FMJ MtlSainte Thérèse-de-l’Enfant-Jésus,
carmélite, docteur de l’Église, 1897
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 8, 14-17 ; Ps 130 ; Mt 18, 1-4
1er octobre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Offrande à l’Amour miséricordieux

Nous pouvons nous arrêter ce soir
sur un événement de la vie de Thérèse.
Nous sommes en juin 1895. Thérèse a 22 ans.
Elle est donc au Carmel depuis 7 ans.
Elle a fait profession il y a 5 ans.
Sa santé est déjà fragile,
mais elle n’est pas encore dans la nuit
de la dernière année de sa vie.

Thérèse est depuis longtemps saisie par la tendresse de Dieu.
En février, elle a écrit sa longue poésie « Vivre d’amour ».
« Au Cœur divin débordant de tendresse…
j’ai tout donné. »
« Vivre d’amour c’est bannir toute crainte,
tout souvenir des fautes du passé.
De mes péchés, je ne vois nulle empreinte.
En un instant, l’Amour a tout brûlé. »

Le 8 juin, une circulaire vient d’arriver au Carmel de Lisieux
annonçant la mort d’une carmélite de Luçon en Vendée,
une certaine sœur Marie-de-Jésus.
On y lit que « cette sœur s’est bien souvent offerte
comme victime à la Justice divine ».
Elle est morte dans une agonie terrible
et l’on garde d’elle cette confidence :
« Je n’ai pas assez de mérites ;
il faut en acquérir ».

Le lendemain, 9 juin, c’est la Fête de la Trinité.
Ce jour-là Thérèse reçoit « la grâce de comprendre
combien Jésus désire être aimé » (Ms A, no. 84).
Elle écrira : « Je pensais, aux âmes qui s’offrent
comme victimes à la Justice de Dieu
afin de détourner et d’attirer sur elles
les châtiments réservés aux coupables. »
« Cette offrande, ajoute-t-elle,
me semblait grande et généreuse,
mais j’étais loin de me sentir portée à la faire.

Magnifique liberté intérieure de Thérèse,
qui, quelles que soient les habitudes de son temps,
reste à l’écoute du Seigneur qui l’enseigne
« sans bruit de parole ».
Elle ne craint pas d’ouvrir un nouveau chemin,
simplement parce qu’elle y voit le don de Dieu.

« Ô mon Dieu, n’y aura-t-il que votre Justice
qui recevra des âmes s’immolant en victimes ? »
Votre « Amour miséricordieux n’en a-t-il pas besoin aussi ? »

L’Amour miséricordieux.
L’Amour de Dieu qui aime se déverser sur toute fragilité humaine,
qui sympathise avec toute faiblesse.

Cet amour, Thérèse voit bien qu’il est méconnu, rejeté.
Et parce qu’il est méconnu, les humains cherchent
dans les autres humains un amour
qui ne peut pourtant jaillir en plénitude que du Cœur de Dieu.

« Il me semble que si vous trouviez des âmes
s’offrant en victimes d’holocauste à votre amour,
vous les consumeriez rapidement. »
Magnifique intuition de Thérèse.
De même que dans la Première Alliance
on offrait à Dieu des holocaustes
où la victime était complètement consumée par le feu…
de même sommes-nous appelés à offrir,
nous aussi, des holocaustes.
Quelle victime offrirons-nous ?
Nous-mêmes !
À quel feu ?
Au feu de l’Amour de Dieu.
Il s’agit de laisser l’Amour miséricordieux
nous consumer pleinement,
c’est-à-dire envahir tout notre être,
remplir d’amour, de miséricorde tout notre être.

Mon Dieu, « il me semble que vous seriez heureux
de ne point comprimer les flots d’infinie tendresse
qui sont en Vous ».
Du feu ou des flots ?
Peu importe… les images sont toutes insuffisantes
pour dire ce saisissement de tout notre être
par l’Amour miséricordieux.

Thérèse n’attend pas, ne consulte pas…
Elle fait sans formule une offrande d’elle-même
à l’Amour miséricordieux pendant la messe de ce 9 juin.
À peine la messe terminée, elle va trouver Céline,
sa chère sœur devenue sœur Geneviève,
et sans rien lui dire, elle se met avec elle en quête de la prieure,
Mère Agnès de Jésus, pour lui demander la permission
de s’offrir, avec Céline, à l’Amour miséricordieux.
C’est urgent !
C’est l’urgence de l’amour.
La Prieure, pressée, mais surtout confiante en Thérèse,
donne d’emblée son accord.

Alors Thérèse rédige son acte d’offrande
et deux jours plus tard, le 11 juin,
devant la statue de la Vierge du Sourire, avec Céline,
elles s’offrent toutes deux à l’Amour miséricordieux.

Quelques semaines plus tard,
elle propose cette même offrande
à sœur Marie-du-Sacré-Cœur qui accepte.
En novembre, c’est Marie-de-la-Trinité qui s’offre elle aussi
et c’est ainsi que le feu se propage
et nous rejoint aujourd’hui !

Et si nous aussi, nous nous offrions
à l’Amour miséricordieux !
Si nous donnions à Jésus la joie
de pouvoir répandre en nous les flots de son Amour ?

Nous pouvons le faire, si vous le voulez
à travers ces quelques extraits de l’acte d’offrande de Thérèse :

Ô notre Dieu, Trinité bienheureuse,
nous désirons vous aimer et vous faire aimer.

Nous désirons être saints,
mais nous sentons notre impuissance
et nous vous demandons, ô notre Dieu,
d’être Vous-même notre sainteté.

Nous sentons en notre cœur des désirs infinis
et, c’est avec confiance que nous Vous demandons
de venir prendre possession de nos âmes.

Nous Vous supplions de nous ôter la liberté de vous déplaire ;
si par faiblesse nous tombons quelques fois,
qu’aussitôt votre Divin regard purifie nos âmes,
consumant toutes nos imperfections
comme le feu transforme toute chose en lui-même.

Afin de vivre dans un acte de parfait amour,
nous nous offrons comme victimes d’holocauste
à votre Amour miséricordieux,
Vous suppliant de nous consumer sans cesse,
laissant déborder en nos âmes les flots de tendresse infinie
qui sont renfermés en Vous
et qu’ainsi, nous devenions martyrs de votre Amour.

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