FMJ MtlLE CHRIST ROI DE L’UNIVERS – B
Frère Thomas
Dn 7, 13-14 ; Ps 92 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33-37
22 novembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Christ, Roi de justice de vérité et de paix

Quel contraste entre le Fils d’Homme
qui vient sur les nuées du ciel
– dont le prophète Daniel a eu la vision –
et cet homme ligoté, amené à Pilate
et interrogé par lui sur sa royauté.
Et pourtant, c’est le même Jésus-Christ,
le Roi de l’univers que nous célébrons aujourd’hui.

Lui dont la domination est éternelle,
dont la royauté ne sera pas détruite.
Lui à qui reviennent gloire et puissance
pour les siècles des siècles.
Lui qui est l’Alpha et l’Oméga,
Celui qui est, qui était et qui vient.

Mais quelle est donc cette royauté ?
Pilate n’en revient pas quand il interroge Jésus.
Il s’attend à ce que Jésus Se défende.
Un roi capturé cherche habituellement
à défendre sa légitimité, sa dignité.
Au lieu de cela, Jésus répond
à la première question de Pilate par une question.
Alors, Jésus révèle à Pilate
que sa royauté ne vient pas de ce monde.

Regardons maintenant Jésus tout au long des Évangiles
pour voir comment Il exerce sa royauté.
Jésus est de race royale par son père nourricier Joseph,
de la descendance de David.
Mais, bien qu’Il naisse dans la ville du roi David, Bethléem,
Jésus naît dans une étable
car il n’y a pas de place pour Lui à l’hôtellerie.

Puis la petite famille de Jésus
doit se réfugier en Égypte pour quelques temps,
pour fuir la fureur sanguinaire du roi Hérode.
Après quelques années, ils revinrent à Nazareth
où Jésus y apprendra le métier de charpentier auprès de Joseph.
Durant sa vie publique nous voyons Jésus enseigner
et diriger les foules, ses disciples et ses apôtres.

Nous Le voyons aussi s’enfuir
pour aller prier seul dans la montagne
quand ils voulurent le faire roi.

Nous voyons Jésus mener une vie itinérante très simple,
dépendant de l’hospitalité des habitants qu’Il rencontre,
n’ayant pas une pierre où reposer la tête.

Il prend souvent la parole en public,
Il prend des initiatives audacieuses et créatrices,
notamment lorsqu’Il opère des guérisons.
Cependant, il arrive souvent que Jésus soit incompris,
même par ses plus proches.

Et enfin, nous voyons Jésus mourir jeune,
d’une manière qui est dégradante tout à la fois
autant pour les autorités juives que pour les autorités romaines.

Jésus n’aura vécu que trois années de vie publique,
ce qui est très peu pour asseoir de véritables responsabilités,
pour développer une notoriété, pour bâtir une royauté.
Quand on compare Jésus aux autres fondateurs
des grandes religions de ce monde
(Moïse, Mohamed, Bouddha),
c’est la brièveté de sa vie publique qui frappe.

Et voilà que ce même Jésus est regardé
par le prophète Daniel, venant sur les nuées du ciel,
avec tous les peuples, nations et langues qui le servent.
Saint Jean aussi, dans l’Apocalypse,
Le voit aussi venir parmi les nuées,
se montrant à tous les humains,
même à ceux qui L’ont transpercé.

C’est donc bien que sa royauté ne vient pas de ce monde,
mais elle se manifeste dans le monde.

Les royautés qui viennent de ce monde
cherchent à développer leur pouvoir
en vue d’acquérir toutes sortes de richesses.

Les attentats qui ont eu lieu à Paris
il y a près d’une semaine,
ont ébranlé les habitants du monde occidental.
Voilà que soudain les nations riches se découvrent vulnérables
aux attaques de groupes terroristes déterminés.
Alors que ce genre d’attaques est le lot quasi quotidien
de bien des pays pauvres depuis longtemps.
Ces derniers jours, il y a eu les attentats de Paris,
mais il y a eu aussi à Beyrouth et à Bamako au Mali.

Les richesses, les armes lourdes, les dispositifs de sécurité
– ou même les murs qu’à l’occasion ils peuvent construire –
ne constituent plus une barrière de protection
contre l’immense masse des personnes pauvres
qui vivent sur notre planète.

Pauvres matériellement, en quête d’une vie
de sécurité et de prospérité
– et nous voyons ces réfugiés
qui affluent par centaines de milliers.
Mais aussi pauvres spirituellement,
en quête d’un sens à leur vie,
qui recherchent ce sens dans l’islamisme radical,
sens qu’ils n’avaient pas trouvé
lors de leur confrontation avec la culture occidentale.

Voilà donc les limites des royautés qui viennent de ce monde.
Même si elles cherchent le bien-être de leurs concitoyens,
elles finissent par créer des masses de laissés-pour-compte ;
et ces masses finissent par se révolter,
car elles aussi voudraient avoir part à la royauté.

« Ma royauté ne vient pas de ce monde,
répond Jésus à Pilate.
Si ma royauté venait de ce monde,
J’aurais des gardes qui se seraient battus
pour que Je ne sois pas livré aux Juifs » (Jn 18,36).

Pilate voit bien que Jésus ne cherche pas à lui tenir tête,
ni à la puissance de l’empereur romain.

Pourtant Pilate fera condamner Jésus comme
s’il était effectivement le roi des Juifs
qui S’est révolté contre l’envahisseur romain.
Et les soldats romains, au moment de la flagellation,
du couronnement d’épines, du chemin de croix
et de la crucifixion, n’auront de cesse d’humilier Jésus à l’extrême.
Les membres du Sanhédrin montent donc un procès contre Lui
où ils l’accuseront d’être blasphémateur.
Et lorsque Jésus sera sur la croix,
le fait qu’Il ne veuille pas en descendre
sera pour eux une confirmation de son caractère d’imposteur.

Voilà donc les intrigues des royautés,
des recherches de pouvoir et de richesses
qui viennent de ce monde.
Jésus a été pris là-dedans.
Jésus est mort à cause de ces intrigues.

Combien d’entre nous pourrait témoigner d’injustices
dont nous avons été victimes, dans notre travail,
dans notre famille, parmi nos amis ou ailleurs ;
licenciement abusif, harcèlement, violence, vol, persécution,
en raison de recherche de pouvoir par des tierces personnes.

Si nous avons vécu cela,
ne sombrons pas dans la honte ou la dépression.
Gardons courage, nous ressemblons à Jésus
et heureux êtes-vous, car, nous dit-Il :
« Le royaume des Cieux est à vous ! »

Les royaumes de ce monde ont beau s’affronter
par des armes, des bombes, des dénonciations abusives,
des corruptions, des violences, des harcèlements,
des déclarations de toutes sortes,
le Royaume du Christ, lui, ne passera pas.
« Sa domination est une domination éternelle,
qui ne passera pas ;
et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite » (Dn 7, 13-14).

Le Christ est Roi à jamais de tout l’univers,
car Il est maître de toute droiture, de toute vérité
(c’est ce qu’Il dit aussi à Pilate).
Le mensonge finit pas se détruire lui-même.
Aucune royauté, aucun pouvoir bâtit sur le mensonge ne tient :
l’Histoire de notre monde le montre à l’envie !

La vérité, elle, resplendit, elle est en expansion ;
elle remplit tout l’univers car c’est elle qui a créé l’univers.
Ainsi Jésus-Christ, qui est la Vérité, est le Roi de tout l’univers.

« Je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur,
Je suis Celui qui est, qui était et qui vient,
le Tout-Puissant » (Ex 3,14).

© FMJ – Tous droits réservés.