FMJ MtlJEUDI, TEMPS DE NOËL – B
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 3, 11-21 ; Ps 99 ; Jn 1, 43-51
5 janvier 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Notre point omega

Un employé du New York Times
a fait la semaine dernière une « petite » fausse manœuvre :
il a envoyé par courriel une offre d’abonnement très avantageuse
non pas à quelques centaines d’anciens abonnés choisis,
comme prévu,
mais à plus de huit millions d’américains !

Il s’est trompé…
La bonne nouvelle ne leur était pas destinée
et il a fallu que le journal explique son erreur.

Et Dieu ?
Dieu s’est-Il trompé en nous annonçant une nouvelle incroyable :
qu’Il se fait homme en son Fils bien-aimé,
et que cette nouvelle transforme la vie
non pas d’un seul homme
ou de quelques privilégiés,
ni même de quelques millions,
mais de tous les humains de toutes origines et de tous les temps.

Non, Dieu ne s’est pas trompé.
Sa liste d’envoi… c’est toute l’humanité;
et la nouvelle est bien exacte :
Dieu a assumé notre chair fragile,
notre humanité boiteuse et mortelle.

Dans une très grande discrétion,
enveloppé par le manteau de la nuit de Bethléem,
Dieu fait homme a poussé ses premiers cris d’enfants.
Il y a un enfant qui est Dieu.

Dieu est entré en notre humanité
comme une grande vague, une lame de fond
qui vient au plus profond de nos flots,
de nos vies, de notre intimité ;
qui nous rejoint, nous délivres de nos raideurs,
de nos peurs, de nos péchés,
et qui nous emporte en Lui,
en Dieu, pour l’éternité.

Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19,10).
Il entre en nous
pour nous délier, nous appeler
et, comme un voleur, pour partir avec le butin
et le butin c’est nous, enfin libérés !

Quand Jésus dit à Nathanael :
« tu verras des choses plus grandes encore », (Jn 1,50)
inutile de chercher aux bouts du monde
ces merveilles de Dieu :
c’est en nous qu’elles se produisent !

Dans la mesure où nous disons oui,
à cette venue de Dieu
qui s’unit à notre humanité,
une vie nouvelle parait en nous!

« De Nazareth peut-il sortir
quelque chose de bon ? » (Jn 1,46)
Saint Jean laisse la question de Nathanaël sans réponse.
La réponse elle est en nous :
Si tu laisses Jésus grandir
dans le Nazareth de ton quotidien,
oui, quelque chose de bon, de très bon, va en sortir
et ce « très bon », c’est Dieu en nous ;
c’est ce dont Saint Jean
ne cesse de parler dans sa lettre : l’Amour !

Ce que Dieu fait en nous,
c’est, en réalité, une seule chose : l’Amour.
Non pas un amour de paroles et de discours,
mais un amour en actes et en vérité (Jn 3,18).

La première lettre de Jean ne cesse
de nous redire que la véritable religion
ce n’est pas de connaître des choses très spéciales,
réserver à une élite,
c’est d’aimer.
Si moi, qui ai de quoi vivre en ce monde
je vois une personne dans le besoin
sans me laisser attendrir, une chose est sûre :
l’amour de Dieu n’a pas encore brisé mes peurs ;
je suis lié.
Pour Saint Jean,
est vivant non pas celui qui sait,
mais celui qui aime ;
comme pour Saint Paul,
est vivant non pas celui qui suit la loi
mais celui qui aime.

La vie de Dieu en nous,
c’est une force qui nous travaille intérieurement :
une forme d’indignation intérieure
contre toutes les limites que nous mettons à l’Amour;
une force qui nous mène peu à peu
à donner notre vie pour nos frères et sœurs (cf. Jn 3,16)
comme Jean nous le dit aujourd’hui.

L’Amour de Dieu nous pousse peu à peu
vers notre point oméga
qui est le dépouillement intérieur,
ce dépouillement dont nous avons peur
et qui semble tellement injuste au vieil homme.

Notre point oméga est le grand dépouillement de l’Amour,
où nous conduit Jésus
et où le Père nous ressuscite.

Il ne s’agit pas de subir une mort,
mais de vivre notre mort,
de donner notre vie,
et c’est là que nous ressuscitons,
que nous passons de la mort à la vie (1 Jn 3,14).

Et tout cela se fonde sur une découverte :
Voici à quoi nous avons reconnu l’Amour :
Lui, Jésus, a donné sa vie pour nous (v. 16).
Ce don, Jésus le renouvelle maintenant pour nous
dans l’Eucharistie.

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