FMJ MtlVendredi, 32e Semaine du Temps ordinaire – A
(St Martin de Tours, fondateur du 1er monastère d’Occident)
Fr. Antoine-Emmanuel
Ph 1, 20-24 ; Ps 88 ; Mt 25, 31-46
11 novembre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Martin « rempli de Dieu »

Un jour, Martin était en prière dans sa cellule.
Il était alors évêque et était resté un homme simple.
« Il restait semblable à celui qu’il avait été auparavant.
Même humilité en son coeur,
même pauvreté dans son vêtement » (Vita 10,1).
Alors qu’il priait, lui apparaît une grande lumière,
et dans cette lumière un homme serein, souriant, qui le regarde.
Celui qui lui apparaît enveloppé de lumière
est vêtu d’un vêtement royal,
avec un diadème de pierres précieuses
et des souliers dorés.
Il y eut un profond silence raconte le biographe de Martin.
Puis le souverain enveloppé de lumière dit à Martin :
« Martin, reconnais qui tu vois : je suis le Christ.
Au moment de descendre sur la terre,
j’ai tenu à me révéler auparavant à toi ».
Martin garde le silence.
« Martin pourquoi hésites-tu ?
Crois, puisque tu vois ! Je suis le Christ. »
Alors Martin, « à qui une révélation de l’Esprit Saint
donnait à entendre que c’était le diable et non le Seigneur »,
répondit :
« Non, le Seigneur Jésus n’a point prédit
qu’il viendrait vêtu de pourpre, ni avec un diadème éclatant :
pour ma part, je ne croirai à la venue du Christ
que s’il se présente avec les habits
et sous l’aspect qu’il avait lors de sa Passion,
et s’il porte clairement les marques de la croix. »
« À ces mots, l’autre s’évanouit aussitôt
comme une fumée (cf. Vita 24, 4-8).

Frères et soeurs, cette sagesse, cette écoute de l’Esprit
est le fruit d’une vie de prière,
d’une longue familiarité avec Jésus.
Martin est un vrai ami de Dieu,
un pionnier de la vie monastique
épris de solitude avec Dieu
autant que de zèle pour évangéliser.
Un homme qui quittait Dieu pour Dieu
c’est-à-dire qui quittait la solitude pour annoncer l’Évangile,
jusqu’à consentir au ministère épiscopal
et qui quittait les hommes pour les hommes
c’est-à-dire qui se retirait à Ligugé ou Marmoutiers
pour se recueillir en Dieu et se laisser ainsi brûler par la charité.
Martin avait une liberté étonnante
pour s’affranchir à la fois d’un idéal monastique venu d’Égypte
et pour contester un clergé installé et mondain.
L’essentiel de sa vie
ne se trouve ni dans une règle ni dans des honneurs :
elle se trouve dans le Christ.
Le Christ pauvre.
Et cela s’enracine en particulier
dans son expérience spirituelle à Amiens alors qu’il était soldat,
qu’il avait 18 ans et était encore catéchumène.
L’hiver était alors plus rigoureux que de coutume
et Martin n’avait sur lui que son manteau de soldat
dont l’armée était propriétaire pour la moitié,
ayant déjà donné aux pauvres ce dont il pouvait se passer.
Il rencontre un homme nu qui suppliait en vain tous les passants.
Martin « rempli de Dieu, comprit que ce pauvre lui était réservé
puisque les autres ne lui accordaient aucune pitié ».
Mais que faire puisqu’il a déjà donné ce qu’il pouvait donner ?
Martin se dévêt, se retrouve nu, partage son manteau en deux,
en donne un morceau au pauvre
et se rhabille avec le reste (cf. Vita 3,2).
La nuit suivante, quand il se fut abandonné au sommeil,
il vit le Christ vêtu de la moitié du vêtement
dont il avait couvert le pauvre.
Puis il entend Jésus dire aux anges :
« Martin qui n’est encore que catéchumène
m’a couvert de ce vêtement » (3,3)

Et son biographe de raconter :
« Cette vision n’exalta pas
un orgueil tout humain chez notre bienheureux,
mais il reconnu en son oeuvre la bonté de Dieu ».
C’est à moi que vous l’avez fait… (Mt 25,40)
You did it to me…
L’Évangile en cinq mots comme disait Mère Térésa.
Prendre soin de l’homme nu,
c’est prendre soin du Christ.
Prendre soin du pauvre « qui m’est réservé »,
c’est prendre soin du Christ…

Frères et soeurs, nous pourrions ce soir
faire un petit exercice spirituel.
Essayons de nous souvenir
d’un geste de compassion, de solidarité, de charité
que nous avons posé.
Un homme qui avait faim
et que nous avons accompagné dans un « Subway1 »
pour lui payer un repas.
Une personne en difficulté
que nous avons écoutée, conseillée, hébergée.
Re-voyons la scène dans notre coeur,
avec ce que nous avons vécu, ressenti.
Puis regardons-la de nouveau
en donnant à la personne que nous avons aidée
le visage du Christ souffrant, blessé, dans sa Passion.
Quel sentiment monte en nous ?
Que nous dit notre coeur profond ?
Et comme Martin, reconnaissons dans ce que nous avons pu faire
la bonté de Dieu.
La bonté de Dieu t’a inspirée, t’a guidé,
t’a rendu capable de ce geste.
Vois-tu tout le bien que tu peux faire
en te laissant ainsi habiter par la bonté de Dieu ?

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