FMJ MtlJeudi, 26e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
Ex 23, 20-23 ; Ps 90 ; Mt 18, 1-5.10
2 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Les Anges, gardiens de notre orientation vers Dieu

Le scénariste et dessinateur belge Hergé
devait bien aimer les anges.
En effet, dans ses célèbres albums
de bandes dessinées « Tintin et Milou »,
nous voyons à plusieurs reprises des personnages
en dialogue intérieur avec un petit ange
et un petit diable à leur effigie.
Ainsi par exemple, dans l’album « Tintin au Tibet »,
nous voyons le petit chien Milou
chargé de porter un message à un monastère,
pour aller chercher des secours auprès de son maître
et de ses compagnons, en perdition dans la montagne.

Voilà que sur son chemin, il voit un os magnifique.
Il est tenté de le prendre.
Mais voilà que son petit ange lui dit :
« Attention Milou, ton devoir : porter le message. »
Et aussitôt un petit diable rétorque :
« Bah ! le message, il attendra,
mais un os de cette taille
ce n’est pas tous les jours qu’on en trouve ! »
C’est ce deuxième conseil que Milou suit,
et en ouvrant la gueule pour croquer ce bel os,
voilà que le message s’envole au vent !
Et nous voyons le petit ange qui se met à pleurer,
tandis que le petit diable prend un air triomphant.

Voilà une belle illustration
de ce que concrètement peut être le combat spirituel
que vit une personne.
Seulement ici le petit ange a un caractère moralisateur :
la seule chose qu’il rappelle à son protégé,
c’est qu’il a un « devoir ».
On comprend dans ces conditions,
que le petit Milou préfère suivre les conseils du petit diable
qui lui vante le caractère exceptionnel de l’os
qu’il vient de découvrir.

Revenons maintenant aux textes de la Parole de Dieu
que nous venons d’entendre.
Ce sont des textes de l’Écriture Sainte
qui parlent de ceux que la Tradition de l’Église
retiendra comme étant « nos Anges gardiens ».

La Première Lecture, tirée du Livre de l’Exode,
parle d’un ange envoyé par Dieu
pour marcher devant son peuple
en route vers la Terre Promise.
Et l’Évangile de ce jour parle des anges de ces petits
qui voient sans cesse
la face du Père qui est aux Cieux (Mt 18,10).

Ainsi, notre Ange gardien nous montre d’abord le chemin,
il nous oriente et ré-oriente sans cesse
vers Celui qu’il voit sans cesse,
alors que nous, nous ne Le voyons pas.
Nous pourrions dire que notre Ange
est un gardien du sens de notre vie.

À ce propos, nous pouvons aussi regarder
les fresques ou les vitraux du Sanctuaire du Saint Sacrement.
Avez-vous remarqué qu’il y a quantité d’anges représentés ?
Il y a un vitrail au fond de l’église, sur la gauche,
qui représente la naissance de Jésus.
Ce qui est original, c’est que nous y voyons des anges
qui adorent l’Enfant Jésus,
à genoux autour de la crèche, comme des enfants.

S’il y a tant d’anges représentés
dans le sanctuaire du Saint Sacrement,
ce n’est pas parce que c’était la mode de représenter des anges,
à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle ;
c’est parce que les anges sont les premiers adorateurs.
Ils voient Dieu face à face, tel qu’Il est.
Ils sont alors à même de nous stimuler
pour adorer Dieu à notre tour,
nous qui, sur cette terre, ne le voyons qu’avec les yeux de la foi.

Les anges sont présents tout au long de l’Histoire Sainte.
Certains ont des missions particulières,
certains ont même des noms,
comme Michel, Gabriel ou Raphaël,
que nous avons fêtés lundi dernier.
D’autres sont directement associés à chacune de nos personnes :
ce sont les anges gardiens que nous fêtons en ce jour.

L’Évangile de ce jour les associe spécialement aux enfants,
à l’esprit d’enfance.
C’est presque le même Évangile qu’hier,
pour la fête de Ste-Thérèse de l’Enfant Jésus.
C’est que pour accueillir notre ange gardien,
il importe que nous ayons un cœur d’enfant,
car lui va sans cesse nous tourner
et nous retourner vers Dieu, notre Père.
Mais ce qu’il aime à nous dire,
ne seront pas des enfantillages,
ni non plus un discours moralisateur.
Il nous tiendra des propos très sérieux et très profonds.

Si, comme le petit chien Milou,
nous venons à être attirés par un gros os appétissant
– par un plaisir, un désir qui nous détournent de Dieu
et de nos frères et sœurs les humains –
alors notre ange nous dira, à sa manière :
 » Holà ! mon ami, est-ce vraiment sur ce chemin
que tu veux t’engager ?
Vois-tu où cela te conduit ?
Considère donc le bonheur qui est le tien,
à marcher à la suite du Christ.
Tiens bon ! Je suis avec toi !  »

Si néanmoins nous nous précipitons sur notre gros os…
alors notre ange se met à pleurer…
mais bien discrètement, en respectant notre liberté.
Il ne comprend pas que nous ne choisissions pas
d’orienter totalement notre vie vers Dieu,
car lui voit Dieu dans toute sa beauté,
sa bonté et sa splendeur.
Mais jamais notre ange ne se décourage avec nous,
car le Christ nous a sauvés en sa miséricorde.
Notre ange est au service de la miséricorde du Christ.
Il oriente nos vies vers le Dieu de toute miséricorde.

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