FMJ Mtl2e DIMANCHE DE L’AVENT – B
Frère Antoine-Emmanuel
Is 40, 1-5.9-11 ; Ps 84 ; 2 p 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8
7 décembre 2014
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Laissez-vous consoler par le Seigneur !

Aujourd’hui, c’est l’apôtre Pierre
qui parle à travers sa deuxième lettre.
Une lettre forte, exigeante !
Au chapitre troisième,
Pierre dénonce les sceptiques moqueurs,
menés par leurs passions
qui disent : « où en est la promesse
de la venue du Seigneur ?
Car depuis que les pères sont morts,
tout demeure dans le même état
qu’au début de al création » (2 Pi 3, 3-4).

Pierre dénonce une sorte d’aveuglement des croyants
qui ne voient plus l’œuvre de Dieu dans l’histoire.
Et il ajoute : « Certains prétendent que le Seigneur a du retard,
mais la réalité, c’est qu’il fait preuve de patience envers nous.
Et pourquoi cette patience de Dieu ?
Parce qu’il ne veut pas que quelques-uns périssent,
mais il veut, oui il veut que
tous parviennent à la conversion » (2 Pi 3,9).

Le temps que le Seigneur nous donne
avant le déluge par le feu qui viendra (cf. 2 Pi 3,7),
c’est le temps que le Seigneur nous donne
pour que nous puissions nous convertir.
Pour que notre vie se transforme peu à peu…

Nous ne sommes pas condamnés
à rester toujours dans les mêmes misères !
Pierre nous indique deux voies de renouveau :
la « sainteté de vie », c’est-à-dire (cf. v. 14)
la possibilité de comportements autres,
d’un passage à une manière de vivre selon Dieu.
Et : le « respect de Dieu », littéralement
une belle vénération de Dieu,
une belle adoration, un goût nouveau de Dieu,
une joie nouvelle de vivre avec Dieu.

Tout cela est possible !
Et tout cela, il y a quelqu’un
qui vient nous l’enseigner aujourd’hui : Jean Baptiste !

Jean Baptiste… quel grand ami de Dieu !
Jean avait tout ce qui lui fallait
pour faire une belle carrière ecclésiastique.
Mais il a pris une direction toute opposée.
Il a quitté Jérusalem,
il a quitté le milieu sacerdotal,
il a quitté le Temple,
pour s’en aller au désert, sans doute assez jeune.

Au désert, Jean vit de manière très dépouillée.
Une grande pauvreté,
une grande écoute de Dieu.
Certainement de gros combats spirituels…

Et il a tenu…
Il a tenu bon…

Comment se présente-t-il
et comment les Évangélistes le présentent-ils ?
Comme la voix qui crie dans le désert (Mc 1,3).
C’est là une reprise du Chapitre 40 d’Isaïe
qui annonce la grande consolation
pour le peuple d’Isaïe exilé (cf. v. 9-11).

Le peuple est en exil forcé à Babylone
et Isaïe annonce qu’il va sortir de Babylone,
marcher dans le désert, fouler le désert,
traverser le désert,
franchir les eaux du Jourdain
et rejoindre la Terre de la Promesse.
C’est une immense consolation.

Qu’est-ce que cela veut dire
que Jean reconnaisse là sa mission ?
Le peuple d’Israël n’est pas à Babylone
au temps de Jean-Baptiste !
Il est à Jérusalem, il est en Judée !
Mais regardez bien ce qui se passe ;
tout le peuple d’Israël vient vers Jean.
C’est-à-dire que tous quittent Jérusalem et la Judée.
Tous viennent au désert,
descendent dans le désert et y écoutent Jean.
Puis tous, à l’exception des plus arrogants,
descendent dans les eaux du Jourdain,
confessent publiquement leur péché
et entrent dans une nouvelle vie :
une vie toute orientée vers Quelqu’un,
vers le Messie qui vient,
vers le Christ qui va baptiser dans l’Esprit Saint
tous ceux qui viennent à Lui.

Alors, c’est bien de la fin d’un exil qui s’agit !!
Ils étaient en Judée et à Jérusalem,
mais ils étaient en exil, loin de Dieu.

Ce qui les a sauvés, c’est de quitter Jérusalem,
c’est-à-dire de quitter une manière d’être croyant,
de quitter une forme de religion.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Là, Jean-Baptiste est très concret.

Il s’agit de quitter toute suffisance vis-à-vis de Dieu.
N’allez pas dire « Abraham est notre Père », (Mt 3,9)
nous sommes des pratiquants,
et donc nous n’avons pas besoin de nous convertir.
Non… quitte toute suffisance devant Dieu.
Cherche, trouve, retrouve l’humilité du cœur devant Dieu,
entre dans une belle adoration du Dieu trois fois Saint !

Inséparablement, Jean appelle à la « sainteté de vie »,
à des comportements nouveaux.
Saint Luc nous rapporte en détail la prédication de Jean
que je traduis en termes plus contemporains.

Tu as deux manteaux d’hiver : Partage !
Tu as ton frigidaire plein : Partage ! (cf. Lc 3,11)
Tu as pris l’habitude de voler des fournitures au bureau :
c’est fini ! (cf. Lc 3,13)
Tu t’es fait à l’idée d’être désagréable pour les autres
et tu ne te préoccupes plus de ce que tu fais vivre aux autres :
« Ne faites ni violence ni tort à personne ! » (Lc 3,14)

Tout cela, c’est la fin d’un exil.
Nous pouvons quitter une manière d’être au monde
à laquelle nous nous sommes habitués.
Nous pouvons traverser le désert
et descendre dans le Jourdain,
c’est-à-dire laisser toute suffisance,
descendre de nos piédestaux
et entrer dans une vie nouvelle toute tournée vers Jésus !

Est-ce que tout cela c’est du volontarisme ?
Non !
Pourquoi je dis non ?
Parce que le texte d’Isaïe
nous révèle quelque chose de fondamental :
quand Isaïe décrit le retour d’exil,
il nous parle de Dieu Lui-Même
qui traverse le désert !
Ce n’est pas le peuple tout seul qui quitte son exil
pour revenir vers Dieu.
C’est Dieu qui porte son peuple
comme un berger qui conduit son troupeau ;
comme un berger qui, de son bras, rassemble ses brebis ;
qui porte sur son sein les petits agneaux
et procure de la fraîcheur aux brebis qui allaitent (cf. Is 40,11).

Cela veut dire que notre retour d’exil,
oui, c’est un choix,
une décision que nous devons prendre.
Mais, inséparablement,
c’est en réalité, une œuvre de Dieu.
C’est un chemin où nous avançons
parce que Dieu nous y appelle,
parce que Dieu nous y attire et même nous porte !

Le petit agneau que Dieu porte sur son sein,
c’est toi, c’est moi !

Regardons bien, frères et sœurs,
est-ce qu’il n’y a pas des appels à la conversion
qui se manifestent dans notre cœur ?
C’est l’Amour de Dieu qui se manifeste
pour que nous revenions de notre exil !

Je termine avec quelques mots
de l’Angélus du Pape François de ce matin.

« Le Prophète Isaïe nous parle au cœur aujourd’hui
pour nous dire que Dieu oublie nos péchés et nous console.
Si nous nous confions en Lui avec un cœur humble et contrit,
Lui, abattra les murs du mal ;
Il remplira les trous de nos omissions ;
Il aplanira les hauteurs de notre orgueil et de notre vanité
et Il ouvrira la route de la rencontre avec Lui.

C’est curieux, mais souvent
nous avons peur de la consolation,
nous avons peur d’être consolés.
Et même : nous nous sentons plus sécures
en demeurant dans la tristesse et la désolation.
Vous savez pourquoi ?
Parce que dans la tristesse,
nous avons le sentiment d’être maître de la situation.
Par contre dans la consolation,
c’est l’Esprit Saint qui est maîtres de la situation.
C’est Lui qui nous console.
C’est Lui qui nous donne le courage
de sortir de nous-mêmes.
C’est Lui qui nous conduit
à la source de toute consolation, c’est-à-dire au Père.
C’est cela la conversion.
S’il-vous-plaît, laissez-vous consoler par le Seigneur !
Laissez-vous consoler par le Seigneur ! »
(Angélus 7.12.2014)

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