FMJ MtlMercredi, 7e Semaine après Pâques – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 20, 28-38 ; Ps 67 ; Jn 17, 11-19
19 mai 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Dans le monde, mais pas du monde

« C’est votre intérêt que je m’en aille,
car, si je ne m’en vais pas,
le Paraclet ne viendra pas à vous ;
mais si je vais, je lui donnerai mission auprès de vous » (Jn 16,7).

Frères et sœurs, cela, Jean ne l’a-t-il pas compris
au pied de la croix en voyant l’eau couler du côté de Jésus :
Jésus est parti,
Jésus est entré dans sa Pâques,
pour donner l’Esprit.
Pour nous donner l’Esprit.

Sa mort est une prière en acte
pour que l’Esprit vienne sur nous.
Et c’est dans cette lumière que nous pouvons lire
la grande prière de Jésus à l’heure de sa Passion,
et en particulier ce verset de l’Évangile de ce jour :
« Père Saint, garde-les [mes disciples]
dans ton Nom » (Jn 17,11).

Que fait Jésus ?
Jésus pose son regard sur tous ceux qui,
siècles après siècles,
seront de ses disciples,
et il demande au Père pour eux, pour nous,
une grâce, un immense cadeau :
Que le Père nous garde dans son nom.

Dans son nom de « Père » ;
non pas tel que nous le pensons,
c’est-à-dire dans une paternité encore à notre image,
mais tel que Jésus l’a vécue,
tel que Jésus l’a reçue,
dans une paternité dont l’amour et la tendresse
dépassent ce que nous pouvons imaginer.
Le désir de Jésus est que nous connaissions le Père
comme lui l’a connu en son humanité
et que nous soyons gardés,
protégés, maintenus dans cette relation.

Voilà ce que l’Esprit fait en nous.
Il nous fait aimer le Père.
L’Amour pour Dieu
a été répandu dans nos cœurs
par le Saint Esprit (Rm 5,5).
L’Esprit Saint nous garde dans la Paternité de Dieu.
Cela, Jésus le demande pour nous,
afin que nous ayons sa joie en plénitude.

Sa mort sur la croix est prière
pour que nous ayons la plénitude de joie
qui vient de la connaissance du Père.
Joie d’une relation filiale qui fait chanter nos cœurs.

L’Esprit Saint attend patiemment que nous le délivrions,
que nous lui permettions de déployer en nous
toute sa puissance d’amour qui nous découvre le Père
et nous fait lui chanter un chant nouveau qui déborde de joie !

*

Mais où sommes-nous appelés à vivre
de cet amour et de cette joie ?
Quel est le lieu où nous pourrons accueillir l’Esprit
et aimer le Père de tout notre être ?

N’est ce pas hors du monde
puisque le monde n’aime pas Dieu ?

Si tu veux aimer Dieu,
ne faut-il pas que tu te sépares du monde ?

Jésus ne demande pas cela pour nous, au contraire !
« Père, Je ne te prie pas pour que Tu les enlèves du monde,
mais pour que Tu les gardes du mauvais » (Jn 17,15).
Et là encore, c’est l’Esprit Saint que Jésus demande pour nous.

Jésus nous appelle à une communion très profonde
avec nous-mêmes et avec tous
sans l’ombre d’un jugement, sans l’ombre d’un mépris,
en accueillant notre propre humanité avec ses misères,
en accueillant toutes les misères de l’humanité entière,
avec une grande proximité,
avec une compassion profonde, une franche sympathie.
Et en même temps,
il nous appelle à ne céder en rien au non-amour de Dieu
qui est en nous et autour de nous.
Il nous appelle à dire non avec force
à tout ce qui méprise le Père, l’oublie, le rejette, le défigure

Être amoureusement immergés dans le monde.
Reconnaître que nous y sommes en mission
et en même temps refuser obstinément
sa tendance à vivre sans Dieu,
sa volonté de mettre Dieu à la porte.

Être dans le monde, c’est compatir et ne juger en rien
la femme qui condamne à mort son enfant à naître.

Ne pas appartenir au monde,
c’est crier vers Dieu et lui demander pardon
pour l’atrocité de ce crime
contre l’être le plus démuni qui soit,
l’être le plus vulnérable.
C’est nommer le péché
et proclamer la miséricorde pour les pécheurs que nous sommes.
Il demande au Père que nous soyons un peuple de prophètes.

Frères et sœurs, tout cela,
Jésus l’a demandé pour nous dans sa mort sur la Croix.
Il l’a demandé au Père,
parce que nous ne pouvons y parvenir par nous-mêmes.
Il demande au Père que nous soyons très présents au monde
et très distants de son esprit frondeur qui n’aime pas Dieu.
Et cela est bien le don de l’Esprit Saint.
C’est le chef-d’œuvre de l’Esprit Saint.

C’est le grand don de Pentecôte !
Avec la venue de l’Esprit,
les apôtres ne se sont pas enfermés dans le Cénacle
pour y aimer le Père en toute tranquillité.
Ils sont sortis du Cénacle pour appeler au repentir
et pour annoncer les merveilles de Dieu.
Ils se sont plongés dans le monde qui n’aime pas Dieu
pour y être contagion d’Amour.

Esprit Saint, Esprit du Père, Esprit de Vérité,
viens en nous, souffle en nous, réveille-nous.
Fais-nous chanter au Père un chant nouveau.
Fais-nous chanter au monde la nouveauté de l’Évangile !

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