FMJ MtlSts Jean de Brébeuf et Isaac Jogues et leurs compagnons,
martyrs, patrons secondaires du Canada

Profession perpétuelle de Fr Alain
5e anniversaire de fondation à Montréal
Frère Pierre-Marie
Za 2, 5-9.14-15 ; Ct Jr 31 ; Lc 9, 43-45
Samedi, 26 septembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Triple Fête au Sanctuaire du Saint-Sacrement

Nous avons une triple raison de nous réjouir en ce jour.
Parce que, tout d’abord, nous célébrons la fête
des saints martyrs du Canada, et, à travers eux,
l’apport de l’Évangile sur cette terre bénie du Nouveau-Monde
Parce que, ensuite, nous fêtons le cinquième anniversaire
de la fondation de nos Fraternités monastiques à Montréal,
le 26 septembre 2004, très précisément.

Et enfin, parce qu’en ce jour,
nous accueillons aussi la profession perpétuelle
de notre cher frère Alain.
Alain qui va s’engager, pour toujours,
dans la vie monastique, à la suite du Christ,
chaste, pauvre et obéissant.

Si je puis me permettre d’ajouter une raison personnelle,
je dirai que c’est aussi pour moi
une joie toute particulière de célébrer avec vous,
après avoir quitté Paris hier après-midi,
cette liturgie, au sanctuaire du Saint-Sacrement,
le premier érigé avec ce titre en Amérique du Nord.

***

Quand Jésus nous parle, dans l’Évangile
du grain qui, une fois jeté en terre,
doit d’abord mourir, avant de porter du fruit (cf Jn 12,24)
il nous met bien sur la voie de la contemplation du martyr
des saints fondateurs du Québec et de tout le Canada.

Ils sont venus, avec pour seule arme,
l’évangile de la paix et du Salut entre leurs mains.
Comme de simples grains de blé, semés sur cette terre,
où tout était à défricher : les forêts et les âmes,
où tout était à labourer et à cultiver : les prairies et les cœurs,
ils lui ont tout donné : leur temps, leur énergie,
leur prière, leur mains, leur foi, leur amour.
En un mot : toute leur vie.
Une vie qu’on leur a même prise à la fin, enlevée, immolée.

Mais non ! Leur vie, nul ne la leur a arrachée !
Dans la suprême liberté du martyr,
qui choisit de donner sa vie
pour ceux qu’il aime (cf. Jn 15,13),
ils l’ont offerte.
Ils l’ont donnée.
Ils l’ont sacrifiée comme Jésus.
Et sur cette bonne terre québécoise elle a porté du fruit
à raison de 30, 60 et cent pour un (cf. Mt 13,23).

Par millier et centaine de milliers,
oui, cette terre a vu germer des baptisés, des croyants,
qui, à leur tour, se sont levés en disciples du Christ.
Et vous en êtes chers frères et sœurs
de cette terre de chrétienté
qui, même si elle semble s’être un peu endormie,
n’en finira pas de se réveiller.

Car on n’enchaîne pas la Parole du Dieu ! (2 Tm 2,9)
Et, de la mort elle-même,
le Seigneur peut toujours faire surgir la vie,
pour peu que la foi illumine nos âmes,
et que l’amour anime nos cœurs !

Saints Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, Gabriel Lalemant,
Noël Chabanel, Jean de Lalande, René Goupil,
Charles Garnier, Antoine Daniel, priez pour nous en ce jour !

***

Voici cinq ans aujourd’hui que les premiers frères et sœurs
des Fraternités monastiques de Jérusalem,
non pas après des mois de traversée maritime,
sur des goélettes ou des caravelles à voile,
mais en quelques heures de transport aérien
par-dessus l’Atlantique, sont arrivés à leur tour.
Portant le même évangile à la main, la même foi en leur âme,
la même espérance joyeuse en leur cœur.
En ce 26 septembre 2004, comme aujourd’hui,
à cette même heure et ici même,
nous avons écouté ensemble la Parole de Dieu.
Une parole toujours actuelle et nouvelle puisqu’elle est éternelle,
Nous avons célébré l’Eucharistie qui, depuis 20 siècles déjà,
se vit et se partage en mémoire de Lui (cf. Lc 22,19).

Remercions ensemble le Seigneur pour tout ce qui se vit,
en ce sanctuaire dressé comme un phare sur l’avenue Mont-Royal,
où passent et repassent en incessant flux et reflux,
tous ces flots de citadins qui sont nos frères et sœurs.
Ces hommes et ces femmes dont Dieu seul sait
jusqu’à quel point ils sont assoiffés ou non
d’eau vive, comme la samaritaine (cf. Jn 4,10) :
et peuvent avoir faim ou non, de Pain de Vie (Jn 6,35).
comme les auditeurs de Jésus en Galilée
dans la synagogue de Capharnaüm.

Louons le Seigneur pour ce qu’Il vous a donné
de vivre et de réaliser ensemble, sous son regard,
et avec sa joie, au cours de ces cinq premières années.

***

Voici enfin venu le jour où frère Alain
s’engage devant nous et en Église
pour une profession perpétuelle dans la vie monastique.
À un Dieu qui nous a aimés par le don de toute sa vie,
une vie qui, étant divine, est éternelle,
on peut avoir le désir de répondre
par le don de toute la sienne,
en vue de cette même vie à venir, qui n’aura pas de fin.

Jésus nous a bien dit que ce libre choix ne peut se faire
qu’à cause du Royaume des Cieux (Mt 19,12).
Mais, n’est-ce pas tout dire ?
Cher Alain, s’il fallait exprimer en finale, pourquoi,
comme tu le diras tout à l’heure,
d’un cœur libre et joyeux,
tu t’engages à marcher pour toujours
sur les pas de Jésus, chaste, pauvre et obéissant,
je crois qu’on ne pourrait mieux répondre
qu’en citant l’Apôtre Paul entendu tout à l’heure :
Qui nous séparera de l’amour du Christ (Rm 8,35)
qui nous a aimés jusqu’à se livrer pour nous ? (cf. Ép 5,2)
Lui qui par sa mort rédemptrice sur la croix
nous a rachetés de tout péché
et a transformé notre mort en Pâque vers la Vie !

Ainsi peux-tu le dire à ton tour
en appuyant ta faiblesse sur celui qui est ta force
car tu peux tout, toi aussi, en celui qui te fortifie (cf. Ph 4,13) :
oui, j’en ai l’assurance, ni la mort ni la vie
ni le présent la l’avenir,
ni hauteur ni profondeur ni aucune créature
ne pourra me séparer de l’amour de Dieu
manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur (Rm 8, 38-39).

***

Chers frères et sœurs, chers amis,
et vous chers parents qui offrez votre fils à Dieu en ce jour,
puisque nous sommes une même famille chrétienne,
laïque ou monastique, étant tous baptisés en Christ (Ga 3,27)
et revêtus de la même lumière du Christ,
louons aussi le Seigneur, pour notre frère, qui s’engage en ce jour.

Ce jour de la Fête des Saints martyrs du Canada,
et du cinquième anniversaire de notre fondation.
En demandant au Seigneur de le garder en sa force,
en sa lumière, en sa paix et en son Amour.

Cher Alain, comme cela te sera redit tout à l’heure :
que le Seigneur t’accorde,
en récompense de ta fidélité,
la joie et la vie éternelle !

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