FMJ MtlMardi, 14e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Os 8, 4-7.11-13 ; Ps 113 B ; Mt 9, 32-38
6 juillet 2010
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Jésus est descendu dans le métro !

Jésus est descendu dans le métro de Montréal
aux heures de pointe.
Il a vu les foules.
Il a regardé les foules.

Il en a été remué jusqu’aux entrailles
parce que ces foules sont fatiguées et prostrées
comme des brebis qui n’ont pas de berger (Mt 9,36).

Des brebis sans berger ?
Ce sont des brebis qui courent, qui s’agitent,
qui se dispersent dans toutes les directions
et qui vont mourir de faim, de soif,
ou des crocs d’une bête sauvage.

Déjà, elles sont fatiguées et prostrées…

Alors Jésus se tourne vers nous.
Que nous dit-il ?
Va-t-il nous dire que tout cela est catastrophique
et qu’il faut de suite lancer un grand projet ecclésial ?

Non, Jésus ne dit pas cela…
Et ce qu’il dit est très étonnant.
Jésus en voyant ces foules épuisées
parle d’une moisson abondante.
C’est-à-dire d’un grand champ
dont la terre a été travaillée et ensemencée
et qui a vu se lever des épis abondants et généreux.
Un grand champ qui mûrit paisiblement au soleil
et qui attend que l’on vienne y couper les épis
pour battre le blé
et le remiser dans de vastes greniers.

C’est bien étonnant…
Jésus voit des visages épuisés
et il parle de moisson abondante…
Comme si Jésus voyait dans chaque visage,
en chaque personne,
en chaque histoire,
un don de grâce déjà offert,
un don déjà mûr
qui attend d’être recueilli
et déposé dans un ailleurs, une autre terre, un autre ciel.

Aussi perdue et brisée qui soit une vie ici-bas,
Jésus voit pour elle, en elle, un amour déjà offert,
un sang déjà versé,
une miséricorde déjà répandue,
le salut déjà « payé ».

Chaque brebis sans berger
est déjà sur le cœur du Pasteur
mais si peu le savent.

D’où ce cri de Dieu relayé par le prophète Osée :
« Refuseront-ils toujours de retrouver l’innocence ? » (Os 8,56).

L’amour est déjà mûr
comme un épi doré en plein soleil…

Mais il faut des ouvriers !
Des ouvriers qui témoignent
de ce que la grâce est offerte,
qui proclament que tout a été accompli,
et que chaque histoire, chaque cœur, chaque visage
au prix d’un peu d’humilité peut se convertir,
se laisser cueillir,
se laisser froisser
et se retrouver dans le grenier de la béatitude éternelle.

Tout cela parce que le sang a déjà été versé.

Frères et sœurs, Jésus ne nous dit pas seulement cela,
il nous demande de prier, – littéralement d’implorer –
le Seigneur de la moisson
qu’il fasse sortir des ouvriers pour sa moisson (cf. Mt 9, 38).

Jésus ne dit pas :
« priez pour des vocations
sinon l’Église va s’éteindre »
comme on le lit dans les journaux un jour sur deux…
Jésus ne dit pas cela
parce que l’Église ne s’éteindra pas
pour la simple raison qu’elle est le Corps du Christ ressuscité.

Non, Jésus oriente notre prière vers les foules.
Ce qui motive notre prière c’est que le Salut déjà offert
puisse être accueilli par les foules de brebis
qui ignorent le visage du Berger.

Ce soir nous devons prier à cette intention,
en pensant tout particulièrement
aux foules du métro, des rues, des avenues de Montréal.

Mais cet Évangile nous pouvons aussi
l’accueillir dans l’action de grâce.
Souvent nous avons prié
pour que le Seigneur suscite des ouvriers
et nous avons déjà été exaucés.

Je pense aux 65 adorateurs de nuit du Sanctuaire.
Je pense aux membres de la Fraternité eucharistique
et aux 55 adorateurs de jours…
Sois béni, Seigneur !

Sois béni Seigneur pour tous ceux qui ont collaboré
au rayonnement du Sanctuaire
en particulier les 75 bénévoles
qui ont donné de leurs temps cette année.

Sois béni Seigneur pour les vocations monastiques
qui sont écloses cette année
ou qui sont en train d’éclore,
et pour le prêtre et le diacre que tu nous as donnés.

Gloire à toi Seigneur
pour les ouvriers et les ouvrières de l’Évangile
dans notre quartier
à commencer par les Petites sœurs de la miséricorde,
les Petites sœurs de Jésus
et les Pères du Saint-Sacrement,
pour ne parler que des religieux nos plus proches voisins.

Gloire à toi Seigneur
pour les ouvriers et les ouvrières de l’Évangile
dans le monde entier…

Ne te lasse pas, Seigneur,
de nous appeler,
de nous secouer,
de nous libérer de la peur de nous engager,
parce que la moisson est très abondante.

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