FMJ MtlSainte Thérèse de l’Enfant-Jésus – B
Frère Benoît
Ro 8, 14-17 ; Ps 130 ; Mt 18, 1-5
1er octobre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Dans les pas de Sainte Thérèse-de-l’Enfant-Jésus

Aujourd’hui, toute l’Église de Dieu prie le Seigneur
et lui demande de marcher dans les pas
de Sainte Thérèse-de-l’Enfant-Jésus.
L’Église supplie cette grande dame au cœur d’enfant
de lui rappeler comment chausser les bottines d’un enfant.
Pour mieux comprendre cette attitude,
pour que cette si difficile conversion
soit un peu plus envisageable pour nous,
l’Église a déclaré Thérèse docteur de l’Église.
Un enfant docteur, ça fait un peu plus sérieux pour les adultes…

Et l’Église avait raison de faire ainsi,
car en la contemplant et en entendant Jésus
nous dire qu’il nous faut devenir comme un enfant,
avec tristesse nous nous demandons comment y arriver,
mais avec joie, nous constatons tout de suite
une belle cohérence entre l’appel de Jésus
et une vie chrétienne qui lui a répondu
d’une manière doctorale : la vie de la Petite Thérèse.
Cette conversion, devenir semblable à un enfant,
me semble une des plus difficile,
mais non à cause de la lourdeur de l’appel
ou de sa complexité, mais, paradoxalement,
à cause de son extrême simplicité.
Or le cœur de l’homme est compliqué et malade (Jr 17,9).

Pour pouvoir suivre Thérèse sur son chemin,
nous n’avons pas besoin de moyens extraordinaires et compliqués,
ni de préparations préalables, de conditions exceptionnelles,
d’efforts soutenus de la raison, de l’intelligence ou de la volonté.

Il nous faut seulement deux choses essentielles
pour tout chrétien véritable :
une foi surnaturelle et un grand amour pour Dieu.
En pratique, cela veut dire vivre et agir toujours
à partir de la conviction que la vraie valeur de toute chose
se trouve en Dieu, et qu’en Lui demeure
notre vrai bonheur, notre seule richesse,
et que sa grâce ne nous manquera jamais
car il est, Lui, notre grâce.

Ne pas vouloir grandir comme l’avait décidé Thérèse,
(en disant qu’« à un enfant on donne tout gratuitement
et c’est seulement au moment où il devient adulte
que les parents vont lui dire :
maintenant tu es grand, travaille pour gagner ta vie ! »)
ne pas vouloir grandir, rester comme un enfant ou le redevenir,
cela veut dire que l’on doit accepter de tout recevoir
et à tout moment de Dieu Lui-même.
« J’accepte tout, disait Thérèse,
et si Dieu ne fait pas pour moi ce que je lui demande,
je vais l’aimer encore davantage ».

« Tout est grâce, disait-elle.
Que je puisse communier ou non,
tout vient de toi, ô Père très bon. »

Dans nos Liturgies, nous chantons :
nous t’offrons les merveilles de ton amour !
Mais vraiment tout ?
Tout est grâce ??
La tuberculose de Thérèse ?
Ses angoisses morbides, sa maladie spirituelle,
la mort de sa maman, la folie de son papa ?
Difficile à comprendre !
Mais regardons un peu les enfants :
quand on pense aux enfants, on les voit en plein jeux.
On les voit jouer partout, même chez le dentiste !
Les enfants ont une qualité particulière,
de pouvoir transformer le monde par leur foi.
On a vu des enfants jouer même dans un camp de concentration !
Et on les voit jouer sur les tas d’ordures en Amérique latine.
Ils ont une sensibilité extrême
pour ce qui est nouveau et pour ce qui les dépasse.
Ils vont jouer accrochés à la présence de leurs parents :
vigilants à leur présence et en même temps
sans se soucier de cette présence car elle se fait rassurante.

C’est au moment où les parents leurs sont enlevés
qu’ils deviennent tristes, enfermés, qu’ils dépérissent :
en l’absence de l’amour.
Sainte Thérèse est une enfant qui sait
que Dieu n’est jamais absent.
Alors elle joue.
« Quand je suis triste, dit-elle,
je fais comme si j’étais heureuse. »
Elle développe une application rigoureuse à la confiance.

Toujours et en tout temps pour elle l’amour est là.
« C’est la confiance et rien que la confiance
qui nous conduit à l’amour. »

L’amour accueilli de Dieu et l’amour donné aux autres.
Toute chose, même la plus petite,
reçoit sa valeur ultime
en cette présence de Dieu simple et inébranlable.
Thérèse reste rigoureuse dans sa foi !
Sa foi n’était donc pas enfantine,
mais capable d’une grande responsabilité dans la vie religieuse.
« Je crois et je sais par l’expérience, dit-elle encore,
que le Royaume des Cieux est parmi nous, au-dedans de nous. »

Voilà donc la porte d’entrée.
Sans jamais nier la réalité des douleurs qui l’habitent,
elle y joint par la foi, la réalité du Royaume.
« Il est là aussi bien et malgré mes ténèbres. »
« La vraie sainteté, dit-elle encore,
c’est de supporter patiemment ses propres imperfections.
Aimons Jésus en acceptant tout de Lui,
même les ténèbres et la froideur apparente.
L’aimer ainsi,
quand nous ne sentons point la douceur de son amour,
cela est un grand amour, c’est le martyre !
Alors, mourrons comme des martyrs ! »

La Petite Thérèse a donc fait des tout petit pas d’amour.
Et l’Église demande aujourd’hui au Seigneur
de pouvoir entrer dans ses pas.
Aller pas à pas.
On peut dire : un nouveau pas après un autre,
comme une nouvelle minute après une autre.

Dieu crée ainsi : une minute après une autre,
comme un enfant toujours attentif
à la nouveauté de chaque grâce prochaine.
Dieu est toujours présent, frères et sœurs,
à ce qu’il fait pour nous.

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