Jeudi, 1ère Semaine de l’Avent – A
Frère Antoine-Emmanuel
Is 26, 1-6 ; Ps 117 ; Mt 7, 21.24-27
5 décembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Retrouver l’attente de Dieu
Quelle grâce que le temps de l’Avent !
L’Avent est un temps pour retrouver
une dimension essentielle de notre vie de foi.
L’Attente.
L’attente de Dieu.
Nous sommes si petits devant Dieu…
Les Pères Cappadociens s’adressaient à Dieu
en l’appelant « ô Toi l’au-delà de tout ».
Myriam de Galilée disait que nous sommes le « rien du Tout ».
Mais Dieu S’est fait connaître, et Il nous a révélé en particulier qu’Il est et sera toujours Celui qui vient.
Nous, chrétiens, nous vivons avec la certitude
qu’il y a toujours une grande œuvre de Dieu qui se prépare,
une grande visite de Dieu qui est proche.
Ne serait-ce que cette grande œuvre qui est la Création
parce que le Père travaille, le Fils travaille (cf. Jn 5,17)
et maintient l’univers par Sa Parole puissante
Je sais qu’il y a du nouveau, du tout neuf
qui va nous venir de Dieu…
Quelque fois, nous ressemblons à un coquillage bien fermé,
ou à une rose qui refuse de s’ouvrir parce qu’elle a peur du soleil.
Nous n’attendons plus grand-chose de Dieu.
ou par satisfaction ou par dépit.
L’Avent nous apprend à nous ré-ouvrir aux surprises de Dieu.
*
Un chemin très sûr pour découvrir
cette disposition intérieure d’attente de Dieu,
c’est de s’immerger dans l’Ancien Testament
et de communier en profondeur à l’attente d’Israël.
Israël, d’hier et d’aujourd’hui,
est un peuple-sacrement;
sacrement de l’attente des merveilles de Dieu.
Pensez à Abraham qui se met en route
à cause d’une promesse.
Abraham obéit et partit pour un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partait sans savoir où il allait (Hb 11,8).
Il ne savait pas où il allait,
quelle route il allait prendre,
mais il savait intérieurement
qu’une merveille de Dieu lui serait donnée.
Dieu avait déposé en lui une aspiration,
une aspiration à une patrie céleste (Hb 11,16)
et c’est cela qui le fait marcher.
Tout l’Ancien Testament se décline
à partir de cela : la Promesse.
La Promesse et l’Alliance.
Israël attend et vit de cette attente.
Et nous savons que cette attente prend peu à peu
la forme d’un visage :
un Roi qui va prendre soin du peuple,
prendre soin des pauvres,
et par qui Dieu va régner.
L’attente est si forte, si sûre,
qu’Israël chaque sabbat en danse de joie.
Parce que c’est sûr : Dieu va réaliser ses merveilles,
et l’on peut déjà célébrer cette joie !
C’est ainsi qu’il faut lire le texte d’Isaïe d’aujourd’hui.
Israël est en plein dans les conflits, les problèmes…
et pourtant on chante comme un refrain :
« Nous avons une ville forte » (Is 26,1)
Et dans cette ville forte Dieu donne la paix au peuple
qui fait confiance à Dieu.
Quant à ceux qui méprisent Dieu,
par l’orgueil – la ville « altière » –
ils mangeront la poussière.
Et l’on imagine Israël qui danse cette espérance.
Isaïe exprime cette certitude de la fidélité de Dieu
avec une image qui est bien concrète en Israël :
le rocher, la pierre solide sur lequel on peut bâtir une ville.
Et, inspiré par l’Esprit, il écrit
Faits confiance au Seigneur pour toujours,
au Seigneur, le Rocher éternel (Is 26,4).
C’est magnifique ! Un rocher éternel !
Nous pouvons bâtir sur un roc
que pas même la mort peut faire vaciller.
Alors l’attente se fait plus vive encore !
Nous ouvrons nos cœurs à ce Roc,
et ce Roc nous savons que c’est le Messie, c’est Jésus,
et, comme Jésus nous le fait comprendre
dans l’Évangile d’aujourd’hui : c’est Sa Parole.
Nous nous mettons donc en ouverture, en attente,
pour recevoir à nouveau la Parole de Jésus,
comme ce qu’elle est : la Parole-Roc.
La Parole non seulement fiable,
mais la plus fiable de toute parole.
La Parole qui nous est adressée
et sur laquelle nous pourrons bâtir notre vie
et la vie du monde dans la solidité.
Je m’ouvre à une Parole qui ne passera pas (Mt 24,35)…
Nous allons nous y ouvrir ensemble
Et, en la mettant en pratique,
elle deviendra pour nous ce qu’elle est :
un Roc plus solide que la mort elle-même.
Nous nous ouvrons,
nous attendons la Parole qui est Esprit et qui est Vie.
Car les Paroles de Jésus sont les Paroles de la Vie éternelle.
Le Seigneur va nous adresser la Parole de manière nouvelle
pour nous ouvrir un chemin nouveau.
Parle, Seigneur ton serviteur écoute!
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