FMJ MtlVIGILES PASCALES – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ro 6, 3b-11 ; Ps 117 ; Lc 24, 1-12
3 avril 2010
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Corps de gloire ?

J’admire Joseph d’Arimathie qui a pris soins du corps de Jésus.
Son statut de membre du Sanhédrin,
lui permettait de se présenter devant Pilate
afin de réclamer le corps de Jésus.
Il l’a fait !
Et il a déposé le corps du Maître dans son propre tombeau neuf
après avoir acheté un suaire de drap pur (cf. Mt 29,59)
avec lequel il enveloppa la dépouille.

J’admire Nicodème qui acheta
une quantité énorme de myrrhe et d’aloès : 100 livres ! (cf. Jn 19,39)

J’admire Marie de Magdala et les autres femmes
qui dès l’aube profonde apportèrent encore d’autres aromates.

Tous agissent comme s’ils avaient déjà compris
que Jésus leur appartient.
« Ceci est mon corps livré pour vous » (Lc 22,19)  ;
Jésus appartient à ses disciples.

*

On comprend alors le drame pour les femmes
qui trouvent le tombeau vide :
elles entrent et ne trouvent pas
le corps du Seigneur Jésus (Lc 24,3).
Ce corps qui nous appartient n’est plus là.

Que s’est-il passé ?
Il a été enlevé par Dieu dans sa colère ?
Il a été volé ? Profané ?
C’est un moment terrible, dramatique
mais qui ne dure pas car voici deux hommes en habit éclair
qui leur donnent ces paroles extraordinaires:
« Il S’est réveillé » (Lc 24,6).
« Il S’est ‘levé’ le troisième jour » (v. 7).

Il vient de se passer quelque chose de complètement nouveau
– celui qui est mort dans le don se soi est ressuscité –
l’amour est plus fort que la mort.

Jésus est devenu « le Vivant » disent les deux hommes.
Le Vivant sans un corps ? Non !
Le vivant comme Lazare réanimé ? Non !
Le vivant dans un autre corps d’ici-bas ? Non !
La réincarnation ou la métempsychose
sont la négation radicale de la Résurrection.
Il est « le Vivant » dans son corps,
dans son même et unique corps,
dans son corps devenu corps glorieux.

Il ne s’agit pas de l’immortalité de l’âme seule,
ni de la résurrection du corps seul,
mais de la résurrection de la personne
avec sa dimension corporelle.

Avec son corps,
Jésus s’est « réveillé » éternisé, glorifié, amorisé.

Son corps ne s’est pas décomposé ;
son corps n’a pas été oublié ou mis de côté ;
son corps n’a pas été supprimé par magie : il est glorifié.

C’est bien un corps humain,
ce corps par lequel il rencontre les femmes,
les disciples à Emmaüs,
les apôtres et tant d’autres depuis 20 siècles !

Un corps humain glorieux.
Mais, dans son corps glorieux,
est-ce que Jésus nous appartient ?
Oui ! « Ceci est mon corps livré pour vous ».

Vous me direz : rien ne semble plus insaisissable
que le corps de Jésus dans les Évangiles de la Résurrection !
Jésus lui-même ne dit-il pas à Marie-Madeleine :
« Ne me touche pas ! » (Jn 20,17)

Mais, si Jésus ne se laisse pas saisir
par le toucher corporel de Marie de Magdala,
c’est parce qu’il se donne à elle et à nous
de manière infiniment plus profonde :
il veut que nous le saisissions avec tout notre être
sans jamais nous limiter au sensible.
S’il se « donne à voir » à quelques uns,
c’est pour susciter la foi,
la foi dans sa présence de ressuscité
où il est entièrement donné,
où il nous appartient totalement.
« Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui,
il paît son troupeau parmi les lys. » (Ct 2,16)

Un corps glorieux est un corps qui n’est que don.
Un corps devenu eucharistie.

*

Frères et sœurs, Jésus ressuscité
vient à nous en cette nuit en son corps glorieux.
Pour le recevoir, il nous faut l’accueillir tel qu’il est : don total.
Don total qui nous envahit si nous le laissons venir en nous !
Don total qui fait que nous ne pouvons que nous donner à lui.
Et nous donner avec lui au Père.
Et nous donner avec Lui aux autres.

Jésus commence à nous ressusciter jusque dans notre corps !
Il sème de l’éternité, c’est-à-dire de l’Amour
dans nos corps, dans tout notre être.

Nous avons avec le Carême renoncé
aux ténèbres de l’égoïsme et de l’injustice
et maintenant en cette nuit,
l’Époux vient semer l’Amour en nous.
Il vient ressusciter en nous.
Il vient nous réveiller à l’Amour.
C’est le don du baptême,
don que Sylvie va recevoir dans un instant,
don renouvelé en nous tous en cette nuit bénie !

Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
cela veut dire :
je te donne la vie éternelle
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Jésus désormais est en toi et tu es en Jésus.
En toi la mort est vaincue.
Vis désormais de ce don,
vis ta vie comme un don
et tu vivras éternellement.
Amen

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