Vendredi, 4e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Si 47, 2-11 ; Ps 17 ; Mc 6, 14-29
5 février 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Les deux rois et le vrai Roi
Aie pitié Seigneur…
pour l’Hérode qui est en moi,
pour l’Hérode qui est en nous.
Hérode le roi qui entend la voix de Dieu
mais ne l’écoute pas.
Hérode le roi qui piétine sa conscience
qui lui révélait pourtant la valeur, la grandeur de Jean.
Hérode le roi qui a des oreilles,
mais qui n’entend pas.
Hérode c’est aussi le roi qui se célèbre lui-même.
Il se fête.
Et cela jusqu’à la démesure,
jusqu’à faire égorger le prophète du Seigneur
à cause d’une danse voluptueuse.
Frères et sœurs,
n’est-ce pas là le portrait du vieil homme en nous !
Du vieux roi tout-puissant en nous
qui tombe en ruine au fil des convoitises décevantes (Ép 4,22).
*
Quel contraste avec l’autre roi de ce soir, le roi David.
Si Hérode est le type du roi qui fait taire les prophètes,
David est au contraire celui
qui accepte la voix qui le dérange,
qui le remet en question et le corrige.
Quand Natan appelle David à renoncer à son projet de temple,
David consent.
Quand Natan montre à David la laideur de son péché
après le meurtre d’Urie le Hittite,
David reconnaît son péché :
« J’ai péché contre le Seigneur » (2 Sm 12, 13).
Quand Gad vient annoncer à David le châtiment
que mérite le péché du recensement,
David ne le réduit pas au silence.
Il accepte la justice de Dieu dont Gad est le porte-parole.
N’est-ce pas là une des grandes qualités de David ?
Sa capacité d’écouter en vérité la parole des prophètes ?
Quelle différence avec Hérode !
Quelle différence aussi, quand il s’agit de célébration.
Hérode se célèbre et se fait célébrer.
David célèbre son Dieu.
Quel merveilleux éloge que celui que fait Ben Sirac !
Dans tout ce qu’il a fait,
David a célébré la louange du Saint,
du Très-Haut, en proclamant sa gloire (Si 47, 8).
Il nous rappelle ce soir que nous sommes appelés
à célébrer la louange de Dieu tout au long de nos journées –
dans le métro ou chez-nous, à table ou au travail.
De tout son cœur, il a chanté les psaumes.
David nous invite aussi à célébrer la liturgie
non pas avec le cœur partagé ou distrait,
mais avec tout notre cœur.
À porter tout notre cœur et toute notre vie dans la liturgie.
À y porter nos cris et nos louanges.
Ben Sirac continue :
Devant l’autel, il a placé des chantres
et leur voix rendit les chants les plus doux.
Il a donné de l’éclat aux fêtes,
il a organisé de façon définitive les temps de service
pour que le Saint Nom du Seigneur soit célébré
et que les chants retentissent
dans le sanctuaire dès le matin (Si 47, 9-10).
David n’a pas seulement eu soin de célébrer, lui, le Seigneur,
mais il a eu la passion de faire en sorte
que tous célèbrent le Seigneur.
Frères et sœurs, il nous faut tous avoir le souci de la liturgie.
Nous passionner pour que le Nom du Père
soit sanctifié, chanté, loué, célébré.
Nous sommes tous pour notre part
responsables de la liturgie de l’Église.
*
David le roi qui écoute son Dieu
le roi qui célèbre son Dieu.
David reflète ce soir l’homme nouveau qui est en nous.
Cet homme nouveau qui aime son Créateur
comme le dit Ben Sirac de David :
parce qu’il l’aime, il l’écoute.
Parce qu’il l’aime, il le chante.
parce qu’il l’aime en Créateur, il l’accueille.
Parce qu’il l’aime, il se donne à Lui.
Frères et sœurs de tout cela
David est une figure très touchante.
Mais le Roi, le vrai Roi
est celui que ce soir nous recevons.
Le Roi qui proclame que sa nourriture
est non seulement d’écouter le Père,
mais de faire sa volonté.
Le Roi qui loue le Père
en se livrant à Lui en Eucharistie vivante.
Le Roi qui est le grand chorège de la Louange du Père,
celui qui nous attire tous dans sa liturgie.
C’est lui qui devant l’autel, a placé des chantres
et ces chantres, c’est nous tous !
C’est en Lui, Jésus, notre Roi,
que ce soir nous célébrons le Père.
Nous avons écouté sa Parole
et maintenant nous unissons l’offrande de notre vie
à l’Eucharistie de notre grand Roi.
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