FMJ MtlVendredi, 31e Semaine du Temps ordinaire – B
Fr. Antoine-Emmanuel
Rm 15, 14-21 ; Ps 97 ; Lc 16, 1-8
6 novembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Veux-tu tout donner ?

Un Évangile qui parle clairement de l’argent, de notre argent.
Quelle est la manière évangélique de disposer de notre argent ?
Comment Jésus parle-t-il de l’argent ?
Comme d’un bien dont nous disposons pour peu de temps.
Très peu de temps.
Aujourd’hui tu en disposes.
Demain parce que viendra la mort,
tu n’en disposeras absolument plus.

Il s’agit donc de gérer l’argent en fonction de ce « demain ».
Utilise ton argent pour qu’au moment de ta mort
tu ne te retrouves pas comme un itinérant
sans aucune main capable de t’accueillir.

Et Jésus est audacieux :
Il nous dit d’être astucieux, aussi intelligents
que le sont les gens qui travaillent dans la finance !!!

Où est-elle cette intelligence ?
Est intelligent celui, celle qui a compris une chose :
ce sont les pauvres qui nous accueilleront au Ciel !
C’est étonnant !
Jésus ne dit pas que c’est Dieu
qui nous accueillera dans les tentes éternelles,
mais ce sont les pauvres qui nous accueilleront.
Alors, dépêche-toi de donner de ton argent aux pauvres,
car ce sont eux qui vont t’accueillir demain.

Jésus ne pouvait pas être plus clair sur l’usage de l’argent.
Cet Évangile, nous pouvons alors en élargir la portée.
Ce qui est vrai de l’argent est vrai de tous nos biens.
Tout ce dont nous disposons,
dépêchons-nous de le mettre à disposition des pauvres ;
des pauvres de toutes les sortes de pauvretés possibles.

Dans cet Évangile, les pauvres, ce sont ceux qui sont endettés.
Il s’agit donc de donner tout ce dont nous disposons
à ceux qui vivent sous le poids de toutes sortes de dettes.
En d’autres termes, mets ta vie
au service de la libération des endettés.
Qui est endetté ?
Des millions de nos contemporains
qui ne pourront jamais payer la grande dette du Salut,
car seul Jésus peut payer la grande dette du Salut !

Et nous avons ici l’exemple extraordinaire de Paul
de cet homme qui a consommé sa vie
pour que tous – juifs et païens – aient accès
à la grande libération de dette qu’est le mystère pascal de Jésus.

Paul est un passionné de cette libération.
Et sa passion n’a pas de limite.
Il est saisi par le désir de Dieu que tous les humains soient sauvés.
Dans la lettre aux romains,
il emploie quatre images pour dire ce ministère brûlant de zèle :
il est comme un prêtre qui veut offrir au Père
les humains de toutes les nations :
que toute personne, que toute vie
devienne une offrande agréable au Père.

Il est aussi comme un éducateur
qui veut amener tous les humains à l’obéissance à Dieu,
à l’obéissance de la foi.
Que tous se laissent guider par la Parole de Dieu
faisant de leur vie un grand amour.

Il est aussi un annonciateur, un crieur public
qui veut faire résonner la joie de l’Évangile dans tous les cœurs.
Que l’Évangile soit accompli en tout vie.

Il est enfin comme un bâtisseur,
qui veut unir les vies dans un seul édifice,
qui veut rassembler les humains dans la solidité de la foi,
dans une espérance qui traverse la mort.

Frères et sœurs, nous aussi nous sommes appelés
à être des prêtres, des éducateurs,
des annonciateurs et des bâtisseurs.
Toute vie humaine nous est objet de sollicitude.
Tous les endettés, c’est-à-dire tous nos frères et sœurs en humanité
sont au cœur de notre souci le plus ardent.
Pour que tous soient offerts à Dieu,
obéissants à Dieu, remplis de Dieu, unis en Dieu.
Et que demain, nous puissions
nous accueillir les uns les autres
dans les tentes éternelles,
dans la communion d’amour qui est Dieu.

Dès lors, tout change.
« Chaque jour, frères, je meurs »
peut écrire l’apôtre Paul (1 Co 15,32).
(…)
Qu’importe que l’homme extérieur s’en aille en ruines, en effet,
si en même temps l’homme intérieur
se renouvelle de jour en jour (2 Co 4,16)
(la mort devient don de soi total et radical).
Il n’y a que Dieu qui puisse changer cela,
(qui puisse) faire cette transformation en acte de pur amour.
C’est finalement pour nous révéler sa Pâques de Vie
que le Christ est mort pour nous.
Quel beau mystère !

Frères et sœurs, comme il parle fort
le geste silencieux de la pauvre veuve.
Et toi… et moi…
Tu as donné une piécette déjà.
Veux-tu maintenant donner ton autre piécette ?
Donner tout ?

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