FMJ MtlDIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 2, 42-47 ; Ps 117 ; 1 P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
23 avril 2017
Maison de Prière, Mont Saint-Hilaire

Devant l’adversité, ils ont eu peur

Pourquoi Thomas n’est-il pas là ?
Parce qu’il est parti magasiner ou visiter des amis ?
Je ne crois pas !

Il faut nous mettre dans l’état d’esprit
des apôtres qui ont été si proches de Jésus, si aimés, si privilégiés.
À eux, Jésus a révélé d’une manière unique les secrets de son Cœur.
Il leur a véritablement ouvert son Cœur…
Eux-mêmes se sont engagés à suivre Jésus
et à Le suivre jusqu’à la mort…
« Même s’il faut que je meure avec Toi,
non je ne Te renierai pas » (Mt 26,35).
avait dit Pierre.
« Et tous les disciples en dirent autant » (idem).
Thomas qui semble être comme le jumeau de Pierre
avait proclamé :
« Allons, nous aussi, et nous mourrons avec Lui » (Jn 11,16).

Et tous ont déserté.
Tous à l’exception du plus jeune, Jean.
« Tous L’abandonnèrent et prirent la fuite »
raconte Saint Marc (Ac 14,50).
Au pied de la Croix, pas un seul des 12 Apôtres
n’est resté, sauf Jean.

Pierre, le plus hardi à proclamer qu’il ne lâcherait pas Jésus,
et le plus courageux aussi,
n’a pas eu le courage de se mettre à l’école du plus jeune, de Jean,
et par trois fois devant des servantes, il a renié.
Juda, lui, a trahi…

C’est la débâcle totale
qui fait qu’au matin du troisième jour,
on les imagine dispersés
à la manière des disciples d’Emmaüs.
Dispersés et complètement perdus intérieurement :
il y a eu le refus de Jésus
de prendre les armes pour Se battre certes,
mais il y a aussi leur propre infidélité.

Et quand ils apprennent que Jésus
S’est manifesté ressuscité aux femmes,
ils sont loin d’être remis debout. Très loin !

Plus la nouvelle de la Résurrection se confirme,
plus l’angoisse d’avoir délaissé Jésus
devient envahissante dans leur cœur.
Et cela d’autant plus que Jésus est apparu aux femmes,
mais pas à eux…

Est-ce que je peux être pardonné ?
Est-ce que Jésus peut me pardonner ?
Est-ce que le Père peut me pardonner ?
Est-ce que la Mère de Jésus peut me pardonner ?

Ce que j’ai fait est impardonnable !

« La Paix soit avec vous ! » (Jn 20,19)
« La Paix soit avec vous ! » (Jn 20,21)
Et une troisième fois huit jours plus tard :
« La Paix soit avec vous ! » (Jn 20,26)

Je vous pardonne,
mais Je ne vous garde pas comme mes Apôtres.
Je vais en choisir d’autres plus vaillants que vous ?
Non !

Jésus pardonne.
Et Il pardonne vraiment.
Il aime, Il donne tout son amour
à ceux qui ont blessé son Cœur si profondément.
Et Il les choisit à nouveau.
Il les missionne à nouveau.

Mais Jésus ne pouvait-Il pas leur éviter
une telle chute, une telle lâcheté ?
Il aurait pu fortifier leur courage de manière surnaturelle…
et Il ne l’a pas fait.

Les Onze Apôtres auront pour toujours
une blessure au cœur.
Leur orgueil viril et religieux s’est effondré.
Ils ont connu leur fragilité, leur infidélité.

Alors Jésus peut souffler sur eux
et leur dire : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez les péchés, ils seront remis.
À qui vous maintiendrez les péchés,
ils seront maintenus » (Jn 20, 22-23).

Ils ont été préparés par leur dégringolade
à être les serviteurs de la Miséricorde.
Il fallait qu’ils dégringolent de leur arrogance,
de leur mauvaise fierté,
pour être maintenant d’extraordinaires ministres de la Miséricorde.

La blessure de leur cœur humilié
est maintenant suffisamment ouverte
pour que la source de la Miséricorde passe.

Parce que c’est cela le désir de Jésus :
que beaucoup, beaucoup puissent recevoir
les eaux vives de la Miséricorde.
C’est pour cela qu’Il a choisi, formé des Apôtres,
et qu’Il a purifié, douloureusement, leur cœur.

Le désir de Jésus, c’est que sa Miséricorde
parvienne à toutes les extrémités de la Terre.
Il fallait blesser les cœurs pour qu’ils laissent passer l’Amour.
Pourquoi Jésus donne-t-il des prêtres à l’Église,
au monde, aujourd’hui encore ?
Pour que sa Miséricorde atteigne une multitude de cœurs.

Pourquoi Satan se bat-il inlassablement contre les prêtres
et les pousse-t-il au mal ?
Pour les empêcher de répandre la Miséricorde,
pour assécher le monde,
pour faire de la Terre un désert aride.

Pourquoi Marie veille-t-elle particulièrement sur les prêtres ?
Pour que la Source d’or de leur cœur
n’arrête pas de laisser couler la Miséricorde sur le monde !

Et que se passe-t-il lorsque la Miséricorde rejoint les cœurs ?
Les Actes des Apôtres nous le décrivent merveilleusement.
Quand la Miséricorde entre
dans les cœurs des uns et des autres,
apparaît une réalité toute nouvelle
qui est la communion.

Elle est faite de solidarité.
Mais elle est plus que de la solidarité :
elle est un partage,
une mise en commun de ce que l’on a.
Et elle est encore plus que cela :
elle est mise en commun de ce que l’on est.
La Miséricorde fait tomber les murs de honte,
de peur, de jugement, de compétition entre nous.
Elle suscite un accueil mutuel,
une demeurance mutuelle
qui est la « marque de fabrication » du « Royaume » !

Les premiers chrétiens de Jérusalem étaient aussi
assidus à l’enseignement des Apôtres (Ac 2,42).
Ils voulaient entendre les Apôtres
leur parler de la Miséricorde divine.
Ils étaient aussi assidus à la communion
et grâce aux Apôtres, ils entraient dans cet accueil mutuel.
Ils devenaient « in » comme Jésus l’avait demandé au Père.

Ils étaient assidus à la fraction du Pain, à l’Eucharistie,
pour recevoir Jésus,
pour vivre de la Vie du Ressuscité.

Et ils étaient assidus aux prières :
ils intercédaient pour que de plus en plus d’hommes,
de femmes et d’enfants
connaissent la joie de cette Vie nouvelle,
de cette communion qui jaillit de la Croix de Jésus.

Comme le proclamait Pierre,
le Père, dans sa grande Miséricorde,
nous a fait renaître (1 Pi 1,3).
C’est une nouvelle naissance.
Nous naissons de nouveau !
Nous naissons ensemble à cette Vie nouvelle.
La Miséricorde divine est le sein maternel de Dieu
où nous sommes continuellement conçus
à la Vie nouvelle qui est vie de communion.

Et Pierre d’ajouter que le Père nous fait renaître
pour une vivante espérance… (id.)
pour un héritage qui nous est réservé dans les Cieux.
Le grand fruit de la Miséricorde, c’est notre encièlement.
C’est cela le grand don de la Pâques de Jésus.

Jésus, sans Te voir, nous t’aimons !
Sans Te voir encore, nous mettons en Toi notre foi
et nous exultons d’une joie inexprimable et remplie de gloire
car en toi nous allons obtenir le salut des âmes
qui est l’aboutissement de notre foi.

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