sanct - sm21e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Marcel Demers, p.s.s.
Jos 24, 1-2.15-18 ; Ps 33 ; Ép 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69
23 août 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

C’est Toi qui dit les vraies choses

Sans doute quelques personnes parmi vous aimeraient-elles entendre commenter la deuxième lecture qui pose bien des questions, il est vrai. Il y aurait beaucoup à en dire, mais il faudrait avoir le temps de donner un tas d’explications et d’étaler de nombreuses nuances. Comme il y a aussi beaucoup à dire à propos de l’Évangile et de la Première lecture, avec votre permission, la lettre aux Éphésiens va passer son tour.

Nous nous retrouvons donc avec l’affirmation de saint Pierre, archi-connue : « À qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).

Si nous sommes ici aujourd’hui, fidèles à l’Eucharistie, c’est sûrement parce que nous sommes convaincus de la justesse des paroles de Pierre. Nous avons donné un peu la même réponse que les contemporains de Josué : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu » (Jos 24,16.18)

Et pourtant, l’histoire nous apprend que cette réponse du peuple n’a pas toujours eu une suite très positive. Il suffit de lire le livre de Juges, qui suit immédiatement celui de Josué, pour entendre raconter une longue suite d’infidélités de la part du peuple.

Et nous, qu’en est-il de notre fidélité ? Se pourrait-il que ces paroles de la Vie éternelle auxquelles nous avons adhéré nous paraissent un peu comme toujours les mêmes … répétitives … fastidieuses… ? Que nous devenions, de façon insensible, distants à l’égard de ces paroles, négligents, à certains jours peut-être un peu blasés ? Se pourrait-il que notre conviction première ait un peu perdu de sa fraîcheur ?

Les contemporains de Josué savaient bien leur histoire quand ils ont répondu « oui ». Ils disaient se souvenir de tout ce que le Seigneur avait fait pour eux depuis leur sortie d’Égypte. Et pourtant, leurs descendants ont réussi à l’oublier…

Parlant de mémoire, pensons à certaines de nos réunions de familles ou réunions d’amis pendant lesquelles une personne raconte toujours la même histoire. Je pense à deux cas de figure. Dans le premier cas, une personne raconte toujours la même histoire et toujours de la même façon, de telle sorte qu’on peut finir la tirade avant elle.

Dans l’autre cas, la personne raconte la même histoire, en faisant ressortir des aspects pittoresques qui le rendent toujours nouvelle. Il se peut que la personne ait tout simplement un talent naturel pour réussir cet exploit. Il se peut aussi qu’elle soit convaincue que cette histoire fait partie de l’esprit de famille ou de l’esprit de groupe qu’elle veut entretenir. Alors, rien n’apparaît trop difficile pour « réussir » cette histoire.

Revenons à nous. Quand il s’agit de l’esprit de la famille des enfants de Dieu, savons-nous trouver les personnes les plus aptes à nous en présenter l’actualité, à faire ressortir des traits qui réveillent notre attention ?

Deviendrons-nous nous-mêmes des conteurs talentueux, capables d’inciter à renouveler l’adhésion à Celui qui a les Paroles de la Vie éternelle ?

Dans le discours de Josué, on trouve une indication sur ce qui peut enrayer ce processus d’adhésion nouvelle. Josué demande à ses interlocuteurs s’ils veulent servir les dieux que leurs pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont ils habitent le pays.

Avons-nous bien identifié les dieux qui pourraient nous tenter d’abandonner le vrai Dieu? Ne répondons pas trop vite qu’il n’y en a pas … ! Certes, je serais surpris qu’on retrouve dans nos bagages des idoles comme celles qui encombraient la vie des gens de cette époque ancienne. Mais n’existe-t-il pas dans nos vies des rêves déçus qui prennent une place envahissante? Ne baignons-nous pas aussi dans une atmosphère qui nous pénètre malgré nous et qui insinue que la religion est une chose dépassée, et qu’il faut passer à autre chose? Oui, prenons le temps de bien identifier tout ce qui pourrait court-circuiter le message de Jésus.

Ce dernier, de son côté, nous présente un volet plus positif. Il nous dit : « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jn 6,63) Un peu plus loin, il ajoute : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père » (v. 65).

Si nous sommes des fidèles de l’Eucharistie, nous mettons en œuvre toute notre bonne volonté à travers cette assiduité que nous sommes heureux d’offrir au Seigneur.

Devant cette démarche, Dieu va nous répondre par sa propre gratuité. Nous rencontrons Jésus dans l’Eucharistie, Jésus ressuscité qui nous donne l’Esprit. L’Esprit nous est donné pour comprendre la Parole.

Souvenons-nous que, dans ce long discours sur le Pain de Vie, Jésus se présente d’abord comme celui qui nous offre sa Parole. Il donne sens à notre vie. L’Esprit devient donc ce conteur habile qui va nous faire entendre la même histoire avec des accents toujours nouveaux.

Quand nous disons à Jésus : « À qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. », nous Le reconnaissons comme le Compagnon de route qui a toujours quelque chose de nouveau à nous offrir, qui ajuste sa grâce à l’état dans lequel Il nous trouve.

Oui, nous pouvons être sûrs de notre réponse, dans la mesure où elle ne repose pas uniquement sur notre bonne volonté, mais surtout sur sa générosité à Lui.