FMJ MtlMardi, 26e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Jb 3, 1-3.11-17.20-23 ; Ps 87 ; Lc 9, 51-56
30 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Qui regarde vers Lui resplendira

« Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas cabré,
je ne me suis pas rejeté en arrière.
(…)
Je n’ai pas caché mon visage face aux outrages et aux crachats.
C’est que le Seigneur me vient en aide :
dès lors, je ne cède pas aux outrages,
dès lors, j’ai rendu mon visage dur comme un silex.
J’ai vu que je n’éprouverai pas de honte » (Is 50, 5-7)

J’ai rendu mon visage dur comme un silex.
Ce n’est pas la dureté du cœur.
Ce n’est pas la dureté du regard.
C’est la dureté, la fermeté, d’une décision.

Le serviteur tient bon face à l’hostilité ;
il ne cède pas à la violence,
parce qu’il est sûr de Dieu.
Il sait en qui il a mis sa foi.
Il sait que le Seigneur lui vient en aide.

C’est cette expression « durcir son visage »
que Luc choisit pour parler de la décision de Jésus
de monter à Jérusalem.
Littéralement : Jésus durcit son visage pour aller à Jérusalem.
Cela dit la fermeté de la décision de Jésus
qui prend la route de la Passion et de la Croix,
sûr que le Père lui vient en aide.

Le chemin de l’humilité.
Le chemin de l’humus, de la terre où Il sera déposé.
Le chemin de l’humiliation extrême,
Jésus le prend de manière décidée, résolue.

Les disciples, eux, ne sont pas sur la même longueur d’onde.
Le serviteur ne cède pas aux outrages (Is 50,6).
Il livre son dos à ceux qui le frappent
et ses joues à ceux qui lui arrachent la barbe (cf. Is 50,6).
Les disciples, eux, veulent faire tomber le feu du ciel
sur ceux qui leur refusent l’hospitalité.

Ils ne supportent pas l’humiliation.
Ils veulent être reçus ;
ils veulent être grands ;
comme moi, comme nous, si souvent…

Alors, Jésus se tourne et les réprimande.

Plusieurs manuscrits ajoutent ce verset :
« Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes
car le Fils de l’Homme n’est pas venu pour perdre des vies
mais pour les sauver ».

De quel esprit sommes-nous ?
De l’esprit de violence et de vengeance
qui veut que le feu du ciel détruise
ceux qui nous déplaisent,
ou de l’esprit de grâce et de vérité
qui veut que le Feu de l’Amour
descende dans tous les cœurs malades,
à commencer par nos propres cœurs ?

C’est dans la force de cet esprit-là,
c’est de la force de l’Esprit Saint
que nous pouvons nous aussi, avec Jésus,
prendre résolument le chemin de Jérusalem,
c’est-à-dire re-choisir aujourd’hui
de faire de notre vie un don,
une grande descente,
un grand amour.

La suite de l’Évangile nous dit
que les apôtres ne furent pas reçus
parce que le visage de Jésus était vers Jérusalem (cf. Lc 9,51).

*

Et nous…
Vers où se tourne notre visage ?
S’il se tourne vers la Croix ;
s’il se tourne à travers la Croix vers la gloire de Dieu,
alors c’est l’amour divin qu’il reflètera.
Qui regarde vers lui resplendira,
et sur son visage point de honte ! (Ps 33(34),6)

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