Jeudi, 32e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Sg2, 23 – 3, 9 ; Ps 118 ; Lc 17, 20-25
12 novembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Es-tu vraiment sur la bonne route ?

« J’ai trouvé le chemin du Royaume de Dieu ! »
Si un jour on vous dit cela, votre cœur va bondir !

Parce que le « Royaume de Dieu »
est la réalité la plus belle, la plus désirable qui soit.
Le « Royaume de Dieu »,
c’est d’une part la mise en échec, la défaite,
la fin du royaume du mal, des ténèbres,
de Satan, du péché et de la mort.
Le Royaume de Dieu,
c’est la fin de tout ce qui défigure notre humanité,
de toutes les injustices, les haines, les violences.

Mais surtout, le Règne de Dieu,
c’est Dieu qui Règne !
C’est l’Amour des Trois qui règne dans notre humanité.
C’est la respiration de la puissance de Dieu,
le rayonnement limpide de (Sa) gloire (Sg 7,25)
qui traversent nos cœurs, nos vies.
Les mœurs de Dieu deviennent les mœurs des humains.
C’est le trésor que reçoivent les pauvres de cœurs (cf. Mt 5,3).
Trésor qui passe dans les âmes
pour en faire des prophètes et des amis de Dieu (Sg).

Rien n’est plus désirable.
C’est une joie sans fin,
une communion d’amour qui saisit les cœurs.

Si l’on vous en donne le chemin,
faites vite vos bagages, et allez-y !

Mais que nous dit l’Évangile ?
Si on vous dit : le Royaume de Dieu est à New York,
ou à Katmandou, ou à Paris,
n’y allez pas.

Le Royaume de Dieu n’apparaît pas à tel endroit.
Il n’est pas même « épiable ».
On ne peut l’épier comme jadis on épiait les astres
pour comprendre les choses de Dieu.

Vers où partir pour trouver le Royaume ?
Vers ton cœur et vers ton frère, ta sœur,
ton ami, ton ennemi…

Vers ton cœur parce que ton cœur est habité.
Tu n’es pas une coquille vide.
« Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera,
et nous viendrons chez lui,
et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23).

Cherche au profond de ton être
et tu trouveras le Royaume,
tu trouveras l’Amour du Père et du Fils…

Fais ta valise et descends dans ton cœur.

Mais le sens de la Parole de Jésus est inséparablement
« le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17,21).
Fais ta valise, alors, et mets-toi en quête du Royaume
dans chaque rencontre.

Dans chaque vis-à-vis,
dans chaque face à face,
avec ton ami comme avec ton ennemi,
le Royaume est là, disponible.
C’est « Jésus au milieu de nous ».

Si Jésus est là, si ton Époux est là,
tu peux t’unir à Lui, Jésus, pour faire à l’autre, toute sa place.

Le Royaume, ce n’est pas d’être plein,
c’est d’être ouvert, disponible,
accueillant à l’autre avec ce qu’il est, avec son mystère.

Plus tu es uni à Jésus ton Époux,
plus tu es capable d’ouverture.

Dans le fond, il ne s’agit pas de faire sa valise pour partir,
il s’agit de la défaire.
L’amour de Jésus nous rend capables
d’être pauvres et vulnérables devant l’autre.
Bienheureux les pauvres de cœur,
le Royaume des Cieux est à eux ;
et bienheureux ceux qui accueillent le Royaume,
car ils peuvent être plus pauvres devant les autres.

C’est cela que nous allons puiser chaque jour dans l’Eucharistie.
Nous communions à l’amour qui s’ouvre à l’autre.
Nous communions au Christ qui S’est vidé,
qui S’est dépouillé pour qu’avec Lui, dépouillés nous aussi,
nous accueillions les flots d’Amour du Père
pour aimer comme Dieu.

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