FMJ MtlDIMANCHE DE PÂQUES
Frère Thomas
Ac 10, 36a. 37-43 ; Ps 117 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-19
16 Avril 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Enfantés à la foi en la résurrection

Marie-Madeleine aperçoit la pierre qui a été enlevée du tombeau.
La première idée qui lui vient à l’esprit,
et qu’elle va aussitôt rapporter aux apôtres :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau
et nous ne savons pas où on l’a mis. »
C’est l’hypothèse du rapt du corps de Jésus.
Pourtant Jésus avait par trois fois annoncé sa mort… et sa résurrection.

Dans l’Évangile de Matthieu,
Jésus après le repas pascal, au mont des oliviers, avait dit aux apôtres :
« après ma résurrection je vous précéderai en Galilée. »
Dans l’Évangile de saint Jean,
Jésus va jusqu’à ressusciter Lazare enseveli
depuis quatre jours et à cette occasion il proclame :
« Je suis la résurrection. »
Lorsqu’il parle de sa mort,
il en parle comme de « l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. »

Mais tout cela ne revenait pas à la mémoire de Marie-Madeleine.
À Pierre non plus, lui qui courut et entra dans le tombeau
au témoignage de Marie-Madeleine,
cela ne revenait pas à la mémoire.
« Jusque là – nous dit saint Jean –
les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »

Que s’était-il donc passé
qui avait provoqué une telle perte de mémoire chez les disciples ?
Il y a eu cette mort violente de Jésus sur la croix.
Cette mort si violente, si injuste aussi,
qu’ils auraient tant aimé empêcher.
Pierre avait fait des reproches à Jésus
à sa première annonce de la Passion.
Il avait juré qu’il donnerait sa vie pour Jésus.
Nous savons comment Pierre a finalement renié son maître trois fois,
selon la prédiction même de Jésus.
Quel choc pour les disciples, quel traumatisme même.
La violence qui s’est déchaînée contre Jésus,
conjuguée à leur impuissance à lui faire face,
a fait perdre la mémoire aux disciples des annonces de la résurrection.

Pourtant Jésus avait maintes fois
montré sa maîtrise sur les puissances des ténèbres.
Dans tous les signes qu’il avait fait,
dans tous les miracles, guérisons,
libérations et résurrections même, qu’il avait opéré.

On n’accordait pas à Jésus
le pouvoir de ressusciter lui-même d’entre les morts.
Quand Jésus était suspendu à la croix,
les grands prêtres avec les scribes et les anciens disaient :
« Il en a sauvé d’autres et il ne peut pas se sauver lui-même :
qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui. »
Si Jésus était le Messie, selon eux, il ne devait pas passer par la mort.

De la même manière,
quand Lazare était mort et enseveli certains disaient :
« Ne pouvait-il pas,
lui qui a ouvert les yeux des aveugles,
faire aussi que celui-ci ne mourût pas ? »
On n’accorde pas à Jésus
le pouvoir sur la mort ni sur sa mort à lui.
On n’accorde pas à Jésus
d’être Fils bien-aimé du Père qui obtient de Lui toute sorte de signes.

Tous ont été les témoins – ou les bénéficiaires –
de nombreux signes, qui ont montré la puissance de Jésus et du Père,
sur la maladie et la mort.
Mais pour ce qui est de la résurrection de Jésus lui-même,
c’est comme si elle était inenvisageable.
C’est comme si la mort de Jésus était irréversible.
C’est comme s’il n’y avait plus d’issue à l’abîme dans lequel il a été plongé.

Les disciples ont besoin d’être guéris dans leurs regards,
dans leur espérance, dans leur mémoire.
Pierre devra accueillir de tout son cœur
le signe de la résurrection de Jésus
avant de la proclamer aux juifs et aux païens :
« Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice,
Dieu l’a ressuscité le troisième jour. »
Tous les disciples devront rechercher les réalités d’en haut,
là où se trouve le Christ (…) pour que leur vie soit cachée avec le Christ en Dieu.
Ils verront le Christ comme
la pierre rejetée des bâtisseurs devenue désormais la pierre d’angle.

Si Pierre, en arrivant au tombeau vide,
ne croit pas encore,
autres sont les dispositions intérieures du disciple que Jésus aimait.
« Il vit et il crut. »
Que vit-il ?
Il vit, dans le tombeau ouvert,
les linges posés à plat et le suaire roulé à part à sa place.
Il a fait tout de suite le lien
avec la résurrection de Jésus.
Si le corps de Jésus avait été dérobé,
les linges ne seraient pas là, ou alors ils seraient en désordre.
Qu’à donc ce disciple de plus que les autres,
qui lui fait croire à la résurrection de Jésus avant les autres ?

Ce disciple s’est tenu au pied de la croix.
Il a vu l’eau et le sang couler du côté du Christ
et il a reçut Marie, la mère de Jésus, comme sa mère.
Dès le soir de la mort de Jésus,
le disciple accueillit Marie chez lui.
Marie, elle, n’avait pas été atteinte intérieurement par la mort de Jésus,
comme les autres disciples ont été atteints ;
même si la mort de Jésus a été pour elle extrêmement douloureuse,
Marie se tenait debout au pied de la croix
et a vécu dans la foi la mort de Jésus.
C’est Marie qui a enfanté le disciple
que Jésus aimait dans sa foi en la résurrection.

Laissons-nous enfanter et fortifier
à la foi en la résurrection de Jésus comme les disciples.
Laissons de coté nos peurs, nos doutes,
nos expériences douloureuses.
Et confions-nous à Marie notre mère,
pour qu’elle nous enfanter à la foi en la résurrection,
comme elle le fit pour le disciple que Jésus aimait.

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