FMJ Mtl14e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Bénédyct, prieur de Varsovie
Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9.11-13 ; Mt 11, 25-30
6 juillet 2014
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Vraiment, un fardeau léger ?

Chers frères et sœurs,
quel serait donc ce joug facile à porter
et ce fardeau léger (Mt 11,30)
que nous désirons tant prendre sur nous
à la place, bien évidemment,
de toutes ces peines et douleurs,
que nous supportons au jour le jour ?

Jésus nous dit que c’est Son fardeau !

Peut-il être aussi le nôtre ?
Est-ce que vraiment ça existe,
un fardeau qui ne s’ajouterait pas
à ceux que nous portons déjà ?

Je crois, que la réponse se trouve
dans l’invitation que Jésus nous lance aujourd’hui
en disant : « Devenez mes disciples » (29)
et dans ce qui précède
dans sa prière adressée à son Père.

Le fardeau dont parle aujourd’hui Jésus
est bien spécifique.
Il est différent de celui de la croix,
que Jésus prendra sur Lui
et qu’Il nous apprendra à porter.
Il dira : « Qui veut marcher à ma suite,
qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». (cf. Mt 16,24)

C’est la croix de chaque jour, nous dit-Il,
afin de nous faire d’abord accepter
notre condition humaine, le poids de l’humain.

Nous ne devons pas chercher à nier
que la souffrance existe
ni qu’elle fait partie de notre vie sur la Terre.
Il faut la combattre certes,
mais non pas la fuir en créant nos paradis artificiels,
qui aliènent notre liberté.
L’humilité et la douceur, sont les meilleurs antidotes
aux excès de la souffrance que nous ou les autres subissent.
Être disciple du Christ aide à supporter
tout ce que nous ne pouvons éviter des peines de notre vie.
Mais là, il ne s’agit pas de ce joug facile à porter
et du fardeau léger dont parle Jésus en ce dimanche.
Il dit : « Prenez sur vous mon joug ! »
Et Il ajoute : « Devenez mes disciples. »

En effet, chers frères et sœurs,
il y a dans la vie des humains de la place
pour toute sorte de problèmes, de maladies,
de peines extérieures et intérieurs.
Mais il y en a une qui les dépasse tous
et qui est comme un catalyseur
de la plus grande douleur de l’homme
et c’est la souffrance de ne pas savoir « pourquoi ».
De ne pas connaître le sens du combat
et de ne pas connaître le Père, Dieu.

Chercher Dieu et vouloir Le découvrir,
voici l’extrême labeur que l’homme accomplit,
souvent seul.
Et si effectivement il ne l’accomplit que par ses propres forces,
alors il ressemble à ces sages et savants
qui portent un fardeau lourd et écrasant de responsabilités :
donner un sens à tout ce qui en soi n’a pas de sens.
Par exemple à la souffrance et au drame de notre courte vie.
Accorder un sens à toute chose :
voici ce que les sages et les savants essayent,
portant sur leurs épaules un énorme fardeau,
et ils échouent.
Ce joug est amère et ce fardeau pesant.

Le Seigneur leur adresse sa parole :
« Venez à Moi, vous tous qui peinez
sous le poids du fardeau,
et Moi, Je vous procurerai le repos ». (Mt 11,28)
Il faut bien entendre cette parole.
Elle nous concerne nous aussi
chaque fois ou nous sommes tentés
de nous passer, comme des grands,
de la folie de l’Évangile !
Car cette folie, qui est sage
plus que toute sagesse de ce monde,
apporte le repos.

*

Chers frères et sœurs,
sans être dispensé du labeur
de la recherche de la Face de Dieu,
ni du poids de ces graves questions
que l’homme se pose sur le sens de sa vie,
en devenant le disciple du Christ
nous pouvons le faire désormais avec un cœur d’enfant.
Comme des petits enfants absolument confiants
dans le Père qui les aime.

Et non seulement nous pouvons chercher la Face de Dieu
avec un esprit d’enfant,
mais aussi nous devons le faire ainsi
car Dieu Se révèle à ceux qui ont le cœur d’enfant.
Dieu caché aux savants et aux sages
Se révèle aux petits.
Jésus avait porté ce fardeau à la mesure d’un enfant.
Un fardeau léger qui n’écrase point.
Joug doux de l’enfance spirituelle
et de la vraie connaissance des choses cachées
dont Jésus seul est le Maître.

Jésus veut les révéler
à ceux qui accepteraient de devenir ses disciples.
Non à ceux qui par leur propre forces
cherchent à s’élever vers le Ciel,
pour fuir l’humain et le réel de ce monde,
ou pour essayer de transformer
ce même monde en paradis.
Cette sagesse passe
mais les Paroles du Fils de Dieu
ne passeront jamais. (cf. Mt 24,35)

*

Chers frères et sœurs,
Jésus nous fait déposer
l’infranchissable scandale de la question du « pourquoi »,
en nous proposant une autre question,
semblable, mais si différente :
avec « pour Qui » tout cela existe-t-il ?

En prenant sur Lui-même toutes nos souffrances,
dans son Cœur doux et humble,
Jésus nous révèle l’inconditionnel Amour
que Dieu le Père a pour chacun et chacune de nous.

Pourquoi ? Non ! Pour Qui !

Pour nous, Il l’a tout fait.
Pour nous, Il est venu en ce monde.
Pour nous, Il porte sa croix.
Pour nous, Il ressuscite.
Amen. Alléluia !

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