FMJ Mtl33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Dn 12, 1-3 ; Ps 15 ; Hé 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32
15 novembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ciel et terre passeront, Ses Paroles ne passeront pas

Quel contraste entre le soleil qui s’obscurcit,
la lune qui perd son éclat d’une part,
et le figuier dont les feuilles commencent à sortir d’autre part.
Et pourtant, l’un comme l’autre, sont des phénomènes naturels.
Le premier apparaît à nos yeux comme une catastrophe,
il nous impressionne, il nous effraie même.
Le deuxième passe souvent inaperçu,
ou alors si nous y prêtons attention,
il nous réjouit et nous apaise.

Jésus aujourd’hui met ces deux phénomènes en parallèle.
Ainsi, Jésus veut nous apaiser,
Il veut nous aider à rentrer en nous-mêmes
pour accueillir sa venue en nos vies,
pour accueillir sa Parole,
fut-ce au milieu d’évènements qui nous bouleversent.

Les attentats qui ont eu lieu à Paris vendredi dernier
ont de quoi nous choquer, nous révolter même.
Et ils sont choquants.
Comment des êtres humains peuvent-ils ainsi
tuer des dizaines d’autres humains innocents
en se faisant exploser au milieu d’eux !
Comment n’ont-ils pas le respect
ni de la vie d’autrui, ni de leur propre vie ?

Grande est la tentation de désespérer de l’être humain,
ou même de céder à la vengeance ou à la haine.
Jésus, Lui, nous appelle à poser un autre regard
sur de telles situations :
une vie nouvelle est en train de germer.
Comment cela ?

Replaçons le passage de l’Évangile que nous venons d’entendre
dans son contexte de l’Évangile selon saint Marc.
Nous sommes dans le discours eschatologique de Jésus,
son discours sur les fins dernières, au chapitre 13.

Tout commence par un regard d’admiration des disciples
sur les belles pierres du Temple de Jérusalem.
À cela Jésus répond qu’il n’en restera pas pierre sur pierre.
Et effectivement le Temple de Jérusalem sera détruit
par les armées romaines en l’an 70.

Cela donne l’occasion à Jésus
de parler de façon plus générale de la fin de ce monde.
Jésus donne un certain nombre de signes avant-coureurs
de la fin des temps : les guerres, les rumeurs de guerre.
Et Jésus ajoute « ne vous alarmez pas, il faut que cela arrive,
mais ce ne sera pas encore la fin » (Mt 24,6).
Puis Jésus parle de tremblements de terre, de famines :
« Ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement » (v. 8).

Jésus Se met alors à parler des persécutions
que les chrétiens auront à subir en raison de leur foi :
« Vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois,
à cause de Moi, pour rendre témoignage en face d’eux » (Mc 13,5).
« Vous serez haïs de tous à cause de mon nom » (v. 13).

Viennent alors les signes cosmiques
que nous avons entendus tout à l’heure :
« le soleil s’obscurcira, la lune perdra son éclat,
les étoiles tomberont du ciel
et les puissances célestes seront ébranlées » (v. 24-25).

Voilà donc tous ces signes avant-coureurs de la fin des temps.
Nous assistons déjà à beaucoup de ces signes
au cours de notre vie sur Terre :
guerres, persécutions, catastrophes naturelles.
Il y a juste la fin des astres du ciel
à laquelle nous n’avons pas encore assisté,
mais nous savons que la science astrophysique prévoit cette fin.
Ce qui est intéressant pour nous,
c’est que Jésus ne nous parle pas de ces signes
pour nous alarmer, ni pour nous menacer,
mais pour nous ouvrir à une réalité au-delà :
sa venue dans la gloire.

« Alors on verra le Fils de l’Homme venir sur les nuées
avec grande puissance et grande gloire.
Il enverra les anges pour rassembler les élus
des quatre coins du monde,
de l’extrémité de la terre à l’extrémité du Ciel » (v. 26-27).

Et là encore, Jésus ne nous parle pas ainsi pour nous impressionner.
C’est la perspective finale de la parousie,
du second avènement du Christ à la fin des Temps.

Mais le Fils de l’Homme viendra d’autant mieux sur les nuées
que nous, les humains, aurons su accueillir Sa Parole en nos vies.

Les anges rassembleront d’autant mieux les élus
des quatre coins du monde
que ceux-ci auront été pétris par la Parole de Dieu.

En ce sens, le discours eschatologique de Jésus
n’est pas une spéculation sur un avenir lointain, ni une prédiction.
D’ailleurs, Jésus décourage toute personne
qui voudrait se lancer dans la prédiction de la date de la Parousie :
« Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaissent,
pas même le Fils, mais seulement le Père » (v. 32).

Il est un appel fort pour notre engagement ici et maintenant.
Les guerres, les persécutions, les tremblements de terre,
les famines, c’est cela que les gens vivaient du temps de Jésus.
C’est cela que nous vivons de notre temps.
Et même le soleil et la lune qui s’obscurcissent !
Cela ne se produit pas encore au sens propre
– sauf pour un temps, quand surviennent des éclipses –
mais cela se produit dans nos vies au sens figuré,
quand nous perdons une bonne situation, la santé ou un être cher.

En ce sens Jésus peut dire : « cette génération ne passera pas
avant que tout cela n’arrive » (v. 30).

La génération du temps de Jésus a été témoin
de la destruction de Jérusalem en l’an 70.
Notre génération à nous, ou plutôt les diverses générations
que nous constituons, est témoin des guerres
ou guérillas interminables au Moyen-Orient, en Syrie ou en Israël,
des exactions à échelle mondiale de groupes terroristes,
tels que Daech ou Boko Aram,
de l’émigration de millions de personnes au péril de leur vie,
de catastrophes naturelles ou écologiques,
des inégalités sociales criantes et des violences que cela entraîne.

Certains pensent que notre époque est la pire époque
avec tout ce qui se passe.
Mais si nous lisons des commentaires
que bien des gens faisaient autrefois sur leur époque,
nous en trouvons beaucoup qui pensaient aussi
que leur époque était la pire des époques.

Les paroles de Jésus nous permettent ainsi
de relativiser toutes les horreurs
dont nous pouvons aujourd’hui
être les témoins ou les victimes.
« Le ciel et la terre passeront,
mes paroles ne passeront pas » (v. 31).

Soyons donc des hommes et des femmes de notre temps,
bien au fait de l’actualité que vit notre monde,
mais ne nous laissons pas balloter
par les émotions de tous les soubresauts
que vit notre monde ou que nous vivons.
Derrière les murs qui croulent, il y a de l’herbe qui pousse,
il y a des figuiers qui bourgeonnent.
Et nous savons, ici au Québec,
comment les arbres qui perdent leurs feuilles en automne,
se préparent déjà à refleurir au printemps.

Soyons ancrés dans la Parole de Dieu
et nous traverserons les soubresauts de notre monde.
Mieux encore, les soubresauts de notre monde,
loin de nous nuire, nous permettront de porter des fruits de vie.
Comme Jésus, dont la mise à mort sur la croix
a permis la manifestation de sa résurrection.
« Les sages brilleront comme la splendeur du firmament
– nous dit le prophète Daniel aujourd’hui –
et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude
resplendiront comme les étoiles
dans les siècles des siècles » (Dn 12, 1-3)

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