FMJ Mtl17e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Antoine-Emmanuel
2 R 4, 42-44 ; Ps 144 ; Ép 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15
29 juillet 2012
Église Saint Firmin, Baie Sainte-Catherine, Québec

Jusqu’à la vie donnée

Je bénis le Seigneur pour le témoignage que vous donnez
en vous rassemblant en Paroisse pour écouter la Parole de Dieu
et pour célébrer la Sainte Eucharistie.

Vous donnez à vos familles, à vos proches,
le signe qu’il y a dans cette vie
quelque chose d’essentiel
qui dépasse tout,
qui est la priorité des priorités :
quelque chose ou plutôt quelqu’Un : Dieu.

Vous dites Dieu au monde.
Vous dites que Dieu a quelque chose à nous dire
et que vous voulez L’entendre.

Et c’est tellement vrai !
Dieu a une Parole qui donne la Vie.
C’est par sa Parole que Dieu a créé le fleuve, le fjord,
les baleines et tout l’univers.

Et c’est cette même Parole puissante
que nous recevons ensemble ce matin.

*

Ce matin, nous sommes avec Jésus au bord du rivage,
au milieu d’une foule
dont Saint Marc nous disait la semaine dernière
qu’ils sont comme des brebis sans bergers
et Jésus S’est mis à les enseigner longuement.

Ils ont reçu une Parole de Vie.
Une Parole si belle, si nourrissante, si nouvelle
qu’ils sont restés « accrochés » à Jésus,
bien que le jour avance.

Jésus parle, Jésus enseigne,
mais vient un moment où Jésus veut donner à la foule
plus que la Parole.
Jésus veut Se donner Lui-même.
Il n’est pas venu pour Lui.
Il est venu dans le monde pour la foule, pour nous ;
et Il veut Se donner.
Déposer sa Vie en eux, en nous.
Comme un époux qui veut se remettre à son épouse,
se livrer à elle, tout entier.

Et Jésus va accomplir cela d’une manière extraordinaire.
Avec une humilité et une discrétion merveilleuse,
Il n’impose pas le don de soi,
Il le voile sous l’apparence du pain.

C’est à travers du pain et des petits poissons
que Jésus traduit son désir
de Se donner à la foule,
d’être leur nourriture,
d’être en eux la VIE.

Vous pressentez là le désir qu’a Jésus
de venir en chacun d’être Vie.

Sa propre Vie, sa Vie avec le Père,
sa Vie brûlante d’Amour,
Il désire la déposer, la vivre en chacun de nous.

Et le pain dit cela.

Alors Jésus prépare ses apôtres à ce don
en les invitant à regarder la situation :
cette foule a faim.

Alors, vous avez Philippe qui calcule
et qui arrive à une impasse…
impossible de trouver 30 000 $ pour nourrir ce monde.

Vous avez André qui a su voir
les cinq pains et les deux poissons du petit garçon,
qui le dit à Jésus,
mais qui n’a pas d’espérance.

Et il y a le petit garçon qui, lui,
remet à Jésus ses cinq pains et ses deux poissons.

Et c’est ce don très pauvre
que Jésus va multiplier.
Jésus multiplie le don de l’enfant.
Ce n’est pas un prodige, ce n’est pas de la magie,
c’est la multiplication de l’Amour.

Le petit geste de confiance de l’enfant
déposé dans les mains de Jésus
devient une nourriture en surabondance pour une foule.

*

J’ouvre ici une parenthèse :
votre communauté chrétienne
n’a pas besoin d’être nombreuse pour être féconde.
Si vous vous remettez à Jésus,
si vous Lui remettez ensemble votre vie,
je vous assure que quelque chose de magnifique
va se déployer ici,
et beaucoup de jeunes vous rejoindront.

*

Jésus a donc reçu et multiplié
les cinq pains et les deux poissons.
Et toute la foule assise sur l’herbe verte est rassasiée.
C’est cela que désirait Jésus :
nourrir la foule,
leur donner la Vie,
nous donner la Vie.

Mais c’est encore un signe.
Ce n’est que du pain et du poisson.
Le désir de Jésus va beaucoup plus loin.
Et Jésus ira jusqu’au bout de son désir, de sa Passion :
Se donner, Se perdre,
pour venir vivre en nous.

Et vous savez comment Il a réalisé cela :
en mourant pour nous sur la croix.
Jésus est allé pour nous jusqu’au bout de l’Amour.
Nous, nous Le regardons en croix
et nous entendrons :
Ceci est mon corps livré pour vous.
Ceci est mon sang versé pour vous.

Et nous Le recevons, frères et sœurs,
nous Le recevons en nous.
Jésus mort et ressuscité vient vivre en nous.
La vraie Vie, la Vie éternelle, la Vie qui est Amour,
qui est don, qui est joie, vient en nous.

Et pour que cela soit bien clair,
bien concret, bien proche de notre vécu,
juste avant de mourir,
Jésus a pris soin d’instituer un geste très simple,
et d’une profondeur inouïe :
qu’en son nom les apôtres prennent du pain et du vin,
qu’en son nom, ils redisent les paroles de Jésus,
et qu’en son nom, ils le donnent aux chrétiens.

Alors ce n’est plus simplement un signe
que nous recevons à la messe,
c’est véritablement le corps de Jésus,
c’est son sang,
c’est son âme, c’est sa Divinité…
Et si vous et nous, nous venons et revenons à la messe,
c’est parce qu’il n’y a pas de don plus grand que celui-là !

Pourquoi des prisonniers catholiques d’Auschwitz
se faisaient passer du pain consacré
dans un tube d’aspirine ?
Parce que ce Pain-là, c’est le Pain de la Vie,
c’est la Vie de Jésus qui vient vivre en nous.

*

Ce que Jésus désirait sur le rivage du lac,
se réalise aujourd’hui pleinement !

Vous voyez l’Amour que Jésus a pour nous.
Vous voyez l’Amour que le Père a pour nous
… c’est complètement fou !

*

Je voudrais terminer en vous faisant remarquer
une petite note de l’Évangile d’aujourd’hui :
tout cela, Jésus a voulu le réaliser
de l’autre côté de la mer de Galilée,
sur l’autre rive.
Dans le fond, c’est un banquet sur l’autre rive.
Qu’est-ce que le Seigneur a préparé pour nous
sur l’autre rive, c’est-à-dire au-delà de la mort ?
Il a préparé un banquet.
Sur l’autre rive nous allons – par pure miséricorde –
communier à Jésus, être avec Jésus,
vivre en plénitude de sa Vie.
C’est cela le terme de la navigation qu’est cette vie.

Alors vous comprenez bien
que chaque fois que nous célébrons la messe,
nous goûtons le Ciel.

Quel beau signe vous donnez
par la porte ouverte de votre église paroissiale !
Parce que vous dites au monde
que le cœur de Dieu est ouvert.
Vous êtes sur le rivage de Baie Saint Catherine
un signe d’espérance.
Vous dites que le ciel est ouvert,
vous dites que l’éternité est ouverte
et que Jésus en est la porte.
La porte grande ouverte.

Soyez bénis
et soyez heureux d’être chrétiens.

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