FMJ MtlSamedi, 13e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Am 9, 11-15 ; Ps 84 ; Mt 9, 14-17
5 juillet 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Vêtement neuf et outres neuves

Jésus est à table chez Lévi.
Il y a là des collecteurs d’impôts, des pécheurs.
La pègre de Capharnaüm.
Un mélange de mafieux et de Hells Angels.

Pour les Pharisiens, c’est inconcevable.
Pour eux, un vrai rabbi se tient à distance de ce monde là…

Pour les disciples de Jean, c’est aussi choquant.
Eux ont appris de Jean à jeûner.
Et ils voient que Jésus et ses disciples
sont autour d’une bonne table !
« Nous-mêmes et les pharisiens,
nous jeûnons beaucoup,
et tes disciples ne jeûnent pas. Pourquoi ? » (Mt 9,14)

Pourquoi ?

Parce que pour Jésus ce repas a un aspect
que ni les pharisiens ni les disciples de Jean n’ont vu…
Il est même probable que les apôtres eux-mêmes
ne l’ont pas encore vu…

Ce repas avec du monde peu correct…
est un repas de noce !
Il y a là un époux et une épouse
qui célèbrent la joie de leur mariage
avant de commencer leur union
dans leur nuit de noces.

Qui est l’époux ? Jésus !
« Tu es le plus beau des enfants de hommes
la grâce coule de tes lèvres… (Ps 45,3)
aussi Dieu t’a béni à jamais » (4)

Et qui est l’épouse ?
C’est ce peuple de gens blessés, corrompus, pécheurs
que l’amour de l’Époux est en train de transformer.
« Écoute ma fille, regarde et tends l’oreille :
oublie ton peuple et ta famille » (Ps 45,11)
Laisse tes mauvaises habitudes,
tes enveloppes brunes, et tes plaisirs égoïstes.
Le roi s’est épris de ta beauté !
Il révèle la beauté cachée que ton péché avait enfoui.
« C’est Lui ton Seigneur,
prosterne-toi devant Lui » (Ps 45,12)

Les pharisiens voyaient un ramassis d’ennemis de Dieu…
Jésus Lui voit l’Église.
IL voit la beauté de ce peuple de pauvres
que le sang de Sa croix
va purifier, va laver, va relever…

« Le Christ a aimé l’Église
et S’est livré Lui-même pour elle.
Il a voulu ainsi la rendre sainte
en la purifiant avec l’eau qui lave,
et cela par la Parole.
Il a voulu Se la présenter à Lui-même splendide,
sans tache ni ride ni aucun défaut ;
Il a voulu son Église sainte et irréprochable… » (Éph 5, 25-27)

*

Une noce…

Mais une noce nécessite tout particulièrement
deux réalités sans lesquelles
la noce n’aurait guère d’allure :
un vêtement de noce
et du vin… du vin de noce.
Et Jésus va Se servir de ces deux images
pour nous transmettre un enseignement très précis.

Tu veux entrer dans la noce ?
Tu désires la joie incomparable de l’union ?
Tu veux consommer en Église ton union avec Jésus
Époux et Pasteur de nos âmes ?
Tu veux au lendemain de cette vie
goûter l’allégresse des noces éternelles ?

Alors c’est un vêtement neuf qu’il te faut revêtir.
C’est dans des outres neuves qu’il te faut
accueillir le vin nouveau !

Beaucoup d’entre nous – moi le premier –
nous nous engageons dans un chemin de conversion
où nous disons : « oui, mais jusque là… »
« volontiers, mais je n’irai pas plus loin que là… »

Me revêtir pour les noces ?
Volontiers ! Donne-moi un peu de tissus neuf.
Je vais le coudre sur mes vieilles habitudes…
Et le tout se déchire.

Recevoir le vin nouveau !
Volontiers ! Verse-le dans les vieilles outres
de mes croyances, de mon regard sur Dieu
et sur moi-même.
Et le tout se perd !

C’était ce qui empêchait les disciples de Jean
d’entrer dans la joie.
Certainement ils étaient interpellés par Jésus,
mais ils restaient accrochés à leur points de vue.
Ils ne mettaient pas Jésus au contre de leur vie de foi.
Ils ne reconnaissaient pas en Jésus
Celui qui est la Parole de Dieu.
Celui qui est en personne la Thorah de Dieu…

Je veux bien me convertir,
mais je reste avec ce principe :
le salut, c’est moi qui vais le mériter.
La vie de Dieu, c’est mon jeûne qui va me l’obtenir.
La joie de Dieu ce sont mes pratiques
qui vont me l’obtenir.

Jésus coup de main… oui !
Jésus 911… oui !
Jésus Sauveur dont l’amour gratuit
me précède et me sauve…
Je ne sais pas trop !

*

Frères et sœurs,
Jésus nous appelle – m’appelle – à aller cet été
plus loin dans notre chemin de conversion.
Notre vêtement, notre dignité…
ce ne sont pas nos œuvres, c’est Jésus.
Ce qui garde notre vin,
ce qui conserve notre joie,
ce ne sont pas nos petites gloires humaines, c’est Jésus !

Jésus Tu es notre dignité et notre joie.
Nous voulons Te recevoir en cette Eucharistie.

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