FMJ MtlJeudi, 11e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Si 48, 1-14 ; Ps 96 ; Mt 6, 7-15
16 juin 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

« Notre » et « Père »

Si je devais un jour créer un scénario
pour un film sur la vie de Jésus,
je montrerais Jésus priant le Notre Père avec ses disciples.
Il y aurait la toute première fois
où Jésus enseigne cette prière aux disciples,
puis l’on verrait Jésus et les siens prier cette prière
à la fois dans le quotidien, dans l’ordinaire,
mais aussi aux moments les plus marquants
de la vie publique du Seigneur.

Frères et sœurs, que ce devait être bouleversant
de voir Jésus prier cette prière si essentielle, et surtout si filiale.

Le Notre Père est en lui-même toute une révélation.
Prenez les dernières demandes,
que nous disent-elles du Père ?

« Notre pain de la journée, donne-nous aujourd’hui » (Mt 6,11).
Le Père est Celui qui sait le pain dont nous avons besoin
et Il est Celui qui nous le donne.
Jésus nous Le révèle comme le Père attentif
qui nourrit ses enfants, c’est-à-dire qui nous veut en vie,
qui nous veut vivants, qui aime la vie.
Il est Celui qui donne à l’humanité le pain nécessaire,
mais attend de nous que nous le partagions.
Son amour paternel est un amour qui se déverse sur chacun,
mais qui toujours nous veut « un ».

Puis, nous prions : « Remets-nous nos dettes
comme nous aussi nous avons remis à nos débiteurs » (v. 12).
Jésus, ici, nous dévoile le Père comme Celui
qui remet gratuitement les dettes.
Il ne fait pas payer nos offenses, nos infidélités,
nos manques de confiance.
Il nous libère du poids de nos dettes ;
Il nous pardonne notre péché, aussi lourd qu’il puisse être.

Mais, là aussi, Il ne le fait que si de notre côté,
nous laissons ce pardon s’écouler entre nous.
Celui qui ne laisse pas l’eau du pardon
couler sur ceux qui l’ont blessé, perd le pardon,
se coupe de la tendresse miséricordieuse du Père.
Mais si toi qui es pardonné, tu pardonnes,
tu demeures dans la source du pardon ;
tu es incessamment pardonné, lavé, recréé dans l’Amour.

Puis nous demandons :
« ne nous fais pas entrer dans l’épreuve » (v. 13).
C’est-à-dire garde-nous,
tiens-nous fermement dans ta main et sur ton cœur,
pour que nous ne nous laissions pas embarquer
dans les tentations qui toujours se présentent.
Jésus a été tenté, et très fortement.
Marie a été tentée.
Les saints ont été tentés.
Et tous, nous le sommes.

Le Père est Celui qui nous protège ;
qui S’offre à nous comme le refuge
qui nous évite de tomber dans le mal qui nous tente,
nous fascine et toujours nous détruit.

Et là aussi, nous prions « nous » :
« Ne nous fais pas entrer dans l’épreuve ».
Nous ne prions pas pour nous seulement,
mais nous nous plongeons dans la sollicitude du Père
qui nous regarde comme famille ;
qui veille sur nous les uns et les autres ;
qui veille sur nous à travers les uns et les autres.

Enfin, notre dernière demande est :
« libère-nous du Mauvais » (v. 13).
Le Père est Celui qui ne nous abandonne pas
quand nous nous sommes laissés perdre
par les sirènes du péché,
par les pièges du démon.
Le Père nous garde constamment dans son cœur.
Quand nous nions sa paternité,
Lui ne la renie pas.
Il reste notre Père,
parce qu’Il est Père, essentiellement Père.
Un Père qui n’épargne aucun effort
pour nous arracher au pouvoir des ténèbres,
pour que chacun et ensemble,
nous soyons délivrés du mal
et retrouvions la pleine joie qui est la joie filiale.

*

Le Père nous nourrit, nous ses enfants.
Le Père remet nos dettes.
Le Père nous garde du pouvoir de la tentation.
Le Père nous délivre du mal.

Voilà la tendresse du Père.
Tendresse qui est devenue pour nous visible, palpable,
si concrète et si belle, dans le Visage de Jésus.
« Qui Me voit, voit le Père » (Jn 14,9).

Voilà qui nous fait désirer
que le Père soit connu et aimé et de tous ;
que sa volonté soit faite
puisqu’elle est tout amour ;
et que son règne vienne,
puisque c’est le règne de la Miséricorde.

Nous sommes si pauvres de mots
pour dire la tendresse du Père,
sa tendresse et sa Vérité, sa Miséricorde et sa justice.

Nous sommes si pauvres de mots pour chanter Celui
qui dans sa bonté nous a fait exister ;
qui dans sa sollicitude nous sauve
par le don de Jésus et l’envoi de l’Esprit,
pour célébrer Celui qui dans sa tendresse éternelle
nous désire avec Lui, en Lui, pour l’éternité.

Nous sommes pauvres de mots
alors nous nous insérons dans les mots de Jésus,
dans le Cœur de Jésus,
dans l’offrande de Jésus,
pour dire notre louange, notre gratitude et notre émerveillement.
Pour dire les deux mots les plus beaux que Jésus nous ait appris :
« Père » et « notre »…
« Notre Père ».

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