FMJ MtlMardi, 30e Semaine du Temps ordinaire – B
Rm 8, 18-25; Ps 125 ; Lc 13, 18-21
27 octobre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Que ta vie éprouvée, émondée, purifiée, soit du bon pain

Un homme qui jette une semence dans son jardin.
Une femme qui cache du levain dans la farine.

Un travail plus masculin.
Un travail plus féminin.

Jésus, pour parler du Royaume en appelle
au masculin et au féminin.

L’homme qui sort et s’en va jeter la semence.
La femme qui œuvre à l’intérieur.

Il faut l’un et l’autre pour dire le Royaume.

Aucun homme ne peut par lui-même dire tout du Royaume.
Aucune femme ne peut par elle-même dire tout du Royaume.

Voilà la première leçon que le Seigneur dépose en nos cœurs ce soir.

Regardons maintenant ce qui est commun aux deux images.
En un mot, c’est l’enfouissement.

L’homme enfouit la graine de moutarde dans la Terre.
S’il n’y a pas d’enfouissement,
il n’y aura pas de fécondité, il n’y aura pas de vie nouvelle.
Si le grain ne meurt, il reste seul (cf. Jn 12,24).
Mais il ne peut mourir et donner beaucoup de fruits
que s’il est enfoui dans le secret de la Terre.
Il faut que le grain passe par l’obscurité ;
par ce temps où on ne le voit plus
et où lui-même ne voit plus rien,
où tout semble mourir, s’échouer, s’effondrer, se perdre.

Quant à la femme, elle enfouit, elle aussi, le levain.
Elle prend le levain et l’enfouit dans la farine.
Le levain se perd.
On ne le voit plus.
Il devient comme inexistant tant il est caché.
Il est dispersé, perdu, invisible.
Et s’il n’est pas enfoui,
la farine et l’eau ne feront qu’une pâte non levée,
aucune nouveauté ne jaillira.

Que retenir, frères et sœurs ?
Le Royaume ne surgit en ce monde
qu’à travers un passage, un enfouissement.
Le Royaume ne peut pas surgir en nos vies
de manière magique, instantanée.
Il y aura toujours un passage par l’obscurité :
nuit de l’esprit ;
nuit des sens ;
nuits intérieures et extérieures
qui semblent des voies sans issues, des échecs,
voir de la honte.
Mais c’est le chemin du Royaume.
Il faut que le don de Dieu s’enfouisse en nous,
et nous en lui.
Le seul chemin du Royaume
est celui de la Croix de Jésus, n’est-ce pas ?

Que garder encore de ces deux petites paraboles ?
L’excès !
La démesure…
Que devient la petite, la toute petite graine de moutarde ?
Un arbre !
Certains manuscrits disent même un grand arbre…
Or le moutardier n’a rien d’un grand arbre !
Mais dans l’Évangile, oui !
Un arbre où les oiseaux du ciel font leur nid dans ses branches…
Au-delà de la nuit, il y a une vie extraordinaire qui se déploie.
Ta nuit prépare un très grand arbre
qui sera pour beaucoup grâce de repos,
de réconfort, d’ombre et de joie !

Et le levain ?
Luc, comme Matthieu, parle de levain
qu’une femme cache dans « trois panéries »,
ce qui fait 150 litres de farine.
Voilà qui dit la puissance de ce levain !
La fécondité du pain à satiété pour tant et tant de personnes.

Voilà ce qui est au bout de la nuit.
Que tu deviennes du pain pour nourrir une foule.
Que ta vie éprouvée, émondée, purifiée,
soit du bon pain, le pain de Dieu,
le pain levé au levain de Dieu,
le pain de la Résurrection
qui seul comble le profond des cœurs.

Frères et sœurs, ainsi en est-il du Royaume !

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