FMJ MtlJeudi, 31e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ph 3, 3-8 ; Ps 104 ; Lc 15, 1-10
4 novembre 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Qui d’entre vous … ?

L’Évangile de ce jour nous pose deux questions :
« Lequel d’entre vous… ? » (Lc 15,4)
et « Quelle est la femme… ? » (15,8)

Qui parmi nous laisserait 99 brebis en plein désert
pour s’épuiser, se salir pour en chercher une qui s’est perdue ?

Qui mettrait sa maison sans dessus dessous
pour chercher un drachme,
une monnaie païenne de peu de valeur?

C’est là où nous ne sommes pas fait tout à fait comme Dieu !
Pour Dieu, ce n’est pas la quantité qui compte,
c’est chacun qui compte.

L’Amour en Dieu ne peut se résoudre à perdre qui que ce soit
même un Hell’s Angels coupable de 23 meurtres.

Notre péché a fait de Dieu un itinérant, un pèlerin,
qui sans cesse cherche la brebis, la drachme,… chacun de nous.

*

Mais le but des trois « paraboles de la Miséricorde »
va plus loin encore.
En fait, ces trois paraboles forment une apologie
de la fête, du banquet, de la joie.
Jésus est en face d’hommes scandalisés
de le voir à table avec des pécheurs.

Or faire la fête avec des pécheurs,
c’est la joie de Jésus, c’est la joie de Dieu.

Les trois paraboles ont la même conclusion :
il fallait, il faut, se réjouir.
Trois paraboles pour nous révéler le bien fondé
de la fête, de la musique et des danses.
Trois paraboles pour faire entrer les pharisiens et les scribes
dans la salle du banquet.

*

Nous pourrions ce soir rêver en couleurs…
Imaginons que les pharisiens et les scribes
aient accueilli ces paraboles de Jésus.
Au lieu de se scandaliser, de se rigidifier
devant le fait que Jésus fasse la fête avec les pécheurs,
ils entrent dans la fête.

Ils y entrent timidement :
ils voient les pécheurs plein de joie avec le plus beau vêtement.
Alors quelque chose se passe en eux.
En s’approchant des pécheurs pardonnés,
ils commencent à s’approcher d’eux-mêmes.
Ils découvrent que le mur qu’ils avaient bâti
pour se séparer des pécheurs était dans leur cœur.
Ils l’avaient bâti pour ne pas être en face des pécheurs
qu’ils sont eux-mêmes,
tellement ils étaient terrorisés, honteux de leur propre misère.
Ils se sont bâti toute une religion
pour ne plus être en face de leur misère.

Mais la fête fait tomber le mur.
Ils découvrent qu’on peut être pécheur
sans se maudire soi-même,
sans avoir peur de Dieu,
sans se fabriquer une religion de la pureté extérieure.
On peut être pécheur et être aimé de Dieu, et même fêté par Dieu.

Alors ils entrèrent et s’assirent au milieu des pécheurs.
Plus rien ne les séparait des autres
parce qu’ils étaient réconciliés avec eux-mêmes.

*

Frères et sœurs, cette fête, ce banquet, il n’est pas mythique :
il est là, ici, chaque jour autour de cet autel.
Chaque jour Dieu nous invite à la fête !
Chaque jour le Seigneur nous dit :
« réjouissez-vous avec eux ! »
Il ne dit pas seulement « réjouissez-vous »
mais bien « réjouissez-vous avec moi » :
la fête, la musique, les danses viennent de la joie même de Dieu.

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