FMJ MtlNOTRE DAME DE LOURDES – C
Frère Antoine-Emmanuel
Is 66, 10-14 ; Ct Judith 13 ; Jn 2, 1-11
11 février 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Elle est là

Et la Mère de Jésus était là.
Elle était là à Cana
où le vin des noces était épuisé.
Elle était là au Golgotha
où tout semblait s’enfoncer dans l’absurde et le néant.

L’Évangéliste Saint-Jean nous fait entre apercevoir
une présence particulière de Marie
là où l’humanité est près de sombrer.
Elle est là.
Présente.
Orante.

Elle est là auprès de chaque malade.

Auprès de celui qui s’épuise en gémissements,
qui chaque nuit baigne sa couche
et de ses larmes arrose son lit (cf Ps 6,7).

Elle est là auprès de celui
qui n’a plus rien d’intact en sa chair et qui se lamente :
le cœur me bat, ma force m’abandonne
et la lumière même de mes yeux.
Mes amis s’écartent de ma plaie,
mes plus proches se tiennent à distance (Ps 37(38), 11-12).

Marie est là auprès de celui
qui veille et gémit comme l’oiseau solitaire sur le toit
et qui crie : Seigneur entends ma prière,
que mon cri vienne jusqu’à toi ;
ne cache pas loin de moi ta face
au jour où l’angoisse me tient. (Ps 101(102) 8.2-3).

Marie est là.
Et nous savons que sa proximité
dépasse en intensité, en qualité, toute proximité humaine,
car elle est l’Immaculée Conception.

Marie n’est pas comme les amis de Job
qui accusent,
qui soupçonnent,
qui ont réponse à tout.
« Serait-ce à cause de ta piété que Dieu te corrige
et qu’il entre en jugement avec toi ? »
demande Éliphaz avec ironie.
« N’est-ce pas plutôt pour ta grande méchanceté,
pour tes fautes illimitées ? (Job 22,4-5).

Marie est intérieurement proche du souffrant :
aucune condamnation,
aucun soupçon ne la sépare de l’âme souffrante.

Marie est là et elle intercède.
Elle voit ce que nous ne savons pas bien voir :
Elle voit son Fils crucifié en chaque malade.
Elle le reconnaît
et elle l’entoure de sa présence maternelle.

Elle voit la rédemption du monde
qui se joue encore et encore.
Et elle demeure là, présente et aimante.

Elle prie, elle intercède :
« Ils n’ont pas de vin » (Jn 2,3),
leur noce est desséchée,
leur amour se tarit.
Et la voici exaucée,
exaucée dans le signe de Cana,
mais surtout exaucée dans le jaillissement du Crucifié.

Marie est Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours.
Toujours exaucée.
Cela se manifeste parfois dans le signe de Lourdes,
dans les miracles qui disent la compassion de Dieu.
Cela se manifeste toujours dans le jaillissement de la Vie divine
en plein cœur de l’épreuve, de la souffrance.

Marie est véritablement mère.
Parce qu’elle sert la vie.
Elle aime la vie,
Elle l’appelle,
elle laisse passer la vie,
elle la suscite.

C’est à elle ce soir que nous confions tous nos malades,
tous ceux qui comme Job crient :
« Je voudrais être étranglé !
La mort, plutôt que mes douleurs » (Job 7, 15).

Nous les lui confions
et nous nous insérons dans sa prière.
Car l’Église trouve en Marie le chemin de sa prière.
Nous communions ce soir
à la prière de la Mère de Jésus
pour envelopper de notre intercession
tous ceux qui souffrent dans leur corps,
dans leur esprit, dans leur âme.
Nous le faisons sobrement, silencieusement.
Nous sommes avec Marie au pied de la croix
c’est-à-dire auprès de l’autel du Sanctuaire
et auprès de l’autel de chaque souffrance.

Pour invoquer,
pour appeler la victoire pascale
qui assume toute souffrance
dans le geste d’Amour qui sauve le monde.

Seigneur Jésus,
souviens-toi de ceux qui n’ont plus de vin.
Souviens-toi de ceux dont l’espérance vacille.
Fais-leur goûter ta consolation.

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