FMJ MtlVendredi, 1ère Semaine de l’Avent – C
Frère Antoine-Emmanuel
Is 29, 17-24 ; Ps 26 ; Mt 9, 27-31
4 décembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La Miséricorde chasse la honte

Avez-vous entendu les promesses de Dieu ?
« Les sourds entendront les paroles du livre » (Is 29,18).
Ce n’est pas simplement « les sourds entendront »,
mais… entendront la lecture du livre.
La promesse de Dieu est merveilleuse
pour tous ceux qui n’entendent pas la Parole de Dieu :
ils vont enfin entendre ce que le Seigneur dit
à travers le livre de la création, des atomes aux galaxies,
à travers le livre des évènements,
à travers le livre de la conscience
et surtout à travers le Livre de la Révélation.
Ils vont entendre !

La deuxième promesse est pour les aveugles qui,
sortant de l’obscurité et des ténèbres, vont enfin voir.
Promesse formidable pour tous ceux et celles
qui ne voient pas où ils vont,
dont le cœur, l’intelligence sont dans le noir.
Ils verront la lumière.
Ils vont soudain voir la beauté du Visage de Dieu
et la beauté du visage de chaque personne humaine,
chacun, chacune, reflétant le Visage de Dieu.

La troisième promesse est pour les pauvres, les humbles,
le peuple des opprimés, des laissés-pour-compte,
victimes des injustices et des usurpations
qui défigurent la Terre.
Il leur est promis joie et exultation dans le Seigneur.
Et la joie dans le Seigneur est une joie qui dure,
une joie que nul ne peut enlever.
Voilà les promesses de Dieu.
Promesses qui se réalisent,
car, dit Isaïe, ce sera la fin des tyrans (29,20)

Quels tyrans ?
D’abord du grand tyran, du diable,
qui nous tient captifs de la tristesse,
de l’accablement et du découragement.
Il est le prince de la lourdeur, de la torpeur.
Plus encore, il est le grand tyran
parce qu’il nous sépare de Dieu,
il nous isole de Dieu,
nous prive de la douceur et de la joie de la Vie en Dieu,
de la Vie de communion.
Ce sera la fin de ce tyran !

Une autre tyrannie dont nous serons libérés,
ce sont toutes les tyrannies du monde.
Tyrannie des dictateurs, tyrannie des manipulateurs,
tyrannie des séducteurs…
Mais aussi tyrannie de l’argent,
tyrannie du pouvoir,
tyrannie du sexe comme loisir.
Ce sera la fin des tyrans !

Le troisième tyran… c’est nous-mêmes.
C’est le vieil homme en moi, en toi.
Ce vieil homme constamment tourné vers soi,
qui veut tout ramener à soi,
insensible à l’Amour qui est sortie de soi.
Il y a trois tyrans : je, me et moi.
Je, me, moi… dans lequel je me noie…
Ce sera la fin des tyrans…

Frères et sœurs, voilà la magnifique promesse de Dieu.
Dieu qui perçoit nos surdités,
nos aveuglements, nos humiliations.
Dieu qui nous voit aux prises avec les tyrans ;
Dieu qui est ému jusqu’aux entrailles,
comme si nous étions dans Ses entrailles ;
qui sympathise pour la faiblesse
et qui S’active pour nous libérer.

Cela s’appelle la miséricorde.
Dieu qui donne son Cœur à notre misère…

Et pourquoi la liturgie associe-t-elle à ces promesses
le récit de la guérison des deux aveugles par Jésus ?
Pour que nous voyions bien qu’en Jésus
les promesses du Père ont leur accomplissement définitif.

Jésus est le Visage de la Miséricorde du Père.
La Miséricorde du Père
était déjà pleinement révélée dans le Premier Testament,
mais son Visage restait encore mystérieux.
Désormais la Miséricorde divine a dévoilé son Visage,
si beau, si séduisant, le Visage de Jésus.

Jésus n’est pas seulement l’ouvrier de la Miséricorde du Père.
Il en est le Visage !
Sa personne est l’expression de la Miséricorde du Père.
Il en est le Visage !
Sa personne est l’expression de la Miséricorde du Père.
Tout est en Lui.

Regardez… Que dit Jésus aux deux aveugles ?
Qu’il vous advienne selon vos mérites ? Non !
Qu’il vous advienne selon votre sainteté ? Non !
« Qu’il vous advienne selon votre foi ! » (Mt 9,29)
Et de quelle foi s’agit-il ?
Celle qu’ils viennent de professer :
« Croyez-vous que je peux faire cela ? » (v. 28)
« Oui Seigneur ! » (v. 28)

Ce n’est pas : « Croyez-vous que Dieu peut faire cela »,
mais croyez-vous que Moi,
Jésus de Nazareth, Je peux faire cela ?

Il nous advient selon notre confiance
dans la personne de Jésus.
La miséricorde entre dans nos vies,
nous relève, nous libère, nous sauve,
dans la mesure de notre confiance en Jésus
parce que Jésus est le Visage de la Miséricorde du Père.

Comment se poursuit la Prophétie d’Isaïe ?
Jacob n’aura plus de honte (…)
car en voyant ce que j’ai fait au milieu d’eux,
ils proclameront la sainteté de mon Nom (Is 29,23).

La Miséricorde divine chasse la honte…
Voilà un magnifique enjeu de l’année de la miséricorde :
la Miséricorde va faire son chemin en nous,
elle va traquer la honte qui se cache dans nos cœurs,
dans nos familles, dans nos communautés
pour nous rendre libres, libres pour aimer !

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