FMJ MtlSamedi, 27e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Thomas
Jl 4, 12-21 ; Ps 96 ; Lc 11, 27-28
10 octobre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le véritable bonheur de Marie et le nôtre

Ce n’est pas la première fois
que quelqu’un parle à Jésus de sa Mère
comme pour Lui rappeler que c’est Elle
qui L’a mis au monde et L’a élevé.
Rappelons-nous :
au chapitre 8 de l’Évangile selon saint Luc,
quelqu’un avait dit à Jésus
pendant qu’Il enseignait à la foule :
« Ta Mère et tes frères se tiennent dehors
et veulent Te voir » (v. 20).

Dans la culture du peuple Juif,
comme dans la culture de bien des peuples sur cette terre,
les liens familiaux sont importants.
Et dans la Torah, il y a le commandement :
(qui fait partie des 10 commandements)
« Honore ton père et ta mère,
afin que se prolongent tes jours sur la terre
que te donne YHWH ton Dieu » (Ex 20,12).

Le respect envers les parents
est donc associé à l’avenir du peuple.
Ainsi, lorsqu’on dit à Jésus que sa Mère et ses frères
sont là qui veulent Le voir,
on s’attend à ce que Jésus interrompe son enseignement
pour aller leur parler.
Tous ceux et celles auprès de qui
Jésus est en train d’enseigner,
comprendraient que Jésus prenne ainsi congé d’eux.

De la même manière,
lorsqu’une femme proclame heureuse Marie
parce qu’Elle a porté Jésus et L’a allaité,
on s’attendrait à ce que Jésus dise un mot en écho
pour rendre hommage à sa Mère, pour l’honorer.

Or, dans un cas comme dans l’autre,
Jésus rend plutôt hommage à ceux et celles
qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique.

Dans le premier cas, Jésus déclare que sa mère et ses frères,
ce sont ceux et celles qui écoutent la Parole de Dieu
et la mettent en pratique.
Jésus honore apparemment davantage
les personnes qui sont en train de l’écouter
que sa Mère et ses frères qui L’attendent dehors.

Dans le deuxième cas
(donc l’Évangile que nous venons d’entendre)
Jésus déclare que ceux et celles qui sont heureux,
ce sont ceux qui, entendant la Parole de Dieu, la gardent.
Là encore, Jésus semble honorer davantage ses disciples
que sa Mère Marie.

Jésus prend position.
Il ne fait pas ce à quoi ses contemporains s’attendraient
concernant sa Mère.
Alors, Jésus manquerait-Il au 4e commandement
qui demande d’honorer père et mère ?

En fait, Jésus honore sa Mère Marie en répondant ainsi,
mais d’une manière inattendue.
Il L’honore non pas tant
parce qu’Elle est sa Mère selon la chair,
mais parce que, d’abord, Elle est disciple de la Parole de Dieu.

Ainsi Jésus honore bel et bien sa Mère Marie,
car si Marie est devenue Mère de Jésus,
c’est précisément parce qu’Elle a entendu la Parole de Dieu
et qu’Elle l’a gardée.
Le véritable bonheur de Marie,
ce n’est pas d’avoir porté Jésus et de L’avoir allaité.
Cela signifierait que les mères
qui enfantent et élèvent d’autres enfants que Jésus
seraient moins heureuses ?
Ou alors que les femmes qui n’auraient pas d’enfant
seraient encore moins heureuses ?
Sur son chemin de croix,
Jésus dira aux femmes de Jérusalem :
« Voici venir des jours où l’on dira :
Heureuses les femmes stériles,
les entrailles qui n’ont pas enfanté,
les seins qui n’ont pas allaité » (Lc 23,29).
C’est comme le contre-pied
de ce que dit cette femme aujourd’hui.

En fait, la parole de Jésus aujourd’hui
a une portée universelle et elle est libératrice.
Pour être heureux, ce n’est pas nécessaire
d’avoir des privilèges.
Chacun peut être heureux en accueillant
la Parole de Dieu dans sa vie, en en vivant.
Et même de cette façon-là,
chacun peut devenir le frère,
la sœur, la mère de Jésus-Christ.

Ainsi donc, le bonheur que Marie a vécu
d’enfanter et d’allaiter Jésus,
nous pouvons chacun, chacune le vivre
dans nos vocations respectives,
en écoutant la Parole de Dieu
et en la mettant en pratique.

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