FMJ MtlVendredi, 13e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
Am 8, 4-6.9-12 ; Ps 118 ; Mt 9, 9-13
4 juillet 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

« C’est la miséricorde que je désire. »

« C’est la miséricorde que je désire,
et non les sacrifices. » (Mt 9,13)
Jésus reprend ainsi la Parole de Dieu
dans le prophète Osée (au chapitre 6) :
C’est l’amour qui me plaît
et non les sacrifices,
la connaissance de Dieu
plutôt que les holocaustes. (Os 6,6)

Ainsi Jésus reproche aux pharisiens
leur manque de miséricorde,
leur manque de connaissance de Dieu,
lorsqu’ils sont choqués de Le voir
S’attabler avec des publicains et des pécheurs.
Si donc Jésus appelle Matthieu-le-publicain à sa suite,
Il fait preuve de connaissance de Dieu.

Les publicains étaient des collecteurs d’impôt
issus du peuple Juif, à la solde de l’occupant romain.
Ils étaient donc des collaborateurs de l’ennemi,
des traîtres à leur peuple, des pécheurs publics.
Et voilà que non seulement Jésus
en appelle un d’eux à sa suite, mais qu’en plus,
Il accueille des collègues de Matthieu à sa table.

Cela n’a pas l’air bien correct !
En tous cas les pharisiens sont choqués de Le voir agir ainsi.
Ils s’attendent sans doute à ce que Jésus
choisisse parmi ses disciples
des gens qui observent bien la Loi de Moïse.
Jésus a bien choisi Nathanaël (ou Barthélémy),
un Israélite sans détour.
Mais Jésus se choisit aussi d’autres disciples peu instruits
(comme André, Pierre, Jacques et Jean,
qui étaient des pêcheurs)
ou bien des disciples qui avaient choisi la lutte armée
contre les Romains (comme Simon le zélote).

Et voilà que Jésus se choisit un publicain !
Si Jésus veut enseigner la Loi de Dieu,
l’amour de Dieu, le Royaume de Dieu,
ne devrait-Il pas Se choisir des disciples
bien formés et trempés dans cette Loi de Dieu ?

À cela Jésus réplique d’abord que
ce ne sont pas les gens bien portants
qui ont besoin du médecin, mais les malades. (Mt 9,12)
En effet si Jésus parle à des publicains, à des pécheurs,
c’est en vue de les ramener vers Dieu
et non pour agir comme eux.
Mais de là à choisir parmi les publicains un de ses disciples,
dont Il fera même un de ses apôtres !
C’est alors que Jésus dit :
« C’est la miséricorde que je désire,
et non les sacrifices. » (13)

La miséricorde, on comprend :
il s’agit d’accueillir Matthieu, au-delà de son péché.
Mais les sacrifices ?
C’est le minimum que veulent faire les pharisiens.
Ils veulent rester dans leur club.
Ils ne veulent pas s’ouvrir à autre qu’eux.

C’est vrai que Matthieu est publicain…
mais il n’est pas condamné à le rester toute sa vie.
Et c’est lui qui sera l’un des quatre évangélistes ;
et son évangile sera adressé d’abord
aux chrétiens issus du judaïsme.
Son évangile est une présentation admirable
de la Parole et de l’action du Christ
comme accomplissement de la Loi nouvelle.

Ce qui est étonnant, c’est qu’à priori c’étaient les publicains
qui vendaient le pauvre pour une paire de sandale,
et qui faussaient les comptes, pour s’enrichir.
Et c’est l’un d’eux qui Jésus choisit
pour être témoin de la Parole de Dieu qui vient de façon nouvelle.
C’est lui Matthieu qui est rassasié de la Parole de Dieu…
alors que les pharisiens se privent de la Parole de Dieu
par leur endurcissement.

Ayons donc faim et soif de la Parole de Dieu…
mais quand elle se présente à nous
– fût-ce d’une manière inhabituelle –
alors mangeons-là, buvons-là…
sinon nous la chercherons sans la trouver.

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