FMJ Mtl21e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; He 12, 5-7.11-13 ; Lc 13, 22-30
22 août 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Chercheurs de Dieu

Qu’elle est impressionnante la vision
qui conclut le livre du prophète Isaïe.
Le Seigneur Lui-même vient rassembler
toutes les nations de la Terre
qui, ensemble, montent voir la Gloire de Dieu.
Tous les peuples entrent dans la joie du Salut.
Des hommes de toutes nations
deviennent missionnaires du Dieu de l’Alliance ;
de tous les peuples viennent des prêtres…

Quelle merveilleuse annonce !
Annonce que Jésus Lui-même
vient de nous confirmer dans l’Évangile :
On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi,
prendre place au festin dans le Royaume de Dieu (Lc 13,29).

Cette ouverture extraordinaire,
ce rassemblement de tous les peuples,
c’est le grand fruit de la Pâques de Jésus
venu rassembler dans l’unité
les enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52).

Saint Paul en a été le grand instrument.
Pour lui le « mystère » du Christ était d’abord cela :
les païens sont admis au même héritage,
membres du même Corps,
bénéficiaires de la même Promesse (Ép 3,6).

Avec la Pâques du Christ, les barrières sont tombées
et l’Évangile s’est diffusé dans le monde entier.

De fait, vingt siècles d’histoire chrétienne
en témoignent d’une manière inouïe.
L’Évangile a atteint les quatre coins de la Terre.
Il suffit de penser à St-François Xavier au Japon
ou Matteo Ricci en Chine.
Quel élan extraordinaire!
L’Église témoigne d’une universalité magnifique :
il suffit de regarder notre assemblée ou de nous rappeler
combien l’Église est aujourd’hui courageuse en Asie
ou florissante en Afrique et en Amérique latine.

*

Et chez nous en Occident ?
Nous ne savons que trop
que l’Église connaît aujourd’hui une grave désaffection,
et qu’une autre religion, l’Islam,
revendique fortement, elle aussi, l’universalité.

Comment comprendre cela ?
Ou, mieux, que nous disent ces événements ?

Deux regards sont possibles.
Le premier regard est un regard sociologique
que l’on retrouve très souvent dans les médias :
notre heure est celle du déclin du christianisme
désormais à bout de souffle.
La foi catholique appartient au passé.
Et certains d’ajouter que nous sommes dans l’âge
d’une spiritualité universelle a-religieuse,
de fait quasi panthéiste.
Pour beaucoup, c’est plutôt l’âge de l’humanisme athée
où l’on n’a plus besoin de l’idée de Dieu…

C’est un regard…

L’autre regard est celui qui se fonde sur la promesse de Dieu,
sur sa Parole qui ne passe pas.
La Parole de Dieu nous dit
que la croissance du Corps du Christ est en cours.
C’est-à-dire que le Christ ressuscité
ne cesse pas d’attirer à Lui tous les humains,
que nous le voyions ou non.
Le point Ω de l’histoire, son terme, est indubitable :
tout sera rassemblé dans le Christ.
Il n’y a d’avenir pour l’humanité que dans le Christ.
Il n’y a d’éternité pour l’humanité que dans le Christ.

Cela c’est la certitude que nous donne la Parole de Dieu
qui ne se trompe ni ne nous trompe.
Alors que se passe-t-il en Occident
sinon une purification nécessaire pour l’humanité croyante,
afin de conduire toute l’humanité
à son terme de lumière dans le Christ.
Purification d’un christianisme qui a tendance à s’installer.
Nuit de la foi parce que nous manquons de chasteté
devant le Mystère de Dieu.
« Ce que vous endurez est une correction,
dit l’auteur de la lettre au Hébreux.
« Dieu se comporte envers vous comme envers des fils (Hb 12,7).

Et l’Islam?
Les musulmans pieux et pacifiques ne sont-ils pas
pour toute l’humanité une provocation
à retrouver le sens de Dieu ?
L’Islam, comme le judaïsme, nous rappellent aussi
les exigences de la justice, la nécessité de la loi,
de l’obéissance au Dieu de l’Alliance.

*

Frères et sœurs, cette purification,
cette provocation doivent nous réveiller,
susciter en nous une sainte jalousie,
stimuler parmi nous le désir de retrouver
le plus beau, le plus vrai, le plus pur de la foi chrétienne.

Cette foi lumineuse qui assume la justice, la Loi,
mais appelle au-delà, à la charité, à une divine charité,
et nous révèle et nous conduit au Christ, source de cette charité.
Cette foi bouleversante qui non seulement
nous donne le sens de Dieu,
mais nous mène jusqu’à l’adoration filiale du Père
dans l’Esprit et la Vérité (cf. Jn 4,23).

À nous frères et sœurs,
d’ouvrir les yeux sur les signes des temps
et d’être des chercheurs d’or
qui remontent la rivière de la tradition chrétienne
pour découvrir, pour redécouvrir
les plus beaux trésors de la foi chrétienne,
pour en vivre, pour en témoigner, pour les offrir au monde.
Ce trésor est caché nous dit l’évangile.
Et il faut tout vendre pour acheter le champ.
La perle de grand prix, la foi pure,
ne se trouve pas immédiatement
et il faut se défaire de toutes nos autres perles pour l’acquérir.
La porte est étroite et il faut, pour la franchir,
nous dépouiller de toutes nos fausses espérances
et de tous nos faux visages de Dieu.

*

La porte est étroite, mais elle ouvre
sur la salle du banquet du Royaume
qui est vaste, divinement vaste
pour accueillir toute l’humanité
car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés
et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2,4).

La nuit de l’Occident, la provocation de l’Islam :
Dieu permet ou suscite tout cela
pour que nous cherchions le trésor de l’Évangile,
pour que nous cherchions la perle de la foi,
pour que nous franchissions la porte étroite.

Cherchez-la avec votre intelligence scrutant l’Écriture
et l’enseignement de l’Église, avec votre cœur par la prière,
avec votre vie en choisissant de vivre l’Évangile !

Ce qui est magnifique, c’est qu’à chaque fois
que nous donnons notre foi avec l’intelligence, le cœur, la vie,
de nouveaux horizons de vie s’ouvrent,
une nouvelle liberté se découvre en nous.

Que Marie, notre Reine nous aide
à chercher sans nous lasser le Visage de Dieu.
Chercheurs de Dieu que vive votre cœur ! (Ps 68(69) 33)

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