FMJ MtlSaint Jean-Paul II, pape, 2005
Fr. Antoine-Emmanuel
Rm 6, 19-23 ; Ps 1 ; Lc 12, 49-53
22 octobre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un Feu et un Baptême

Un feu et un baptême.
Voilà ce qui habite le cœur de Jésus.

Un feu… « Je suis venu jeter un feu sur la Terre » (Lc 12,49).
Le feu de l’Amour.
Le feu de l’Esprit.
Le feu qui consume le péché,
qui consume tout ce qui nous sépare de Dieu
et par conséquent, tout nous sépare les uns des autres.
Le feu qui consume et le feu qui réchauffe et éclaire.
Flamme de feu à suivre dans nos nuits
pour trouver le chemin du plus grand Amour.
Flamme qui réchauffe toutes nos froideurs,
tout ce qui en nous s’assoupit ou s’endurcit.

Feu !
Feu du jugement aussi.
Feu de la vérité qui dévoile les profondeurs du Cœur du Père
et dénonce tout ce que l’ennemi du genre humain
ne cesse d’inventer pour nous détourner de la Communion.

Et Jésus ajoute littéralement :
« Et que puis-Je vouloir, si ce feu est déjà allumé ? » (Id.)
C’est dire que Jésus n’a pas d’autre désir que ce feu.
C’est ce qui apparaît si clairement
dans la grande prière de Jésus au chapitre 17 de saint Jean.
« Père qu’ils soient uns ! » (v. 21)
Uns en nous.
Uns de cette unité dont vivent le Père et le Fils…

Un feu… et un baptême.
Jésus ici confesse la douleur qui habite son cœur.
Jésus parle d’oppression intérieure :
« Combien Je suis oppressé
jusqu’à ce que ce baptême soit accompli » (Lc 12,50).

C’est de cette oppression dont Pierre voulait libérer Jésus.
« Non cela ne t’arrivera pas » (Mt 16,22).
Jésus n’a jamais voulu se dérober à cette oppression
qui est devenue un poids infini sur son âme à Gethsémani.
« Mon âme est triste à en mourir » (Mt 26,38).
Un poids infini… celui de tous nos refus,
nos rébellions, nos infidélités.
Poids sans mesure que Jésus librement a voulu prendre sur Lui
pour nous ouvrir la route vers le cœur du Père.

Combien j’ai opprimé le cœur de Jésus.
Combien nous avons chacun opprimé le cœur de Jésus.
Et pourtant, le plus grand désir de Jésus
est de vivre son mystère pascal, son « baptême »,
sa descente jusqu’au fond de la mort et des enfers
pour nous en libérer.
Et sa remontée en vainqueur où Il nous emmène
et où Il nous présente au Père.

Hier, Paul nous parlait de ce grand mystère
de salut, de rédemption, nous invitant
à l’accueillir dans l’obéissance du cœur (Rm 6,17).
Que notre cœur se soumette à l’Évangile !
Que notre cœur se soumette à la gratuité de l’Amour
qui nous sauve.

Le salaire du péché, c’est la mort (Rm 6,23).
Nous le savons bien, le péché nous met la mort dans l’âme.
Le péché est trompeur : il se présente comme vie
et il est la force de mort.
Mais Paul continue aujourd’hui :
Mais le don gratuit de Dieu, c’est la Vie éternelle
dans le Christ Jésus notre Seigneur ! (Id.)

Obéir avec notre cœur à ce don gratuit,
voilà ce que signifie être chrétien.
Et Jésus nous avertit que cela n’est pas facile,
et que cela souvent nous sépare des autres.
Parce que cette gratuité de l’Amour n’est pas accueillie par tous.
Elle sépare le fils et le père, la mère et la fille,
la belle-mère et la belle-fille.
C’est le glaive de la Vérité qui est si tranchant.
On ne peut plaire à Dieu et plaire à tous !
Cela, Jean-Paul II le savait et il en vivait.
Quel courage dans son ministère de prêtre
prenant soin des couples ;
dans son ministère d’évêque en pleine oppression communiste ;
dans son ministère de successeur du Nonce
vécu jusqu’au bout du don de soi.

Et je cite ce qu’il écrivait dans son livre
La Splendeur de la Vérité à la page 181-182 :

Il est venu non pour condamner, mais pour pardonner,
pour faire usage de la miséricorde (cf. Mt 9, 13).
Et la plus grande miséricorde, c’est, pour lui,
d’être au milieu de nous et de nous adresser son appel
à venir à Lui et à Le reconnaître, en union avec Pierre,
comme le Fils du Dieu vivant (Mt 16, 16).
Il n’est aucun péché de l’homme qui puisse annuler
la Miséricorde de Dieu, l’empêcher d’exercer
toute sa puissance victorieuse aussitôt que nous y avons recours.
Au contraire, la faute elle-même fait resplendir encore davantage
l’amour du Père qui, pour racheter l’esclave, a sacrifié son Fils :
sa miséricorde envers nous, c’est la Rédemption.
Cette miséricorde atteint sa plénitude par le don de l’Esprit,
qui engendre la vie nouvelle et l’appelle.
Si nombreux et si grands que soient les obstacles
semés par la faiblesse et le péché de l’homme,
l’Esprit, qui renouvelle la face de la terre (cf. Ps 104/103, 30),
rend possible le miracle du parfait accomplissement du bien.
Un tel renouvellement, qui donne la capacité
de faire ce qui est bon, noble, beau, agréable à Dieu
et conforme à sa volonté, est en quelque sorte
l’épanouissement du don de miséricorde,
qui délivre de l’esclavage du mal
et donne la force de ne plus pécher.
Voilà la certitude réconfortante de la foi chrétienne,
qui lui vaut d’être profondément humaine
et d’une extraordinaire simplicité.

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