FMJ MtlASCENSION DU SEIGNEUR – C
Fr. Théophane
Ac 1, 1-11 ; Ps 46 ; He 9, 24-28 ; 10, 19-23 ; Lc 24, 46-53
16 mai 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Signe et instrument de la Présence de Dieu

« Galiléens, pourquoi restez-vous ainsi
à regarder le ciel ? »  (Ac 1,11)
Y-aurait-il un peu de nostalgie à voir se dérober à vos yeux
Celui dont vous êtes les disciples et les amis ?
Ce serait si compréhensible…
Lorsqu’un ami nous quitte,
n’y a-t-il pas un peu de mélancolie dans nos cœurs,
d’autant plus quand cette personne nous est chère ?
C’est humain !
Ne croyez vous pas ?

Frères et sœurs, ces hommes de Galilée
restent à regarder le ciel,
mais sont-ils ébranlés par le départ de Jésus ?
Non, frères et sœurs.
L’Ascension de Jésus n’affecte en rien les disciples.
Bien plus, dans le récit des Actes des Apôtres,
nous les retrouverons dans le Temple,
louant et bénissant le Seigneur.
Le Maître les quitte et ils sont dans la joie,
une joie débordante même.

Frères et sœurs, quel paradoxe !
Comment comprendre cette joie
qui habite le cœur des disciples ?
Une chose est certaine,
cette joie ne signifie pas qu’ils sont enfin heureux
de pouvoir retourner à leurs affaires personnelles.
Non ! Ils n’avaient pas besoin de cela pour quitter Jésus.
À un moment donné, Jésus lui-même
ne leur a-t-il pas posé cette question :
« Voulez-vous partir vous aussi ? »  (Jn 6,67)
Mais, ils avaient choisi de demeurer avec lui.

La joie des disciples est bien trop profonde et vraie.
Pour la pressentir, il nous faut comprendre ce qu’est l’Ascension.
Concrètement, l’Ascension de Jésus a lieu 40 jours après Pâques,
40 jours après la résurrection de Jésus.
Elle clôt les apparitions du Ressuscité
et marque une étape nouvelle dans la vie des disciples de Jésus.

De quelle étape s’agit-il sinon de celle où la foi des disciples,
leur foi en la résurrection de Jésus
n’est plus tributaire de sa présence visible.
Cette expérience de la résurrection est gravée dans leur cœur.
Au besoin, ils pourront en faire mémoire.
Ils pourront y puiser nourriture et force pour leur vie quotidienne.

Les disciples sont donc imprégnés
de l’expérience de la résurrection de Jésus.
Une expérience qui s’exprime par la joie,
la joie de communier à la Vie de Jésus
et de participer à sa mission.
En effet, Jésus choisit d’envoyer ses disciples
pour être témoins de sa résurrection.
L’annonce de la Bonne Nouvelle est entre leurs mains.
Pour cela Jésus ne les laissera pas sans assistance.
L’Esprit-Saint viendra sur eux.
Jésus choisit de leur faire confiance.
Avec les jours de la Passion,
ils avaient abandonnés leur Maître.
Jésus leur a pardonné.
Il renouvelle sa confiance.
Ce n’est pas rien cette expérience.
Ce n’est pas rien de se faire interpeller :
J’ai besoin de toi, j’ai confiance en toi.
J’ai confiance en l’œuvre de l’Esprit dans ta vie ;
tu l’accueilleras, il te conduira.
Il sera ta vie et ta joie.

*

Frères et sœurs, cet honneur propre à tout disciple, à tout baptisé,
me rappelle l’histoire de Gabriel, un jeune adulte.
C’était l’an passé lors d’un évènement jeunesse à Québec.
Un après-midi missionnaire était au programme.
Gabriel s’est donc retrouvé avec d’autres dans un parc
pour aller à la rencontre des gens
pour une mission d’évangélisation.

Oh ! Gabriel, par nature, ce n’est pas un aventurier,
ni un grand communicateur.
Il est plutôt timide.
C’est un jeune avec ses questions,
avec ses doutes, ses blessures.
Pour Gabriel, cela lui semblait impossible.
Il n’avait jamais fait cela.
Ce n’est pas facile d’être témoin.
C’est exigeant.
En même temps, dans son cœur,
il lui semblait entendre la voix de Jésus :
J’ai besoin de toi.
J’ai confiance en toi.
Est-ce que tu acceptes que j’aie besoin de toi,
que j’aie besoin de toi pour me manifester
à ceux qui ne me connaissent pas ?
Au fond, est-ce que tu me fais confiance ?

Gabriel a été touché au cœur et a osé l’expérience.
Il a notamment rencontré une maman et ses 3 enfants.
Il a vécu une rencontre toute simple, nullement prosélyte,
mais si authentique, si vraie, si belle.

En témoignant de sa foi,
il a annoncé l’amour de Dieu
pour cette femme, son mari et ses enfants.
Cette femme a été touchée par Gabriel et en retour,
cette femme a suscité dans le cœur de Gabriel
l’émerveillement et la joie d’être témoin.
L’Esprit était à l’œuvre.

Frères et sœurs,
Dieu a voulu avoir besoin des premiers disciples,
comme il a voulu avoir besoin de Gabriel ce jour-là,
comme il veut avoir besoin de nous, de toi et de moi,
pour que nous soyons témoins de son œuvre
et pour nous donner en partage la joie d’être témoin.

Mais, de cette expérience, frères et sœurs,
une autre leçon est à tirer.
Au fond, dans cette rencontre entre Gabriel et cette femme,
l’un pour l’autre, ils ont été instrument de Dieu.
Le Seigneur Lui-même était présent.
Il était à l’œuvre.
« Galiléens pourquoi restez-vous ainsi
à regarder le ciel ? »(Ac 1,11)
Tout simplement parce que dorénavant,
le Ciel et la Terre sont intimement liés.
Le Seigneur Jésus est présent en son Corps qu’est l’Église.
Membres du Corps du Christ,
nous sommes appelés à manifester
la présence agissante et aimante de Dieu pour notre monde
là ou nous sommes, là où les évènements nous conduisent.

Du Ciel, Jésus se tient pour nous devant la Face du Père.
Il intercède même pour nous.
Bien plus, il est ce Ciel perpétuellement ouvert,
gage de notre destinée.
Oui frères et sœurs, notre destinée est là-haut.
Unis à Jésus, nous sommes déjà citoyens du Ciel.

Pourquoi regarder le ciel ?
Pour nous ouvrir à la venue de l’Esprit.
Pour qu’en gardant les pieds bien sur terre,
à travers nos gestes, nos paroles,
à travers toute notre vie,
se construise un monde plus humain, plus juste, plus vrai.

En regardant vers le ciel, frères et sœurs,
c’est-à-dire en regardant vers Dieu,
nous verrons que ce n’est pas le ciel qui est vide,
mais que c’est notre monde qui se déshumanise
lorsque les humains cessent de regarder le Ciel,
de regarder vers Dieu.

Frères et sœurs, en cette Eucharistie,
que le Seigneur vienne nous renouveler.
Qu’il nous donne de prendre plus vivement conscience
de l’honneur et de la responsabilité qui est la nôtre
dans l’annonce de cette Bonne Nouvelle du Salut
offert en Jésus-Christ.
Une annonce qui est source de joie et qui se partage.

Frères et sœurs, soyons les uns pour les autres
signe et instrument de la présence de Dieu en notre monde,
en notre ville de Montréal. Amen

© FMJ – Tous droits réservés.