FMJ Mtl33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Antoine-Emmanuel
Dn 12, 1-3 ; Ps 15 ; Hé 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32
15 novembre 2015
Saint-Gilles, Bruxelle

Au lendemain des attentats de Paris

De Toi Seigneur dépend mon sort (Ps 15,5).
proclame le Psaume de ce jour.
De Toi Seigneur dépend notre sort…

Devant tant de barbarie, d’atrocités, de sauvagerie
qui touchent quotidiennement notre Terre,
comment ne pas crier vers Dieu :
Seigneur, nous autres les humains, nous sommes capables du pire
parce que le démon nous embarque dans sa sauvagerie.
Seigneur, de Toi dépend notre sort…
Seigneur, si Tu n’interviens pas dans l’histoire,
si Tu ne mets pas le pied dans notre monde,
nous allons nous entre-tuer…
Et pire, nous entre-tuer au nom de Dieu !

Comment se poursuit le Psaume :
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche.
Il est à ma droite, je suis inébranlable (8).
Tu ne peux m’abandonner à la mort (Ps 15,10).

Le Seigneur ne peut pas nous abandonner.
Il ne le peut pas.
Cela ne Lui est viscéralement pas possible,
parce que nous sommes ses enfants
créées à son image et ressemblance.

Notre monde, notre histoire a une espérance,
et cette espérance, c’est Dieu,
mais Dieu qui attend notre cri, notre prière,
car notre prière Lui permet d’agir avec puissance dans l’histoire.
Notre manque de foi lie les mains de Dieu.
Notre confiance les délie.

Aussi, nous prions en ce jour, nous crions…
Nous demandons au Seigneur que s’accomplisse
ce que la Première lecture décrit :
En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges,
celui qui se tient auprès des enfants de ton peuple (Dn 12,1).

Seigneur, que Saint Michel se lève !
Très glorieux Prince des armées célestes,
Saint Michel Archange
défendez-nous dans le combat
contre les principautés et les puissances
contre les chefs de ce monde de ténèbres,
contre les esprits de malice répandus dans les airs.
(Petit exorcisme de Léon XIII)

Car c’est bien d’un combat spirituel
qu’en définitive il s’agit.
Les puissances du mal s’activent pour détruire, pour diviser,
pour ensanglanter la Terre
et surtout pour défigurer le Visage de Dieu.

Le Livre de Daniel poursuit :
Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré (Dn 12,1)
D’où le cri de confiance du Psalmiste :
Tu m’apprendras le chemin de vie :
devant ta face, débordement de joie.
À ta droite éternité de délices (Ps 15,11).

Mais comment le peuple de la Terre sera-t-il délivré ?
Comment les cœurs seront-ils désarmés ?
Comment la haine déguisée en religion s’effondrera-t-elle ?
Quelle réponse Dieu donnera-t-Il à la barbarie des hommes ?

Cette réponse, Dieu ne la donnera pas : Il l’a déjà donnée !
Cette réponse de Dieu ce n’est pas un discours,
c’est une descente, un abaissement infini.
C’est Dieu qui, en son Fils, est descendu.
Il est descendu dans notre haine,
Il l’a prise, Il s’en est couvert,
et Il est descendu plus bas encore,
jusqu’au plus profond des enfers pour terrasser la mort
et en faire le passage vers la vraie Vie.

La lettre aux Hébreux nous l’a rappelé :
Jésus-Christ a offert pour les péchés
un unique sacrifice (Hé 10,12)
Sacrifice infini… « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi M’as-Tu abandonné ? » (Mt 27,46)
Il a consenti à perdre Dieu pour nous donner Dieu,
à perdre le Père pour que nous ne soyons plus orphelins
jetés dans les flots du mal,
sacrifice d’amour qui déborde dans la Résurrection :
Jésus-Christ est désormais assis pour toujours
à la droite de Dieu (Hé 10,12),
c’est-à-dire qu’Il partage la gloire du Père
et qu’ainsi Il nous demeure infiniment proche
avec nous jusqu’à la fin du monde (cf. Mt 28,20).
Et la lettre aux Hébreux précise :
Il attend désormais que ses ennemis
soient mis sous ses pieds (Hé 10,13).

C’est dire que le combat demeure
et demeurera jusqu’à la fin du monde,
mais que ce combat a déjà son issue :
la victoire sur le mal est déjà acquise.
Aucune forme de terrorisme ne pourra
emporter l’humanité dans un abîme de mal sans fin.
Le terrorisme a pour but immonde de semer la terreur.
Il est le langage de la haine qui veut propager la violence.
Langage très puissant, très efficace
qui joue sur la fragilité humaine.
Langage démoniaque
mais qui ne peut l’emporter sur l’Amour de Dieu.

La Croix de Jésus, la Passion de Jésus
n’est rien d’autre que le déchaînement
de la terreur et de la haine contre l’Amour de Dieu,
contre l’humilité de Dieu.
Déchaînement de haine que Dieu a pris sur Lui,
que l’Amour a pris de plein fouet
et auquel Il a donné pour réponse éternelle la Miséricorde.

L’unique victoire contre le mal est la Miséricorde.
Aucune autre réponse ne peut désarmer la violence.
Certes, il faut désarmer les violents,
certes il faut agir avec fermeté
pour rendre les fanatiques hors d’état de nuire,
mais la violence elle-même ne peut être extirpée
que par la miséricorde.

Chers frères et sœurs, où va notre monde ?
Dans le chaos ? Non !
L’évangile de ce dimanche vient de nous rappeler
que toute l’Histoire va vers une rencontre ;
la rencontre du Christ qui vient sans cesse vers nous
dans l’humilité de sa présence aimante
et qui viendra au dernier jour
dans la gloire de son Pardon et de sa Paix
Il « viendra » et il « rassemblera »…
Il nous rassemblera en Lui.

Les douleurs et les terreurs de l’histoire
sont les douleurs d’un enfantement,
de l’enfantement du monde nouveau où la justice habitera.
Le Ciel et la Terre passeront…

L’État islamique passera
comme toutes les puissances terroristes de l’histoire
se sont écroulées les unes après les autres.
La Terre elle-même passera,
et le Christ sera tout en tous.
Il sera tout en tout ceux et celles
qui dans la vie et dans la mort auront dit oui
à l’Amour, à la tendresse, à la Miséricorde.

Nous l’avons entendu dans le Livre de Daniel.
Ceux qui ont l’intelligence resplendiront
et ceux qui sont des maîtres de justice
brilleront comme les étoiles (Dn 1,3).
Acquière l’intelligence de la croix et tu resplendiras !
Ouvre-toi à la justice et la Miséricorde de Dieu,
et tu brilleras comme les étoiles.

« Face à la violence des hommes,
puissions-nous recevoir la grâce
d’un cœur ferme et sans haine.
Que la modération, la tempérance et la maîtrise
dont tous ont fait preuve jusqu’à présent
se confirment dans les semaines et les mois qui viennent ;
que personne ne se laisse aller à l’affolement ou à la haine.
Demandons la grâce d’être des artisans de paix.
Nous ne devons jamais désespérer de la paix,
si on construit la justice. »
(du message du Cardinal Vingt-Trois, le 14/11/2015)

Le Ciel et la Terre passeront,
mais les Paroles de Jésus ne passeront pas.
Elles ne passeront pas
et elles nous feront passer de la mort à la vie.

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