FMJ MtlVendredi, 9e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Tb 11, 5-17; Ps 145; Mc 12, 35-37
6 juin 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Au torrent de l’Amour du Père

Avez-vous vu le chien qui remue la queue en signe de joie ?
Avez-vous vu la course du vieux papa aveugle
qui va à la rencontre de son fils qui revient enfin ?
Avez-vous vu cette embrassade si émouvante
du vieux père avec son fils ?
Et ce geste si beau du fils
qui ouvre les yeux de son père ?

Un fils qui fait la joie de son Père…

Comment ne pas penser au Fils, à Jésus,
qui S’en retourne auprès du Père
et à la joie qui déborde de cette rencontre,
cette étreinte éternelle du Fils et du Père.

Là, ce n’est pas à son Père
que le Fils ouvre les yeux
mais à une multitude d’hommes et de femmes,
à nous qui découvrons avec émerveillement
l’amour du Père et du Fils.

Parce qu’avec Jésus,
c’est nous tous qui allons auprès du Père.
Avec Jésus, c’est nous tous
qui entrons dans cette étreinte éternelle.

Qui pourra dire l’amour du Fils pour le Père ?
L’amour de Jésus pour le Père…
Un amour qui a toujours brûlé son cœur
et qui se manifestait déjà à 12 ans.
quand Jésus déclarait
qu’Il Lui faut être aux affaires du Père (cf. Lc 2,49).

Cet amour, nul doute qu’il brûlait le cœur de Jésus
lorsqu’Il lisait les Écritures,
notamment lorsqu’Il priait les Psaumes,
lorsqu’Il priait en particulier le Psaume 110.

Voilà un Psaume que Jésus, semble-t-il,
affectionnait tout particulièrement.
Un Psaume d’une grande profondeur.
Il est dit « Psaume de David ».
C’est David qui parle
et qui s’adresse mystiquement
au Messie, au Roi à venir,
qui est son descendant, son fils.

À son fils qui est le Messie,
David s’adresse en disant « Adon »,
Adonai, « Seigneur ».
Et que lui dit-il ?
Qu’est-ce que ce Psaume nous dit du Messie ?

Le Psaume commence par rapporter
une parole de Dieu, du Père,
qui offre sa gloire divine au Messie
et l’assure que Lui-même le Père,
va mettre tous ses ennemis sous ses pieds.

Jésus a pu y lire l’œuvre du Père
qui le ressuscite d’entre les morts
et l’accueille avec son humanité
dans la gloire divine.

C’est l’amour du Père
qui ne me laisse pas seul dira Jésus (Jn 8,29).

Puis le Psaume annonce que cette victoire
depuis Jérusalem s’étendra au loin
et qu’elle atteindra l’ennemi en son cœur.
C’est la promesse d’une rédemption universelle
qui libère l’humanité au plus profond.

Puis, à s’en tenir au texte hébraïque,
il est question de la joie que le Messie va trouver
dans « son peuple généreux »…
C’est l’annonce de l’Église
qui naît du Mystère pascal.
C’est la promesse de l’Église,
Épouse qui fera la joie du Christ-Époux !

Puis vient l’annonce de ce que le Messie sera :
« prêtre pour l’éternité ».
Non pas prêtre du temple qui passe,
mais prêtre par l’offrande éternelle
qu’Il fera de Lui-même au Père.
C’est le Mystère pascal comme don infini de soi
qui fait la joie du Père comme du Fils.

Enfin il y a l’annonce mystérieuse
de quelqu’un qui, en route, sur le chemin,
boit au torrent et relève la tête.
Qui a bu au torrent,
sinon Jésus Lui-même en sa Résurrection,
qui, S’étant offert sans limite,
ayant consenti à ne plus exister par Lui-même,
Se laisse envahir par le torrent de l’amour du Père
et Se relève vivant du séjour des morts…

Voilà la trajectoire du Messie.
Voilà le destin de celui que David appelle « Seigneur ».
Mais comment peut-il appeler « Seigneur »
celui qui est son descendant ?
Ce comment, c’est le secret confié à Marie ;
c’est le secret confié à l’Église ;
c’est le secret confié à chacun de nous.

Nous savons jusqu’où est allé l’Amour du Père.
Nous le savons, nous en vivons et nous en vivrons.
Et cette Eucharistie nous fait goûter encore ce secret.
Elle nous fait boire au torrent de l’Amour du Père.
Avec Jésus !

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