FMJ MtlSAINTE MARIE MÈRE DE DIEU – C
Frère Benedict
Nb 6, 22-27 ; Ps 66 ; Ga 4, 4-7; Lc 2, 16-21
1er janvier 2010
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Marie notre refuge

Vous avez probablement remarqué
à quel point le début de l’Évangile de St-Luc,
est rempli de la présence des anges.
À trois reprises ils apparaissent,
annonciateurs et messagers privilégiés
de la venue de Jésus Christ.

À Zacharie, l’ange annonce
la naissance du Précurseur, de Jean-Baptiste.
À Marie, il annonce
la conception virginale du Fils de Dieu.
Aux bergers, une multitude d’anges annoncent
la nativité du Sauveur
et leur indiquent le chemin vers lui.
Puis ils se retirent dans le Ciel
et Luc ne mentionne plus leur présence
tout au long de son Évangile.
Juste à la fin, autour de la Passion
et la Résurrection de Jésus,
les anges reviennent une fois encore
pour annoncer les merveilles de Dieu
et indiquer un chemin nouveau à prendre.

Le silence des anges durant la vie terrestre du Christ
correspond au mystère du Verbe Incarné,
et à la présence d’un dialogue désormais
incessant entre Dieu et l’homme,
un dialogue désormais ininterrompu
entre le Fils de Dieu et sa Mère !

Saint Jean de la Croix nous dit ceci :
Dès lors qu’Il nous a donné son Fils,
qui est sa Parole,
Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner.
Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup
en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire :
car ce qu’Il disait par parties aux prophètes,
Il l’a dit tout entier dans son Fils,
en nous donnant ce tout qu’est son Fils.
Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l’interroger,
ou désirerait une vision ou une révélation,
non seulement ferait une folie,
mais ferait injure à Dieu,
en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ,
sans chercher autre chose ou quelque nouveauté.
(Carm. 2, 22, 3-5)

Cette Parole, chers frères et sœurs,
a été recueillie de manière unique,
et vient à nous, par Marie, la Mère de Jésus.
Sans Marie, la Parole de Dieu
qui est en Dieu toujours un dialogue,
ne saurait devenir vis-à-vis du monde qu’un monologue.
Dieu qui parle et le monde qui se tait,
incapable de concevoir
une réponse adéquate à la Parole de Dieu.

Or, Marie, dans la plénitude de grâce,
entre en dialogue avec Dieu :
tout devient celle
qui enfante le Verbe dans ce monde,
à la fois humble et glorieuse.
« Car Marie ne croit pas
que c’est assez d’accueillir le Verbe,
elle Le médite ;
ni assez de la posséder,
elle s’en imprègne ;
ni assez de donner
son assentiment à la Parole de Dieu,
elle la développe ;
ni assez d’y soumettre la raison,
elle raisonne sur elle,
non pas certes en raisonnant d’abord,
mais en croyant d’abord sans raisonner,
par amour et révérence,
puis en raisonnant après avoir cru. »

Marie retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
C’est-à-dire, comme l’a affirmé un jour le Cardinal Newman,
que Marie est devenue le symbole
« non seulement de la foi des simples,
mais de celle aussi des docteurs de l’Église. »
Le Bouclier des hérésies,
Annonciatrice de la Vérité
et le Trône de la Sagesse.

Cette femme, bien avant Saint Jean l’Évangéliste
est la première théologienne.
Elle porte le Logos de Dieu en elle,
elle est la Théophora,
et plus que les anges et bien avant les apôtres
elle est la Porteuse de la Parole de Dieu
et Annonciatrice de la Bonne Nouvelle.
Pour cela aussi l’aboutissement
du ministère de toute Ancienne Alliance
et figure parfaite de la Nouvelle Alliance.

De manière directe, les bergers sont dirigés
vers Marie, Joseph et le Nouveau-né.
Ils sont renseignés par les anges
sur le fond de l’attente millénaire d’Israël,
sur l’accomplissement des promesses faites à David.
Et ils sont dirigés vers l’Enfant
que Marie vient de mettre au monde
et qu’elle tient aussi bien sur ses bras,
que dans son cœur.

Je ne peux pas m’empêcher
de citer le pape Sixte III
qui dans une lettre adressée à Cyrille d’Alexandrie,
affirme juste après le Concile d’Éphèse en 431,
où la Vierge Marie était nommée
non seulement Mère du Christ
mais également Vierge Mère de Dieu,
qu’il croit et confesse :
« que la sainte Vierge est Mère de Dieu,
parce que le Verbe de Dieu S’est fait chair
et S’est fait homme,
et dès la conception
Il S’est uni le Temple
qu’il a pris d’elle. » (Denz 272)

Ce Temple, frères et sœurs,
c’est bien l’humanité du Verbe
dont la Vierge était une libre et généreuse donatrice !
Ce Temple c’est aussi notre vie habitée par le Verbe
grâce à la Mère de Dieu !
À ce Temple, Jésus S’est uni
non pas pour un moment,
mais pour toujours.
Et si l’on veut, par conséquent, s’unir à Lui,
il faut s’unir à Marie qui a conçu le Christ
non seulement dans la chair
mais d’abord dans la foi.
Il n’y a d’autre Temple
que celui dans lequel le Fils de Dieu a voulu entrer.
Et c’est la foi de Marie
et son humanité qui sont partagés
et développés aujourd’hui dans l’Église.

Ces nombreux privilèges de grâces,
ne font cependant pas de Marie un être à part.
Thérèse de Lisieux était triste
quand on faisait de la Vierge Marie
quelqu’un d’inaccessible, trop élevée pour nous,
alors que Marie ne vivait que pour le service,
toujours dans la simplicité de son pays,
souvent aux prises avec les souffrances de tout le monde,
et finalement elle-même
participante aux souffrances inexprimables
de son Fils Jésus.

Si nous célébrons aujourd’hui
Marie Mère de Dieu dans une solennité,
c’est pour nous permettre
de nous confier nous-mêmes
et toute cette nouvelle année qui commence
à sa bonté maternelle.
Vous savez peut-être que
dans la prière la plus ancienne connue
adressée à Marie et composée en Égypte
déjà 200 ans avant le Concile d’Éphèse,
Marie est appelée Mère de Dieu,
chaste et seule bénie,
mais aussi notre refuge de miséricorde.

C’est la prière qui commence en latin par les mots :
« Sub tuum praesidium confugimus ».
« Sous ta miséricorde,
nous nous réfugions sainte Mère de Dieu.
Accueille notre prière
et délivre-nous de tout danger
Vierge Sainte et bénie »,
Cette prière composée autour de l’an 250
manifeste que des toutes premières générations
des chrétiens, dans la liturgie,
comprenait et exprimait avec confiance
leur foi dans la Mère de Dieu
et dans sa présence irremplaçable dans leur vie.

Car se réfugier en Marie
ce n’est pas juste une affaire de piété.
C’est imiter notre Seigneur Lui-même,
dont sa Mère était un refuge
tout au long de sa vie terrestre
et c’est accomplir son commandement,
la Parole qu’il a laissée à son disciple bien-aimé :
« Voici ta Mère ! » (Jn 19,27).
Une parole qui complète une autre
qui la précède et qui en est le fondement :
« Femme, voici ton fils » (v. 26)

Confions donc à Marie
toute cette année qui commence.
Confions-nous à celle
qui donne chair à la Parole de Dieu.
Qui incarne et qui conduit vers son accomplissement
toutes les promesses de Dieu
et qui déborde en même temps de tendresse
vis-à-vis de tous ses enfants.
Marie, notre Refuge, prie pour nous. Amen

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