sanct - smFÊTE DE TOUS LES SAINTS – C
Mgr Jean Fortier, v.g.
Ap 7, 2-4. 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12
1er novembre 2010
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

La Toussaint

Célébrer tous les saints, devenir tous des saints, c’est là notre vocation.

Il serait difficile de célébrer cette année la Toussaint sans nous arrêter un peu pour souligner la sainteté du Frère André. J’ai eu la chance d’aller à Rome pour participer à la messe de canonisation du Frère André, et aux autres célébrations qui l’ont entourée. Sur la Place St-Pierre, je me disais que le Frère André aurait été intimidé par la foule immense des personnes venues remercier Dieu de nous l’avoir donné. Il aurait été gêné de voir le grand tableau le représentant sur la façade de la Basilique. Il aurait sans doute rougi d’entendre le Saint Père lui-même reconnaître ses vertus, sa présence auprès de Dieu et le modèle qu’il représente pour chacune et chacun d’entre nous.

Sa présence au cœur de cette célébration de canonisation n’avait pour seul but que de reconnaître comment Saint Frère André a été cet homme humble et simple qui s’est d’abord ouvert à Dieu, à son amour, à sa présence dans sa vie et qui lui a permis de s’ouvrir aux autres pour les accueillir d’une façon inconditionnelle pour les écouter et leur manifester sa compassion, et pour leur transmettre la confiance qu’il avait lui-même pour Dieu.

Il avait saisi le sens profond des Béatitudes. Il l’a exprimé à travers quelques paroles qu’il disait souvent : « Comme le bon Dieu est Bon ! » « La porte du Ciel c’est la Cœur de Jésus. » « Mettez-vous entre les mains du Bon Dieu. Il n’abandonne personne dans les adversités. » Célébrer tous les saints, célébrer la Toussaint, c’est véritablement rendre grâce. Remercier Dieu qui, dans son Amour, a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu (1Jn 3,1), filles et fils de Dieu. Dans son Amour, il a voulu que nous ayons des airs de famille. Tous les saints manifestent dans leur vie des traits de Dieu comme les facettes lumineuses d’une pierre qui resplendit.

Célébrer la Toussaint, c’est aussi fêter l’Espérance pour tous ceux et celles qui poursuivent la route de la sainteté comme le dit encore Saint Jean : nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement (1 Jn 3,2). Au cœur des femmes et des hommes que nous sommes, il y a un désir, une recherche de sens, un goût du bonheur.

L’évangéliste Matthieu nous dit que la foule suivait Jésus. Elle marchait derrière Lui, espérant qu’il lui apporte ce qu’elle recherchait. L’Évangile nous dit : Et alors, il s’assit et se mit à les instruire. (Mt 5, 1-2) Il leur apprend un chemin qui conduit à la Cité du Ciel, à la Cité Sainte, au Royaume. Il leur parle de Dieu et il leur parle d’eux. C’est un chemin exigeant, mais c’est un chemin qui fait vivre.

Heureux les pauvres de cœur,
ils attendent tout de Dieu.

Heureux les doux qui se laissent habiter totalement par l’Amour de Dieu.

Heureux ceux qui pleurent,
celui qui s’approchera d’eux sera la véritable consolation.

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,
heureux les miséricordieux,

celui qui les comblera est le Dieu de l’Amour tendre, compatissant,
le Dieu de l’abondance. (cf. Mt 5, 3-7)

Ceux que nous fêtons aujourd’hui, ceux pour qui nous rendons gloire à Dieu ont emprunté le chemin proposé par Jésus. Par leur manière de vivre, ils nous font voir que leur style de vie est celui que Jésus a vécu et réalisé parmi nous. Les Saints manifestent et illustrent dans leur vie, les richesses infinies que le Christ ressuscité leur a procurées. Ils manifestent aussi qu’en Jésus, ils ont trouvé le sens de leur vie humaine. Se savoir aimés de Dieu, sauvé par le Père dans le Christ et dans l’Esprit Saint. Le sens véritable de la vie humaine c’est de se savoir appelés à l’Amour.

Aujourd’hui, nous portons un autre motif de rendre gloire à Dieu et d’être dans l’action de grâce. Nous célébrons le 35e anniversaire de la Fondation des Fraternités Monastiques de Jérusalem. Depuis six ans, nous avons la chance de les avoir parmi nous à Montréal.
Des femmes et des hommes qui par leur vie de contemplatifs sont signes de l’Amour de Dieu, premier dans leur vie. Des femmes et des hommes qui cherchent à contempler Dieu présent au monde dans la ville, et qui témoignent de la proximité et de l’Amour de Dieu pour ce monde. Trente-cinq ans de vie c’est très appréciable, mais c’est encore tout jeune.
Ce soir en rendant gloire à Dieu dans cette Eucharistie, nous pouvons encore lui demander d’aimer et d’accompagner les Fraternités Monastiques sur les chemins de sainteté qu’elles ont empruntés.

Oui, ce soir, soyons dans l’action de Grâce pour tous les saints déjà rassemblés auprès de Dieu. Soyons dans l’action de grâce d’être filles et fils de Dieu appelés à la sainteté.

Demandons à Jésus qu’Il nous accompagne et nous instruise toujours pour que nous gardions toujours la route de la Cité du Ciel, du Royaume. Amen.