mains.

Or, la lettre aux Hébreux bouscule cela violemment :
c’est la Parole qui a les commandes !
Elle est vivante et pleine de force, de puissance.
La Parole est comme un objet tranchant
qui pénètre en nous
et vient séparer la lumière et les ténèbres.
Ce n’est pas nous qui la jugeons,
c’est elle qui nous juge.
Elle descend jusqu’au profond de notre être
et elle sépare, elle clarifie, elle met en lumière
et soudain, nous nous mettons à distinguer
ce qui en nous est de Dieu, ce qui est de l’Esprit
et ce qui en nous est de l’homme,
ce qui constitue notre vie psychique.
Et cette séparation est notre libération
parce qu’elle nous met dans la vérité.

Voilà donc un double chemin
pour passer à une vie qui plaît à Dieu,
une vie heureuse et féconde :
demander l’Esprit et nous laisser visiter par la Parole.
Et cela est accessible à tous.

C’est avec ce désir que nous pouvons alors
plonger dans l’Évangile de ce jour.
C’est d’abord une rencontre,
la rencontre de Jésus avec un jeune homme d’affaires.
Un homme très touchant,
un homme qu’au premier abord
on aurait envie de canoniser
car voici enfin quelqu’un qui a le désir de la vie éternelle.

Il est clair que c’est un homme droit, un homme pieux
qui a bénéficié d’une très bonne éducation religieuse,
lui qui observe les commandements depuis sa jeunesse.
Un peu comme Paul ou Étienne,
mais c’est un homme insatisfait.
Sans doute du fait de ses premières rencontres avec Jésus,
il a l’intuition que d’observer les préceptes de la loi,
cela ne suffit pas.
La Vie éternelle, cela ne peut pas être
le fruit de nos efforts pour accomplir la loi.
« Bon Maître, que ferais-je
pour hériter de la vie éternelle ? » (Mc 10,17)
Dis-moi juste ce que je dois faire pour vivre de Dieu,
pour vivre de ce Royaume dont Tu parles si souvent ?

Jésus, après l’avoir fixé du regard, l’aime.
Jésus le regarde. Jésus nous regarde.
Et Jésus l’aime, c’est-à-dire Jésus Se donne à lui.
Jésus S’offre à lui pour être son Seigneur,
pour être son berger,
pour le conduire au Royaume,
pour le mener dans la Vie éternelle.
Jésus l’aime.

Et dans cet amour, Jésus vient le dévaliser,
Jésus vient le libérer.
Car, cet homme est généreux,
sérieux, pieux, mais il est lié.
Son cœur est lié.
Une seule chose te manque :
« Va ! Ce que tu as », ta business, ton succès dans les affaires,
tes réussites sociales, tout cela : « vends-le ! »…
« Donne aux pauvres, et tu auras un trésor au Ciel.
Puis viens, suis-Moi » (Mc 10,21).

Le jeune homme d’affaire avait donc bien raison :
pour entrer dans la vraie vie dès maintenant
et pour vivre éternellement,
quelque chose lui manquait,
ou plutôt : quelqu’Un lui manquait !
Ce n’est pas une loi en plus qui mène dans la vraie vie :
c’est Jésus.
Suivre Jésus, vivre de Jésus.

Mais là, il y a un choix à faire :
notre cœur ne peut pas se donner
à la fois à Jésus et à des réalités de ce monde.
Si au plus profond de moi,
j’attends la vie d’une richesse quelle qu’elle soit,
je ne peux pas recevoir tout le don de Jésus.
C’est cela le danger de la mondanité spirituelle.

Frères et sœurs, quelle est la richesse
dont aujourd’hui j’attends la vie, la joie, la liberté ?
Si c’est Jésus, heureux es-tu ?
Si tu vies de la béatitude des cœurs pauvres,
c’est un cadeau magnifique !

Mais Seigneur, je me laisse si vite prendre
par les trésors de ce monde,
à commencer par les trésors
que Toi-même, Tu me donnes.

Rends grâce ! Rends la grâce !
Ne cesse pas de donner au Seigneur ce qu’Il te donne !
C’est cela le sens de la fête de l’Action de Grâce.
Cette terre magnifique, je proclame que c’est Toi
qui nous la donnes, et je Te l’offre, je Te la redonne
avec toute la gratitude de mon cœur
afin de garder le cœur libre,
le cœur désencombré et donc le cœur joyeux.

Il n’y a personne qui, à cause de Jésus et de l’Évangile,
laisse maison, frères, sœurs, mère, père, enfants et affaires
sans recevoir au centuple,
sans recevoir ce centuple pour l’offrir en action de grâce !

Je termine avec la question que le Pape a posée ce matin
sur la Place St-Pierre.
Je cite : « Et je vous demande à vous les jeunes
qui êtes aujourd’hui sur la place :
avez-vous perçu le regard de Jésus sur vous ?
Que voulez-vous lui répondre ?
Préférez-vous quitter cette place
avec la joie que Jésus nous donne
ou avec, dans le cœur, la tristesse
que la mondanité nous donne ? » (Angelus 11-10-2015)

Préférons-nous quitter cette église ce matin
avec la tristesse d’un cœur attaché à des trésors qui passent
ou bien avec la joie de n’avoir comme vrai trésor
que Jésus Lui-Même ?

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